EVERGREY + BLOODRED HOURGLASS + GENUS ORDINIS DEI
Le Gibus - Paris
01/04/2019
Review rédigée par Matthieu
Le Gibus est extrêmement bien doté niveau metal en ce début d’année, et cette fois-ci,
Sherep Booking nous offre la première date française de la nouvelle tournée d’EVERGREY !
Accompagnés pour l’occasion des trop rares BLOODRED HOURGLASS ainsi que de ma
découverte du jour, GENUS ORDINIS DEI. Si la file d’attente était inexistante à mon arrivée,
une heure et demie avant l’ouverture des portes, elle s’est finalement remplie, dont deux
fans brésiliens qui entamaient un petit tour d’Europe pour suivre le groupe.
C’est presque immédiatement après l’ouverture que les Italiens débarquent sur scène, le
regard féroce. Sans perdre de temps et dans la plus grande sobriété, GENUS ORDINIS DEI
nous balance en pleine face un death symphoniques aux influences black metal d’une
qualité exceptionnelle. Des riffs massifs, surmontés de quelques samples orchestraux
accompagnent les hurlements puissants de Niccolò “Nick K'” Cadregari (chant / guitare).
Malheureusement cantonné à l’ombre du côté de la scène, Richard Meiz (batterie) abat ses
baguettes sur son kit avec précision, et sa double pédale sublime parfaitement de la
rythmique de Steven F. Olda (basse) et Tommaso “Tommy” Monticelli (guitare). Désireux
de motiver la foule, le frontman harangue les premiers rangs à coup de "Come on Paris !",
qui finissent par déclencher des nuées de poings en l’air pour accompagner le groupe. Les
membres, très mobiles et motivés, se rejoignent parfois pour headbanguer en rythme
pendant que l’un des guitariste aligne une partie lead saisissante. "It’s a pleasure to be here
for the second time !" hurle le chanteur avant de relancer un morceau tout aussi imposant et
qui fera headbanguer quelques têtes, alors que les lumières semblent s’améliorer. "The next
song is a cover song" annonce Niccolò, "Do you get it ?". Devant le peu de réaction de la
fosse, qui ne semble pas reconnaître la reprise de Manowar à la sauce death
symphonique, le concert repart de plus belle, alors que le bassiste s’appuie sur les retours,
presque dans la fosse. Et jusqu’à la dernière note du dernier morceau, les Italiens se
montrent très communicatifs avec une fosse qui malheureusement ne réagit pas, mais qui
les acclame après leur passage.
Setlist : "You Die In Roma", "Embracing The Earth", "Halls Of Human Delights", "Hail And Kill"
(Manowar cover), "Red Snake", "Roots And Idols Of Cement".
Rapidement, les membres de BLOODRED HOURGLASS installent leur matériel. Attestant de la
hauteur minimaliste du plafond, Lauri Silvonen (guitare / choeurs) préfère camper son pied
de micro dans les retours, au plus près de la fosse. Un par un, les membres montent sur
scène, visiblement très attendus, mais c’est Jarkko Koukonen (chant), qui donne le coup
d’envoi. Et rapidement, les membres envoient une rythmique à l’extrême mélodicité tout en
headbanguant. Levant son instrument dès qu’il le peut, Jose Moilanen (basse) attire les
regards de la fosse pendant qu’ Antti Nenonen (guitare) termine ses parties lead. Mais les
maudites lumières rouge vif de la salle nous offrent des musiciens fluorescents, et occultent
Jarkko Hyvönen (batterie), qui se démène sur son kit. Joignant ses hurlements aux
choeurs puissants de Lauri , le chanteur motive la fosse, qui semble déjà acquise à la cause
du groupe. "We cannot see you because of the lights, Paris !" lance le chanteur avant
d’enchaîner sur un nouveau morceau tout aussi mélodique et prenant. Quelques claviers
samplés font planer le public, qui est beaucoup plus compact que pour le groupe précédent.
Les lumières semblent s’améliorer un peu, alors que les titres défilent les uns après les
autres, ponctués des poses charismatiques des musiciens qui s’en donnent à coeur joie,
bien que très limités par la place qui leur est attribuée sur scène. Alors que le groupe
remercie les autres formations avec qui ils partagent la tournée, le temps défile. "This is our
last one Paris !" annonce Jarkko Koukonen , "but we would love to see some of you again !".
Et le dernier morceau part, encore plus lourd et féroce que les précédents, orchestré par un
groupe qui déploie toute son énergie pour le dernier titre de cet set parfaitement rythmé et
qui a marqué les esprits autant que les nuques.
Setlist : "Quiet Complaint", "Six Feet Savior", "Valkyrie", "We Form The Broken", "Times We Had",
"Last Of Us", "Where The Sinners Crawl".
La scène change pour la dernière fois de la soirée, et c’est un sample qui annonce le début
du show d'EVERGREY. La foule frappe dans ses mains alors que les membres du groupe
montent un par un, et c’est "A Silent Arc" qui ouvre le bal. Rikard Zander (claviers) est
presque invisible, mais bien présent de manière sonore grâce à ses nappes de clavier un
poil surmixées, mais l’ingé son rectifiera rapidement le tir pendant que Johan Niemann
(basse) headbangue à se rompre le cou. Au centre, Tom Englund (chant / guitare) vit
littéralement ses parties lead, qu’il agrémente de quelques grimaces, et se rapproche parfois
du bassiste, laissant Henrik Danhage (guitare) seul pour les solos. Au fond de la scène,
Jonas Ekdahl (batterie) matraque ses cymbales avec une précision presque divine, qui
donne une saveur particulière aux riffs lourds comme aux harmoniques planantes.
C’est
donc une fosse très compacte qui assiste aux éclats de voix de Tom, dont le mixage est
aussi parfait que sur les albums des Suédois. Les choeurs des musiciens sont tout aussi
prenants, et les musiciens n’hésitent pas à solliciter le public lorsqu’ils le peuvent. "How do
you say it in french ?" demande le frontman après nous avoir remercié de notre présence
avec eux. Si Henrik reste concentré sur son jeu, Johan n’hésite pas à headbanguer à
chaque titre, tout comme le claviériste. "Ca va bien ?" lance Tom , visiblement heureux d’être
là ce soir. "Just say yeah ! Make it loud !". Et suite à la réponse de la fosse, très motivée, le
groupe repart de plus belle, avec un "Black Undertow" aussi calme que prenant, avant
d’enchaîner avec "My Allied Ocean" qui renoue avec la violence que le groupe est capable de
produire aussi bien en live que sur album. "Thank you so much !" hurle le chanteur avant de
débuter "All I Have", qui m’a sincèrement ému. L’implication des membres donne une
consistance supplémentaire au titre, que j’avais déjà adoré sur album. Et à la fin de ce titre,
les membres attendent sur scène, avec un sample en arrière-plan. Que va-t-il se passer ?
Eh bien la réponse est simple, c’est l’imposante "The Grand Collapse" qui prend la suite, pour
nous asséner une nouvelle claque, me confirmant une nouvelle fois que toute la puissance
du groupe réside à la fois dans ses riffs lourds et très prog, mais aussi et surtout dans la
prestation physique, qui leur donne une nouvelle dimension. "This is the song "Recreation
Day"" annonce solennellement Tom, alors que le morceau que tout le monde connaît
démarre. Suite à cette communion avec un public qui chante les paroles en choeur s’ensuit
un petit “duel” de solos entre claviers et guitare, alors que le frontman déserte la scène…
derrière une des bannières. "Hey, I was right back there !" plaisante-t-il en revenant. "We all
hate monday nights, right ? So here are more songs for you !". Et c’est à cet instant que j’ai su
que mon retour allait être compliqué, puisque le groupe a enchaîné "A Touch Of Blessing" et
"King Of Errors", deux des titres les plus puissants de sa discographie, et surtout deux de mes
favoris. Alors oui, je me suis littéralement démoli la nuque devant cinq musiciens qui ont
donné tout ce qu’ils avaient dans ces deux derniers morceaux, et qui ont littéralement
conquis le public parisien ce lundi, comme l’a souligné le charismatique chanteur. Les
chaleureux applaudissement qu’ils ont reçu ne sont que justice !
Setlist : "A Silent Arc", "Weightless", "Distance", "Passing Through", "The Fire", "Leave It Behind
Us", "Black Undertow", "My Allied Ocean", "All I Have".
Rappel : "The Grand Collapse", "Recreation Day", solo de guitare / clavier, "A Touch Of
Blessing", "King Of Errors".
Le concert est terminé, mais suis-je pour autant rentré chez moi ? Non ! Pourquoi ? Car en
plus de la présence des deux premiers groupes en intégralité au stand de merchandising, le
rendez-vous était donné aux plus vaillants pour attendre les Suédois, alors j’ai attendu ces
dix minutes pour pouvoir échanger quelques mots avec eux, et les remercier de leur
performance. Résumons la soirée : une excellente découverte que l’univers guerrier et
enchanteur de GENUS ORDINIS DEI, une leçon de death mélodique de la part de BLOODRED HOURGLASS, et enfin une massue émotionnelle et la part d’EVERGREY. Pour une fois, j’ai aimé
mon lundi.