La review

ETHS + LOCOMUERTE + DEAD COWBOY'S SLUTS
+ UPHEAVAL + RISE OF THE NORTHSTAR + THE BUTCHER'S RODEO
Le Bataclan - Paris
02/06/2012


Review rédigée par Braindead


Le dicton est bien connu, "En Mai, growle ce qu’il te plaît" et à ce titre la finale du tremplin MyRock / Hellfest constitue assurément l’évènement majeur pour tous les chevelus d’Île-de-France en quête de renouveau. Pour avoir couvert nombre de tremplins tels Emergenza ou le Fallenfest, force est de constater que peu de perles émergent et surtout pérennisent leur succès ; la faute à un système privilégiant le nombre de places vendues par chaque groupe, plus que par les qualités musicales intrinsèques. Concernant cette première édition orchestrée par un magazine majeur dédié au rock / metal, le résultat relève du coup de maître ; jamais sélection n’a été aussi éclectique et de qualité dans ce genre d’évènements. Dans un cadre aussi motivant que le Bataclan les cinq groupes finalistes ont offert des prestations pleines de rage et de fureur, réussissant à briser les frontières des styles au profit d’une ambiance explosive.



THE BUTCHER'S RODEO, les qualifiés de la dernière session ouvrent naturellement le bal avec leur hardcore moderne et ultra bourrin. Non contents ne distiller des compos techniquement maîtrisées, le combo s’avère très spectaculaire sur scène. Vince (également nouveau frontman d’AqME) fait le boomerang, invective à tout va ; Guigz le bassiste multiplie les gimmicks, Tonio le guitariste est une pub ambulante pour la maladie de Parkinson. Le frontman et les deux guitaristes finiront comme à leur habitude dans la fosse au milieu d’un public partagé entre surprise et euphorie. Un set rempli et carré reposant, chose rare, sur un seul EP "Like A Hobo On A Bison", un nom aussi surprenant que cette formation prometteuse. Dix minutes de préparation en moyenne, une organisation millimétrée et récurrente tout au long de la soirée, permet d’entretenir l’ambiance électrique générée par le premier groupe.



RISE OF THE NORTHSTAR, combo assez atypique à l’univers mi manga mi gangsta, prennent place pour un set placé sous le signe d’un metalcore teinté de thrash puissant et violent. Vithia le frontman et son gang ont une classe certaine au charisme affirmé et sur le plan musical, ça envoie du lourd. Un son sans fioriture et très travaillé ; Brice et Erwan riffent à tout va. Un set propre et carré, peut-être un peu trop propre sur le plan scénique.



Place maintenant à du très lourd, au sens propre comme au figuré avec UPHEAVAL, littéralement remue-ménage. On comprend vite pourquoi à l’écoute de ce brutal death ultra technique mais maîtrisé à la perfection ; alors certes, difficile de bouger tant l’on reste admiratif devant ces compos taillées au scalpel même si dans le cas échéant le genre peut rebuter les non aficionados, mais quoiqu’il en soit le quatuor force le respect. Stephen frontman à la carrure imposante growle à tout va, Luigi branle son manche de guitare, Brendan (bassiste remplaçant de Betraying The Martyrs sur le dernier Bonecrusher Tour) ajoute une lourdeur assommante au rythme cadencé infligé par Jon et ses fûts. Quelle violence dans l’exécution ! Une déferlante à suivre de très près.



Autre style mais tout aussi accrocheur, les DEAD COWBOY'S SLUTS et leur thrash old school percutant à souhait. Le combo a de l’expérience, ayant déjà partagé la scène avec Ultra Vomit notamment ; Ben, tee-shirt de Pantera ne laissant aucun doute sur ses intentions musicales, balance ses compos avec une maturité salutaire fleurant bon le Jack Daniel’s. Rares sont les groupes pouvant prétendre défendre un thrash aussi massif que celui d’Anselmo et consorts et sans aller jusqu’à la comparaison le combo place la barre très haut ; une performance à la vue de tous ces groupes se revendiquant de Down & co sans arriver à en atteindre la densité ; preuve d’un niveau particulièrement relevé.



Ce n’est pas le dernier groupe en liste qui me fera mentir ; les très attendus banditos chicanos de LOCOMUERTE viennent enflammer la fosse avec leur carambhardcore groovy et fédérateur. Les burritos jumpent à tout va tandis que les fajitas mosh à n’en plus finir ; nos quatre lascars savent mieux que quiconque mettre l’ambiance avec une recette simple mais remis au goût du jour par des compos fédératrices en Espagnol et au dynamisme qui n’est pas sans rappeler les meilleurs Hatebreed ou encore Suicidal Tendencies dont le groupe se revendique jusque dans ses tenues de scène ; bandanas et pantacourts à l’effigie des dieux du skatecore compris. Les qualités vocales de Noxy sont impressionnantes, Richard et Nico font le show avec leur tronches toutes droit sorties d’un album de Machete, DevilDivo mattraque à tout va ; capital sympathie au maximum ; preuve que c’est dans les vieux "métaux", que l’on fait les meilleurs pogos. LOCOMUERTE tire juste et avec une sincérité réelle, enflamme le Bataclan au son de leur premier album "Maquina De Guerra". Cholula garantie.



Vingt minutes de préparation, le temps d’installer les backdrops de "III" et de voir le bar pris d’assaut par des kids détrempés après ces deux heures de battle. Le Bataclan s’apprête à accueillir ETHS quatre ans après leur dernier passage très remarqué dans la capitale marqué pourtant par l’absence de Staif blessé ; une époque où Feu L’Elysée Montmartre organisait des concerts metal quasi sold out. Depuis, pas mal de choses ont changé ; le combo Marseillais a observé une pause clairement méritée, l’occasion d’une mise au point sur les volontés artistiques de chacun (changement de line-up avec le départ de Shob et le retour de Guillaume, batteur originel), changement de stratégie pour une vision plus internationale du projet (nouveau label) et enfin une évolution musclée dans le style avec aux manettes le producteur d’Arch Enemy et In Flames. Au final, "III", un album calibré pour devenir une référence dans la discographie d’un groupe qui compte de nombreuses perles de par sa capacité à se réinventer.
L’occasion était trop belle de découvrir ce dernier opus en live et le moins que l’on puisse dire c’est que le combo nous a gâté dans la mesure où la moitié de la setlist lui était consacré. "Sidus" en ouverture, l’occasion de découvrir une Candice mystique à souhait alternant chants clairs et growls, un Staif plus motivé que jamais et un son techniquement parfait. Comme à son habitude, le groupe communique peu oralement mais leur présence scénique démontre une proximité réelle avec leur public toujours très empathique. Les titres s’enchaînent tout en rage et spontanéité, tant Candice semble habitée par ses textes au point de les incarner sur scène. Une constante qui m’a toujours impressionné chez elle, petite créature au tempérament de bulldozer capable de générer multiples émotions dans une seule compo. Les hymnes passés et futurs s’enchaînent, toujours aussi fédérateurs, toujours aussi… énigmatiques. Un constat, là où l’univers de ETHS a perdu en brutalité pure, les compos ont gagné en violence et en lourdeurs maîtrisées, sans jamais oublier leurs thèmes de prédilections ; une ligne directrice pleine de cohérence qui confère aux Marseillais une crédibilité internationale amplement méritée, tant leurs shows sont devenus une référence en dix ans.

Setlist : 1. "Sidus", 2. "Melena", 3. "Détruis-Moi", 4. "Ondine", 5. "Voragine", 6. "Adonaï", 7. "Samantha", 8. "Infini", 9. "Bulimiarexia", 10. "Harmaguedon", 11. "Hercolobus".
Rappel : 12. "Anatemnein", 13. "Crucifère".



La fosse est un vrai champ de bataille, pour le plus grand plaisir de l’organisation qui peut savourer le succès de cette première édition aux odeurs de Tabasco, dans la mesure où LOCOMUERTE a été déclaré vainqueur ; les gringos auront le redoutable honneur d’ouvrir le Hellfest le 15 Juin prochain. MyRock peut être fier du travail accompli, une deuxième édition s’avérant indispensable.