La review

DORNENREICH + AGALLOCH + MELY
Le Glaz’Art - Paris
25/03/2009


Review rédigée par Eniel-Obtide


Ce soir, j’innove (haaa !), je prends des risques (oooh !), je plonge dans l’inconnu ! Direction le Glaz’art, Paris 19e, pour le concert de DORNENREICH, AGALLOCH et MELY. Je ne connais pas encore la salle ni les groupes d’ouverture. MELY, contraction de "melancholy" nous vient d’Autriche où il a été créé en 1999. Leur musique aux sonorités rock, dark metal, voire doom a reçu de nombreux échos positifs et de reviews enthousiastes. Le groupe a récemment accueilli un nouveau batteur en son sein et viens présenter son 3e album "Portrait Of A Porcelain Doll" (qui sort en ce moment même en Europe). AGALLOCH a été fondé en 1995 aux Etats-Unis et compte à son actif 3 albums (sans compter les démos et EP). Partant d’une base dark metal, leur musique flirte avec le progressif, le doom ou encore l’ambiant. Via son site officiel le groupe parle même de "gothic doom, black metal, post rock [et] indutrial", expliquant cette richesse par une volonté "d’expérimentation plutôt que de cantonnement à un seul genre". Le nom de DORNENREICH ne m’est en revanche pas inconnu puisqu’il avait marqué ma mémoire au détour d’une interview donnée au magazine Elegy (Elegy n°46 – Février/Mars 2007). N’ayant pas encore le réflexe MySpace à l’époque de cette lecture, seul le nom était resté donc. Depuis, pas de nouvelle d’un concert en France ; et pour cause puisqu’il semble que le dernier passage des Autrichiens sur nos terres remonte à 2001. L’occasion de ce soir était trop belle pour que je n’en profite pas. Petite piqûre de rappel. DORNENREICH a été fondé en 1996. Les Autrichiens ont gagné leurs lettres de noblesse en tant que groupe de black metal avant d’incorporer à leur musique de nouvelles influences qualifiées dans la presse internationale de "gothic rock", "dark pop" ou encore "neofolk". En 2006, le groupe entame une seconde tournée avec set pour guitare acoustique, violon, batterie et voix. Apparaissent alors des termes tels qu’"acoustic black metal", "ambient folk", "acoustic avantgarde" et "extreme classical music". 2008 confirme la glissade du groupe vers une nouvelle ère puisque "In Luft geritzt" est un album entièrement acoustique. 3 groupes, 3 styles bien différents et un bon concert en vue.

Il est 19h20 quand j’arrive devant le Glaz’art. Entre 100 et 200 personnes attendent déjà mais je n’aurais aucun mal à me placer près de la scène. L’attente est relativement courte puisque les premières notes annonçant MELY débutent à 19h45. L’intro est calme, planante, peu à peu dévorée par des coups tels des battements de cœur qui s’arrêtent au moment où les 5 musiciens montent sur scène. Au final il ne leur aura fallu que le premier morceau "Bricks Against Porcelain Dolls" pour me séduire. Le chanteur, également guitariste lead/solo, a un beau timbre de voix. Que dire alors quand il est rejoint par le guitariste rythmique, puis par le claviériste… La musique n’est pas en reste : mélancolique, mélodique ; les solos sont placés avec justesse de même que les claviers. La salle restera assez statique jusqu’à la fin du set (40 minutes et 8 titres plus tard) où elle salue l’effort de communication (un peu essoufflé et hésitant) du groupe et manifeste tout de même avoir pris du plaisir en leur compagnie.

Changement de matos, brefs accords des instruments et tests des retours. Les musiciens et les roadies se croisent sur la petite scène pendant que, dans la salle, on se rapproche un peu plus.

20h45, les lumières s’éteignent pour laisser place à AGALLOCH, très attendu et bien connu du public puisque celui-ci salue chaleureusement leur arrivée. Le groupe laisse l’intro faire son petit effet et le chanteur en profite pour allumer de l’encens. Quelques secondes plus tard, l’odeur est au-delà du qualificatif "forte". C’est pas de la merde de bâtonnet senteur lavande pour gogo ça Madame ! L’atmosphère en est changée d’un coup. L’intro se finit dans une salle laissée délibérément dans l’obscurité puis le groupe se lance. Malgré des morceaux très ambiants, AGALLOCH ne nous laisse pas souffler. Il joue avec la disto, alterne les solos enlevés et les riffs transcendants. On hésite entre un sentiment d’élévation et de mise en abysse tant leur musique sait se faire éthérée puis profonde. Le groupe enchante un public déjà acquis et éveille l’intérêt de ceux qui le découvrent, à commencer par moi. Les musiciens s’investissent complètement dans leur prestation et finissent le show à genoux, arqués sur leur instrument ou allongés sur le sol, laissant les guitares résonner. Le public exulte, en réclame encore mais le set est bel et bien fini. Il est 21h40.

De nouveau le va-et-vient sur scène, laquelle cette fois est réduite à son strict minimum : batterie, unique micro et pédalier. Côté salle, les personnes manifestement venues pour AGALLOCH quittent le devant du public, quelques-uns sortent purement et simplement. Résultat : une place royale au premier rang.

21h57, les lumières s’éteignent, de la fumée occulte la scène tandis que l’intro résonne. DORNENREICH s’avance dans l’obscurité. Avec le schéma guitare / violon / percussions face à moi et l’écoute de quelques titres en ligne, je m’attendais à une fin de concert acoustique dans la lignée directe du dernier album du groupe… Grosse surprise dès les premières notes : la guitare file à toute allure, talonnée par la batterie. Le chant d’Eviga est riche de nuances mais intense, dur. Il "vit" ses chansons : crie, murmure, grimace puis laisse échapper une plainte, s’arque sur sa guitare. Les émotions développées par les chansons "passent" par son corps et surtout dans son regard. De l’autre côté de la scène, Inve semble indifférent au tumulte, penché sur son violon. Il sourit, surveille malicieusement son compère. Se balance doucement au son des notes lentement jouées, étirées puis effrénées. Des pics fixés aux cymbales donnent à la batterie une allure de forteresse. La présence scénique de DORNENREICH est magnétique : un vrai bonheur pour les yeux ! Ajoutez à cela le bonheur des oreilles… L’interprétation du titre "Jagd" est particulièrement jouissive. La fin du concert approche, le groupe annonce le dernier morceau de la soirée puis quitte la scène. L’enthousiasme de la salle fait vite revenir les musiciens qui nous offrent un beau rappel dont le titre "Wer Hat Angst Vor Einsamkeit?" réclamé à corps et à cris par certains. DORNENREICH clôt son set sous les applaudissements, se regroupe pour saluer le public et disparait dans les backstage. Petite salle et bonne ambiance oblige, les musiciens reviendront quelques minutes plus tard pour discuter avec le public et se prêter au jeu des autographes.

Pour un concert où je ne connaissais vraiment la musique d’aucun groupe, j’ai été de bonne surprise en bonne surprise. La qualité de la programmation était remarquable. Je suis ressortie avec une envie galopante de prendre un train direction Vosselaar où le même concert avait lieu 2 jours plus tard. A l’heure où j’écris. DORNENREICH a d’ailleurs confirmé plusieurs dates en Allemagne courant Septembre 2009, puis en Autriche et en Suisse pour Octobre. Qui m’aime me suive !