La review

DREAMSLAVE + DUST IN MIND + MOBIUS
Le Blogg - Lyon (69)
16/03/2017


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Grégory Cogotti


Ce mardi soir, l'association Razorback Productions nous invite au Blogg pour une soirée durant laquelle se succéderont trois groupes à chanteuse évoluant chacun dans un style différent. Nous auront ainsi MOBIUS pour le côté prog, les Strasbourgeois de DUST IN MIND pour le côté indus et DREAMSLAVE pour le côté power symphonique. L'entrée étant gratuite, on aurait eu tort de s'en priver !



La soirée démarre avec MOBIUS, un groupe qui s'est fondé entre Lyon et la Réunion et que j'ai déjà eu l'occasion de voir au Warmaudio en première partie de Stream Of Passion. Ils défendront ce soir leur album "The Line" sorti en 2016. Après une courte intro sur bande pour faire monter la pression, le groupe entre dans le vif du sujet à coups de gros riffs syncopés. Si le style se veut lourd et puissant, le son ne suivra pas du tout avec un guitare très timide et une basse inexistante. Un problème qui perdurera durant tout le long morceau d'introduction mais qui sera finalement résolu pour la suite du concert. Il faut dire que ce soir, on ne verra ni amplis, ni retours posés sur scène. En effet, les trois groupes ont opté pour un système assisté par informatique qui permet de mixer et de diffuser le son de tous les instruments directement dans la sono et leurs oreillettes. Un système qui présente bien des avantages en termes de mixage (adieu les larsens !) mais qui est peut-être plus adapté aux salles plus vastes disposant d'un meilleur équipement sonore.
Malgré ce début de concert difficile, on finira par entrer petit à petit dans l'univers du groupe. Le trio basse, batterie, guitare nous offre un travail rythmique complexe avec de nombreux contretemps et changements de signatures, laissant l'essentiel du travail mélodique à la chanteuse et au claviériste. Une chanteuse que l'on sent très concentrée sur ses notes, jouant de sa voix comme un instrument à part entière. Selon les morceaux, elle bénéficie d'ailleurs de plusieurs changements d'effets qui sont assez réussis et bien utilisés. Si on regrette un peu l'absence de chœurs masculins qu'on peut entendre sur l'album, on déplore surtout l'absence totale de communication avec le public, y compris entre les morceaux. Le groupe reçoit pourtant un bel accueil de la part des spectateurs qui se massent devant la scène et donnent de la voix pour les soutenir. Derrière cette absence de communication, on sent qu'il y a une volonté de créer un univers, mais le travail de mise en scène n'est, selon moi, pas assez marqué pour justifier un tel procédé qui apparaît ici très artificiel et sans grand intérêt. Malgré ces petits bémols, MOBIUS exécute son set à la perfection et montera en intensité pour achever sur un final assez émouvant. Si certaines structurent sont parfois très abruptes et syncopées, on remarquera aussi d'autres passages beaucoup plus directs et mélodiques qui trouveront plus facilement l’adhésion du public. On relèvera aussi les nombreux soli de synthé et de guitare exécutés avec virtuosité qui n'auront pas manqué de marquer les spectateurs.
Au final, MOBIUS nous aura donné l'image d'un groupe novateur et intéressant qui démontre une très belle maîtrise technique mais qui n'a peut-être pas encore tout à fait trouvé la formule scénique adéquate pour nous faire partager pleinement son univers. Voilà une affaire à suivre !



Place maintenant aux outsiders de ce soir, j'ai nommé les Strasbourgeois de DUST IN MIND. Proposant une musique située entre indus et gothic metal à la Lacuna Coil, ce groupe aura le privilège de partager l'affiche avec Pain lors de sa tournée en Europe de l'Est qui débutera le mois prochain. Malgré la taille très modeste de la scène du Blogg, on peut dire que les Strasbourgeois n'ont pas voyagé léger ! En effet, leur matériel investit tout l'espace scénique avec des spots lumineux, deux énormes ventilateurs et trois podiums en avant scène. Pendant trois quarts d'heure, le quintette va nous faire bouger au son de leur musique lourde, simple et efficace en occupant la scène avec beaucoup de professionnalisme. Malheureusement, le son ne sera pas optimum avec des guitares très sourdes qui se retrouvent souvent noyées derrière les samples electro. On profitera cependant bien du duo vocal masculin / féminin proposé par le guitariste Dam et la chanteuse Jennifer. Comme je le disais, le groupe occupe bien la scène et fait parfaitement le job mais j'ai l'impression que l'ensemble reste assez impersonnel, comme s'ils voulaient nous donner l'impression d'être à fond sans vraiment l'être. Il faut dire que le style est plutôt festif et sans prise de tête. J'y trouve même un côté simpliste dans la composition qui me laissera un peu sur ma faim. Quoi qu'il en soit, la bande se sera donnée les moyens de nous offrir un show de qualité comme on ne s'attend pas souvent à en voir dans une petite salle comme le Blogg. DUST IN MIND me paraît être un groupe ambitieux qui fait tout pour se donner les moyens de percer. On ne peut que leur souhaiter bonne chance dans leur entreprise !



Formé en 2001, DREAMSLAVE est un groupe lyonnais que j'ai bien suivi à ses débuts mais que je n'avais plus eu l'occasion de revoir sur scène depuis 2013. Ce soir, ils sont de retour en territoire lyonnais pour présenter leur album paru en 2015, "Rest In Phantasy".
Abordant un look romantique assez kitsch avec hauts de formes, manteaux longs, froufrous et corset, les lyonnais nous proposent une recette power symphonique inspirée des meilleurs titres de Nightwish à l'époque d'"Oceanborn". On y trouve des parties de batterie bien speed, des mélodies et soli très accrocheurs avec un synthé bien en avant, et un duo vocal féminin / masculin porté par le chant lyrique d'Emma et les growls de Peter. Certes, les sons de clavier sont assez cheap et la voix d'Emma est loin d'égaler celle de Tarja Turunen mais l'énergie passe bien et les compos sont très souvent bien construites. Je pense notamment à l'excellent "Pirate's Anthem" qui marquera la soirée avec son accordéon festif, ses riffs bien percutants et son refrain épique au possible. Au niveau du son, l'ensemble est très correct. On regrettera juste un déséquilibre entre les deux guitares qui se fera surtout ressentir au moment des solos. D'un point de vue scénique, les six lyonnais occupent bien l'espace et montrent beaucoup de plaisir à partager leur musique. Prenant des airs de tragédienne, la chanteuse nous offre une prestation assez théâtrale. Si celle-ci pourra peut-être prêter à sourire, on ne pourra cependant pas dire qu'elle n'y met pas du cœur et de l'émotion. Entre les morceaux, Peter et Emma prendront le temps de discuter avec le public, évoquant au passage les moments marquants de la carrière du groupe et nous annonçant un nouvel album à venir en 2018. Ils inviteront aussi le chanteur Najib Maftah à les rejoindre pour interpréter le titre "Angel Requiem" qu'ils n'ont encore jamais eu l'occasion de jouer avec lui sur scène.
Vu l'heure tardive, le public commencera doucement à se clairsemer durant le concert et le groupe n'aura pas le plaisir de pouvoir proposer un rappel. On aura tout de même eu le temps de passer un bon moment avec l'ensemble des morceaux de l'album joués dans le désordre.

Au final, on pourra dire que cette soirée aura été une réussite. On aura eu la preuve, à travers ces trois groupes, que la présence d'une chanteuse dans une formation n'est pas l'apanage d'un style de metal particulier. On remercie, bien sûr, tous les musiciens et l'équipe de Razorback Productions pour ce bel événement.

Photos tirées de : www.facebook.com/femtography0