ENTHRONED + SCHAMMASCH + CARONTE
Le Petit Bain - Paris
08/01/2020
Review rédigée par Matthieu
Pour leur première date de l’année, Garmonbozia a choisi le Petit Bain comme lieu pour
cette célébration impie. Pour leur seul passage en France, ENTHRONED, SCHAMMASCH et
CARONTE comptent bien déchaîner les forces obscures, mais ce n’est qu’une poignée de
fidèles qui prennent place dans la salle lors de l’ouverture des portes, quelque peu retardée.
C’est peu après avoir allumé leur autel au centre de la scène que les membres de CARONTE
investissent la scène. Et si les premiers riffs de la paire de guitaristes formée par Tony
Bones et son compère sont très lourds, la rythmique de Mike de Chirico (batterie) et Henry
Bones (basse) l’est tout autant. Sur des lumières rouges infernales, le quintette aligne des
harmoniques toutes plus groovy les unes que les autres, ainsi qu’un chant clair puissant de
la part de Dorian Bones (chant), mais qui ne semble pas faire l’unanimité au sein du public,
encore très parsemé. Pourtant, les musiciens ne se laissent pas démonter, et rivalisent de
motivation pour terminer ce premier titre. "Paris !" lâche le frontman avant d’enchaîner sur le
morceau suivant, beaucoup plus clément en terme de lumières. Les riffs ralentissent, le
mélange devient plus imposant encore, et les ombres des musiciens headbanguent devant
nous, alors que quelques spectateurs arrivent finalement pour remuer lentement la tête avec
les musiciens. "Fire !" hurle alors le chanteur, pendant que le groupe débute immédiatement
le titre suivant. Et c’est après un morceau supplémentaire dans la même veine, sur laquelle
le chanteur semble littéralement possédé, que nous assistons au premier moment de
flottement. "This is "Quantum Ecclesia" …" murmure rapidement Dorian Bones. Une
ambiance doom massive reprend alors l’assemblée, qui adhère finalement au son des
Italiens. Mais l’heure tourne, et le frontman annonce déjà "Black Hole Dawn", le dernier titre.
Cinq minutes supplémentaires de riffs gras, groovy et parfaitement exécutés sous des
lumières éthérées, devant un public qui n’était visiblement pas au rendez-vous, mais qui
applaudira tout de même la performance, pendant que le chanteur termine son rituel a
genoux devant l’autel.
Setlist : "Wolves Of Thelema", "333", "Hypnopyre", "Ode To Lucifer", "Quantum Ecclesia", "Black
Hole Dawn".
La fosse se remplit pour ce qui semble être le groupe le plus attendu de la soirée,
SCHAMMASCH. Après avoir terminé leurs tests de son, c’est sur le sample introductif que
C.S.R. et John (guitare / chant) s’installent, le visage peint en noir et cachés sous leur
imposante tunique, pendant que Marrok (basse) et Marc (guitare) se placent sur les côtés
en alignant déjà une rythmique sombre et massive sur les frappes martiales d’Azrael
(batterie). Et soudain, le son explose, nous projetant de force dans cet univers empli de
noirceur et auquel l’intégralité du public adhère instantanément. Le rideau de lumière
participe également à cette communion ténébreuse qui fait rage dans le Petit Bain. Et sans
aucune communication avec les spectateurs, les musiciens enchaînent les morceaux avec
une froideur et une maîtrise évidente de leurs instruments, prenant à peine le temps de
respirer. Aux hurlements viscéraux succèdent un chant clair mystique, sur lequel le batteur,
invisible à cause de la fumée et des lumières épaisses, n’hésite pas à ralentir ou au
contraire asséner un blast massif à un mélange déjà prenant. Le rituel se poursuit, mené par
les deux voix et les riffs tranchants et glaciaux des suisses qui ne perdent pas une seule
seconde pour déchaîner la puissance de leurs compositions sur la foule parisienne, qui
s’approche de plus en plus pour contempler ce spectacle immobile au centre, mais
également les deux musiciens qui headbanguent sur le côté. Les trois guitares tissent des
riffs atmosphériques et sombres qui semblent à la fois durer des heures, mais également se
terminer trop vite. "Paris, abandon all your Chimerical Hopes !" hurle alors C.S.R. pour
annoncer ce qui sera l’avant-dernier titre. Lentes et massives, les deux dernières
compositions s’abattent sur la fosse, qui headbangue en rythme avec des harmoniques
aussi fantomatiques que les membres, cachés par les jeux de lumières. Il va sans dire que
les cinq musiciens seront acclamés par une fosse unanime après avoir salué leur public.
Setlist : "Winds That Pierce The Silence" (sur bande), "Ego Sum Omega", "I Burn Within You", "A
Paradigm Of Beauty", "The World Destroyed By Water", "Metanoia", "Rays Like Razors",
"Chimerical Hope", "Do Not Open Your Eyes".
Et malheureusement, la fosse se vide à nouveau alors qu’ENTHRONED s’apprête à monter sur
scène. Un long sample introductif et un rideau de lumière bleu nous font patienter, et c’est
alors que Norgaath (basse / chant), Neraath (guitare), Menthor (batterie), ZarZax (guitare)
et Nornagest (chant) se placent dos à nous. Soudain, les musiciens se retournent et nous
assènent des riffs rapides, glaciaux et surtout tranchants, alors que le chanteur reste dos à
nous. Ce n’est qu’au moment où il commence à nous déverser sa haine à travers ses
hurlements qu’il prend le contrôle de son espace de jeu.
A peine éclairés par des rayons de
lumière blanche, qui tranchent avec ce bleu opaque, les guitaristes alignent leurs parties
leads sanglantes alors que la rythmique fait déjà rage, soutenue par un hurlement, parfois
doublé de choeurs tout aussi viscéraux. Quelques passages plus atmosphériques calment le
jeu, mais la rage reprend rapidement dans ces compositions sombres. "Ici c'est Paris !" lâche
finalement le chanteur. "Paris, du nouvel album "Cold Black Sun"… "Silent Redemption" !"
continue-til avant que la rythmique des Belges ne nous frappe de plein fouet, relançant des
headbangs frénétiques dans les premiers rangs. Les flashs suivent les blasts du batteur, et
c’est après avoir été harangué par le chanteur que quelques spectateurs se lancent dans un
mosh, qui se calmera plutôt rapidement. "Il y a quelques années on avait une tradition avec
les frères d'Arkhon Infaustus... Hail Satan !" lâche le frontman avant que la composition
suivante ne prenne la suite, tout en noirceur et en fureur. Se plaçant très en avant, le
bassiste fixe la fosse d’un oeil mauvais, alors que les moins courageux fuient
malheureusement vers les derniers transports, laissant le Petit Bain en proie aux riffs
martiaux du groupe. Le chanteur profitera d’une pause pour faire quelques percussions avec
des os, puis le groupe enchaîne à nouveau avec quelques compositions de leur cru, qui
piochent dans leur large discographie. Qu’elles datent d’une dizaine d’année ou qu’elles
soient plus récentes, le public réserve le même accueil aux titres, autant sur les passages
massifs que les harmoniques planantes. "Alors on est fatigué Paris ?" lâche Nornagest
après quelques mouvements impies. Jouant avec son pied de micro, le chanteur vit
littéralement les paroles qu’il hurle, pendant que les musiciens headbanguent en jouant. Une
deuxième pause calmera le jeu, et c’est en répétant les percussions avec les os que le
frontman relancera la machine, qui écrase à nouveau tout sur son passage. Mais c’est après
un "Hosanna Satana" impérial que le groupe quitte la scène sans un mot.
"What's up Paris ?" lance le frontman en revenant, alors qu’une introduction calme et
atmosphérique annonce le dernier morceau. "Welcome to "The Burning Dawn" !" hurle ce
dernier pour lancer le dernier assaut, qui achèvera avec brio un set intense et d’une saleté
sans nom.
Setlist : Intro (sur bande), "Sepulchred Within Opaque Slumber", "Of Shrines And Sovereigns",
"Silent Redemption", "Vapula Omega", "Obsidium", "Aghoria", "Through The Cortex", "Smoking
Mirror", "Tellvm Scorpionis", "Of Feathers And Flames", "Hosanna Satana".
Rappel : "Deviant Nerve Angelus" / "The Burning Dawn".
Le rituel s’achève, et les plus courageux restent profiter d’un dernier verre au bar. Si
CARONTE a surpris avec un doom / stoner occulte, alors que SCHAMMASCH a totalement
convaincu avec sa messe noire, pour le final, ENTHRONED a abattu une masse occulte sur
Paris, et le show était à la hauteur de mes espérances. Pour ma part, c’est un long périple
en noctilien qui m’attend, jusqu’au prochain concert.