La review

EDEN MAINE + 8CONTROL + ZERO DISTRICT + OMERTA
La Péniche Alternat - Paris
24/02/2005


Review rédigée par Pécos


Décidemment, la Péniche Alternat s’impose vraiment de plus en plus comme l’un des lieux incontournables de Paris en punk-hardcore (ce qui n’est pas pour me déplaire, il n’y en aura jamais assez). Après les américains de Breather Resist il y a un mois (jeté une oreille à "Charmer", leur dernier album,….une tuerie), un festoch punk ("The support your seine festival") et de nombreuses soirées concerts, ce sont les anglais d’EDEN MAINE qui viennent la faire tanguer ce soir. Mais avant ça, nous avons droit à trois mises en bouches 100% française : OMERTA, ZERO DISTRICT et 8CONTROL.

Vers 20h30, c’est donc le tout jeune groupe OMERTA qui ouvre la soirée. Avec une moyenne d’âge avoisinant les 20 ans et un style bourré de clichés, le groupe prête à sourire. Tous les 4 vêtus d’un tee-shirt "Los Angeles city jail", ils pratiquent un hardcore old-school ,un peu démodé, à la manière d’un Madball ou d’un Agnostic Front, la classe en moins. Tout y passe : les breaks double pédales pour mosher à gogo, les accélérations punks, les chœurs lourdaud (et là vraiment pas convaincant du tout), la voix rageuse, des propos "engagés" et l’éternel dévotion au "hardcore, le vrai" (je me suis bien marré quand ils nous on fait chanter en cœur HARD-CORE HARD-CORE….). Le frontman se tape le micro sur la tête et fait mine d’être à fond, le gratteux prend des allures très….old-school (jambes écartés, headbanging….heureusement qu’il affichait un petit bouc au menton sinon on lui aurait donné 15 ans). Bref, on jurerait avoir à faire à une parodie du NY Hardcore, mais ces 4 jeunes gens ont pourtant l’air d’y croire et, vous me direz, c’est bien le plus important. Bon courage à eux quand même.

Ensuite, ces ont les ZERO DISTRICT qui prennent le relais. Déjà programmés en 1ère partie de Breather Resist il y a peu, les Parisiens livrent 30 min de leur "dark’n’roll" : un hardcore lent, pesant, se voulant intense mais finalement plutôt chiant. L’intention est là, mais le tout manque d’originalité, d’imprévisibilité et le chant (la braille pour être plus exact) est un peu monocorde et usante. Tout n’est pas mauvais, loin de là, certains passages plus rapides et plus déstructurés sont carrément bons, l’ambiance prend parfois et rappelle Comity (dont le chanteur est présent ce soir d’ailleurs). Disons une prestation en demi-teinte musicalement ais plutôt bonne scéniquement (les musiciens bougent bien).

"Entre Caliban et Arkangel", voilà ce qu’on peut lire sur un flyer de 8CONTROL à propos de leur musique. En interrogeant le batteur au merchandising, j’apprends que ces comparaisons sont un peu réductrices. Qu’à cela ne tienne, jugeons sur pièce. Après ¾ d’heure de show, on peut dire que finalement cela n’est pas si réducteur que (avec un penchant plus affirmé pour Caliban que pour Arkangel). Les albigeois (qui accompagnent EDEN MAINE sur tout 5 ou 6 dates de leur tournée Française) balancent un metal-hardcore burné, bien foutu et qui réussit "l’exploit" de ne pas être trop répétitif et ennuyeux. Des bons breaks (le batteur, malgré une tronche de zombie quand il frappe, se démerde pas mal), des secondes parties de grattes parfois emo et des secondes voix hurlées apportant de la diversité (qui devraient êtres beaucoup plus utilisées à mon sens). La voix du grogneur par contre est vite fatigante : un beuglement rauque proche du grognement à la limite du death. Pour tout dire, après 5 min je ne donnais pas cher du reste du set, mais finalement je suis content de m’être planté. Vive le headbanging sauvage à s’en décrocher la tête.

11h20, mon grand moment arrive, EDEN MAINE est prêt à jouer. C’est partit pour 40 min de hardcore-grind-emo intense, technique, brutal…. : génial. Des morceaux longs (5 min) alternants passages déstructurés et calmes. La recette est classique me direz-vous ! Certes, mais ces britons le font avec classe. Les moments calmes sont maintenus sur le fil du rasoir par une double pédale ultra-rapide, les guitares se font tranchantes comme du verre, le chanteur (à la chevelure et au style scénique très Mars-Voltien) hurle comme un possédé : une musique intense de bout en bout. Le groupe se donne à fond et se contorsionne malgré la petitesse de la scène (une péniche c’est pas un yacht). L’attraction réside aussi, et surtout, dans le fait de regarder (d’admirer serait plus exact) le batteur….un tueur. Un débit de double à faire pâlir n’importe quel black-métalleux, des enchaînements de toms style Manpower (comme si il avait 4 bras quoi…ok, je sais, c’est nul), des breaks monstrueux. Peut-être l’un des meilleurs batteurs qu’il m’ait été donné de voir.

Minuit, le concert touche à sa fin. 40 min c’est court mais avec une musique aussi intense c’est dur d’en demander beaucoup plus (et d’en offrir plus certainement aussi vu la tête du chanteur à la fin) Vive les anglais d’EDEN MAINE (comme quoi les Ricains n’ont pas le monopole en matière de hardcore de tarré), vive la Péniche Alternat et vive moi (ça ne fait pas de mal).