La review

EPICA + STREAM OF PASSION + XANDRIA
Le Bataclan - Paris
29/04/2012


Review rédigée par Braindead


Ce début d’année sonne résolument metal symphonique, après la venue de l’Imaginaerum Tour de Nightwish il y quinze jours et le très attendu We Are the Others Tour de Delain dans une semaine, c’est au tour d’EPICA et de sa très populaire frontgirl de fouler les planches du Bataclan pour un concert sold out depuis pas mal de temps ; preuve que la divine Simone et son combo, restent une valeur sûre malgré les chroniques très mitigées de leur dernier opus "Requiem For The Indifferent", dues en partie à un changement de style qui en a surpris plus d’un ; mais nous aurons l’occasion de reparler des titres en question, pas moins de six issus du dernier album, un peu plus loin dans le report. Une soirée 100% frontgirl, qui nous ferait presque penser à l’antichambre du festival Female Voice, les connaisseurs ont répondu présent, nous aurions tort de nous en priver.



La soirée commence avec les Allemands de XANDRIA et le moins que l’on puisse dire, c’est que leur rock metal gothic à tendance symphonique celtique, parfois teinté d’orientalisme, chauffe de la meilleurs des manières des fans venus pour EPICA. Manuella Kraller, gère divinement bien et apporte un modernisme très plaisant, grâce à une voix de Diva couplée à une rythmique mélodique vraiment très speed. Le groupe ouvre la soirée sur "Valentine", un titre qui prend tout son relief en live ; certains pensent de suite à Nightwish mais la comparaison est facile, XANDRIA possédant sa propre identité, son propre style (voix de cantatrice sur riffs et double caisse) tandis que le combo d’Anette Olzon évolue vers une configuration à tendance opéra rock. Les guitaristes Marco et Philip interagissent sur l’assistance et chauffent comme il se doit, une fosse bondée. Un set de trente minutes, carré et sans les fioritures habituelles de ce style de metal, l’ambiance est des plus amicales pour cette dernière date Française, anecdote que Manuella ne manquera de nous rappeler, proposant même d’aller boire une bière après le concert, au grand plaisir de tous.

Setlist : "Valentine", "Blood on My Hands", "Euphoria", "Forevermore", "The Lost Elysion", "Ravenheart".



Quinze minutes de soundcheck, dans un calme et une sérénité qui mérite d’être signalé ; petit pied de nez de votre serviteur aux roadies Français qui ont les nerfs et l’invective facile comparé au professionnalisme de l’équipe Nordique. STREAM OF PASSION et la divine Marcela Bovio, prennent possession des lieux, sous les acclamations d’une assistance qui ne connaît pas forcement ce combo Néérlandais qui distille depuis six années seulement, un metal progressif sublimé par la voix latine d’une frontgirl Mexicaine. Belle découverte. Certe la voix de la jolie rousse est parfoit borderline, de par sa clareté assez atypique, mais le son très heavy créée un contrepoids des plus interessants ; une musicalité taillée au scalpel qui laisse peu de place à l’improvisation. Qu’importe, les musiciens en plus d’être particulièrement séduisants (Marcela tout sourire nous gratifiant de solos au violon électrique sur lesquels Johan fait voler sa tignasse), sont d’une redoutable efficacité ; Quarante minutes d’un show exaltant et carré, axé sur les trois seuls albums du groupe (soit deux de moins que XANDRIA qui n’a pourtant joué que six titres) et qui en a décontenancé pourtant certains avant ce moment minimaliste, grandiose qu’est la cover de Radiohead, "Street Spirit (Fade Out)", un monument en live, à vous faire dresser les poils, où Marcela retrouve les aigus d’une Lisa Gerrard ! Rien que ça… rien que pour ça, STREAM OF PASSION méritait sa place sur la tournée.

Setlist : "Lost", "Passion", "Collide", "Spark", "Haunted", "In The End", "Street Spirit" (Radiohead cover), "This Endless Night".



Vingt minutes nécessaires au démontage et à l’aménagement d’une scène au décor épuré, essentiellement constitué de structures tendance mécanique forestière sur lesquelles, tels des fruits, sont perchées de puissants projecteurs. Etonnement, aucun des groupes présents ce soir, n’auront signé leur identité par un backdrop.
"Karma", la longue intro résonne enfin ; un des six titres de leur dernier album joués ce soir, les membres prennent place un à un ; Simone, toujours aussi charismatique entame "Monopoly On Truth", un titre de sept minutes, ce qui n’est pas courant mais a au moins l’avantage d’être imprégné directement par l’univers du groupe. Le combo Néelandais a décidé de faire dans le sobre et efficace, les lights plutôt agréables, le son parfait, Simone headbangue de temps à autres mais l’on comprend vite que ce n’est pas son truc ; certains lui reprocheront une certaine staticité, mais la diva a-t-elle réellement besoin de multiplier les artifices, son charisme naturel suffisant amplement ; notamment sur les titres les plus connus, "Sensorium" et "Sancta Terra". Le groupe prend du plaisir et en donne à leur fans pour cette dernière date Française ; un public composé de personnes de tous âges et de tous univers, des familles, de vieux métalleux moustachus dressant le point au côté de fringuants quinquas en chemisettes, attirés par l’aspect opéra du metal symphonique. Une sérénité salutaire qui contraste avec les débats de mauvaise foi dont le metal a fait l’objet ces derniers temps.



Mark Jansen et Isaac Delahaye croisent le fer à plusieurs reprises, Coen Janssen concentré sur ses touches envoie une nappe sonore harmonieuse qui contraste avec les fûts d’un Ariën van Weesenbeek très en verve. Reste le mystère Rob Van Der Loo, bassiste remplaçant du groupe et que je n’ai pu formellement identifier ce soir ; le doute est permis vu que Delain, dont le bassiste fait également partie, tourne actuellement pour la promotion de "We Are The Others"… Qu’importe, les Néerlandais ont du métier et ça sent, surtout à leur capacité de tenir un public sur des compos supérieurs à sept minutes, prouvant ainsi que le metal peut également être une expérience sensitive, bien loin des pogos, moshpits et autres activités dont je suis pourtant coutumier. Est-ce par méconnaissance du symphonique qu’EPICA m’a séduit ce soir, ou est ce simplement la résultante d’un progressif d’orfèvre qui n’est pas sans rappeler dans un autre style Dream Theater. Quoiqu’il en soit, difficile de rester insensibles notamment lors d’un rappel où Manuella Kraller et Marcela Bovio accompagnée de son violon, viennent prêter voix forte à Simone, sur des titres aussi monumentaux que "Consign To Oblivion" et "Cry For The Moon".

Setlist : "Karma", "Monopoly On Truth", "Sensorium", "Deter The Tyrant", "Serenade Of Self-Destruction", "Sancta Terra", "Delirium", "Blank Infinity", "The Obsesisve Devotion", "Storm The Sorrow", "The Phantom Agony".
Rappel : "Cry For The Moon", "Unleashed", "Consign To Oblivion".

Une soirée bien remplie, orchestrée de main de maître par Metallic Folies ; un big up bien mérité pour l’association organisatrice, qui a fait preuve d’humour, de respect et d’une incroyable gentillesse pour les journalistes présents ce soir ; assez rare pour être signalé.