La review

ENDSTILLE + ONDKSAPT + KOLDBRANN + ANUS MUNDI
Le Divan Du Monde - Paris
29/03/2014


Review rédigée par E.L.P


Adorateurs de Baal, porteurs de pentacles et disciples de Baphomet prenez place, car ce soir avait lieu, en la prisée salle parisienne du Divan du Monde, l’arrêt francilien de la tournée d’ENDSTILLE (+ KOLDBRANN / ONDKSAPT), aux côtés du combo local d’ANUS MUNDI ! Il est encore tôt tandis que certains fervents défenseurs de l’étoile à 5 branches mais également des groupes aussi controversés que, par exemple, ENDSTILLE, affluent, Rue des Martyrs. Patchés de noir et arborant leur plus belles vestes "true", flanquées de cuir clouté ou bien de cartouchières rouillées, les voilà qui s’avancent, prêts à s’unir sous la bannière black de la soirée !



Charmant projet bucolique que celui proposé ce soir par Dream Factory à mesure que les lumières vascillent et se voilent, laissant place au premier groupe du plateau, les petits Français d’ANUS MUNDI. Un premier constat s’imposera bien aisément aux yeux alors tournés vers la scène, allant bien au-delà du statisme des musiciens encadrant le frontman : celui d’un bien étrange et contradictoire charisme. Oscillant entre violentes absences de prestance et intenses moments d’envoûtement, ce dernier, paré de ses plus belles et sanglantes scarifications (rajoutant, au-delà de l’aspect purement visuel, un degré d’intensité à la branlante immersion dont le quintette tente de se faire l’ambassadeur au travers de ses compositions, somme toute assez linéaires), enivré par les planches alors ouvertes à lui, ponctuera ses cris de démence par d’éparses accès de masochisme. Se frappant régulièrement, comme profondément transi par la prestation de son ensemble, marquant de son attitude, la densité et les temps forts de certains riffs... Loin de charmer un parterre bien clairsemé, le groupe aux ambiances parfois ciselées et abyssales, se verra éconduire, un morceau plus tôt que prévu, de la scène, un léger retard s’étant alors glissé dans l’organisation de la soirée. Au grand dam du chanteur, qui se fendra d’un "Laissons place aux stars". Une courte et linéaire prestation, donc, soutenue par un son et une technique de batterie trop incertaine, mais chevillée à la basse de Void, elle bien plus efficace, parfois surprenante de profondeur comme sur le duo "Sainte Vesse" / "Bétail Humain" !

Setlist : "Mille Dents Noires", "Camisole Sur Seine", "Sainte Vesse", "Bétail Humain", "Le Feu Reviendra".



Premier changement de plateau avec, pour bande son, un bien curieux choix de playlist, celle-ci composée de titres allant de Cancer Bats à Parkway Drive en passant par Rage Against The Machine... Une bien pâle contribution à l’immersion dans les profondeurs de la soirée s'apprêtant à accueillir le second groupe : KOLDBRANN.
Une fois n’est pas coutume (black metal et Norvège faisant souvent office de pléonasme), la formation originaire de Norvège prend place, présentant les 5 fiers gaillards, arborant eux aussi leurs plus fines corpsepaints. Laissant ainsi se dégager une bien plus puissante prestance, dès leurs premiers pas posés sur l’espace scénique, les KOLDBRANN propulseront le public, de leur son résolument plus mature, travaillé et puissant, dans ce vertigineux univers qui est le leur avec entre autre, "Drammen" ! Vérification de ce constat de puissance sera faite à mesure que la formation enchaînera ses titres, ô combien plus virulents que ceux de son prédécesseur, et ce malgré une fosse un rien plus étoffée mais toujours aussi dubitative. L’émotion proposée par le groupe trouvera finalement une oreille plus attentive et réceptive au travers de "Fortapelse I Svovel Og Helvetesild" / "Djevelens Treskeverk", le jeu de scène des artistes allant de paire avec un son granuleux mais terriblement tranchant ! À noter que la puissante (un peu trop peut-être) voix lead de Mannevond (chant), viendra masquer les backings censés appuyer un relief qui s’en trouvera, de ce fait, perdu dans ce son mordant qu’est celui du quintette norvégien. La performance trouvera malgré tout, sa maîtrise, rebondissant sur les atmosphères ciselées des compositions et la "fluidité" (cependant relative) de cette occupation scénique plus ferme et affirmée, lors du dernier titre : "Russian Vodka", clôturant le set de la façon la plus énergique qui soit ! Un potentiel bien plus flagrant que le groupe d’ouverture, laissant présager une agréable mise en jambe avant l’arrivée d’ENDSTILLE !...

Setlist : Intro "(Vertigo)", "Totalt Sjelelig Bankerott", "Drammen", "Inertia Corridors", "Fortapelse I Svovel Og Helvetesild", "Djevelens Treskeverk", "Russian Vodka".



Une nouvelle transition plus tard, et c’est au tour d’ONDSKAPT d’entrer en piste, après quelques minutes d’affairement des techniciens autour du matériel, amputant l’affiche d’encore quelque minutes ! Mais voici que le décor est finalement planté, la scène accueille maintenant l’imposant frontman encapuchonné : Acerbus, suivi des ses apôtres. Ouvrant sur une introduction excessivement longue, dépeignant l’ambiance dont le groupe semble vivement empreint, l’univers d’ONDSKAPT se fera d'ores et déjà ressentir, à mesure que les membres apparaîtrons, le tout enveloppé dans une lumière (toujours épouventable pour les photos, certes, mais juste quant à la thématique de la soirée !) laissant apercevoir les os ornant les artistes et les pentagrames montés sur les sidedrops. Le Divan alors apprêté tel un sanctuaire pagano-sataniste se verra empoigné par les Suédois ! Un son puissant et atmosphérique, lui aussi (comme pour ANUS MUNDI), axé sur de perforants cris litaniques touchera le public alors un rien plus échauffé mais biaisant encore cette noueuse prestation... Cette voix ainsi arrachée peinera, en revanche, à trouver la constance nécessaire au transport de ce désespoir inhérent au monde d’ONDSKAPT ! L’ambiance sombre, profonde et cultuelle peinant précédemment à trouver son auditoire, finira bien heureusement par venir à bout d’une bonne partie des présents, allant, sur le dernier tiers du set, jusqu’à faire apparaître un pogo au creux de ce morne parterre accueilli ce soir ! Un agréable et très attendu sursaut d’énergie invoqué par le groupe qui, à défaut de transcender, aura su retenir et éveiller l’attention du public désormais prêt à recevoir la tête d’affiche.

Setlist : "Feeding The Flames", "Ominous Worship Of The Divine", "Lord Of All Unclean Spirits", "I", "II", "IV", "Astute Sceptre", "Djävulens Ande".



Radical changement d’ambiance au coeur de la Rue des Martyrs, tant l’inter-plateau sera efficace, précis et rapide ! Plus de place pour l'improvisation ou d’hasardeux retards, car voici venue l’heure de côtoyer la "brigade" ENDSTILLE, véritable déferlante s’abattant sur un public aux rangs peu étoffés, certes, mais manifestement heureux de profiter, après leur passage au Motocultor 2013, du quintette tout droit venu d’outre-Rhin. Jouant à 200% leur tant controversée carte idéologico-politique, la transition se verra rythmée par une étonnante et légère introduction composée de titres de variété allemande des années 40 !
C’est donc ainsi postés sur les planches que nos voisins germaniques parviendront, et ce dès les premières mesures de "The Refined Nation", à faire grimper le mercure de la salle au balcon, proposant une formation mature, solide à la percutante cohésion scénique !... Des titres comme "Anomie", "Sick Heil" ou encore "World Aflame" heurteront, sans réel besoin d’effort, directement le public. La fosse, ivre, aussi bien métaphoriquement que littéralement affichera copieusement son amour pour la formation fermant la marche de ce soir, leur proposant ainsi un accueil des plus chaleureux qui aboutira parfois à quelques pogos déchaînés ! Véritable blitzkrieg black metal, les lignes anti-fascistes et anarchico-athéistes du combo se verront malheureusement vivement pressées, le fantôme des retards précédents planant encore au dessus de l’habile formation déroulant pourtant, avec toute la fougue qui les caractérise, son Black incisif et maîtrisé, toujours savamment enveloppé dans de sombres dominantes lumineuses, accentuant l’empreinte mélodique de l’ensemble aux ornementations samplées plus qu’immersives. L’efficacité des titres ainsi envoyés fonctionera tant et si bien que la formation se verra gratifiée de 2 rappels, le premier avec "Reich An Jugend", le second, nettement plus attendu (et demandé), avec le fracassant "Navigator" ultime titre envoyé par nos voisins allemands pour clôturer en grande pompe, cette prestation tristement "express" !

Setlist : "The Refined Nation" "Anomie" "Ripping Angelflesh" "Conquest Is Atheism" "Sick Heil" "World Aflame" "Bastard" "Depressive/Abstract/Banished/Despised".
Rappel 1 : "Reich An Jugend"
Rappel 2 : "Navigator"

Ainsi donc s’achèvera ce bien étrange concert ayant démarré de la façon la plus malhabile qui soit avec un groupe au charisme et à l’efficacité plus que relatifs, laissant tout le loisir aux groupes suivants de bâtir, toute la soirée durant, à grands renforts d’un black metal on ne peut plus ambiancé (mais pas toujours au diapason de leurs ambitions techniques / mélodiques), aux atmosphères chargées, l’univers dont sont empreintes les 3 formations soudées sous la même affiche européenne ! À déplorer également, outre les problèmes techniques et le léger retard (trouvant des répercussions jusqu’au frontman d’ENDSTILLE, avouant avoir difficilement appréhendé cet empressement), un public décidément difficile à motiver, trop souvent hermétique aux tentatives d’ambiances de certains riffs des groupes présents ce soir... Un résultat en demi-teinte, donc, que cette soirée black, malgré tout émaillée de quelques efficaces sursaut énergiques. Merci à Dream Factory pour la possibilité de profiter de cette tête d’affiche !

Photos tirées de : www.elp-photo.fr