La review

FEAR FACTORY + ONCE HUMAN
Le Gueulard Plus - Nilvange (57)
20/11/2015


Review rédigée par Man Of Shadows
Photos prises par Katy P.


"Demanufacture", en voilà un album mythique ! Et se le payer en intégralité dans un petite salle comme le Gueulard, on dit mille fois "Yes" ! FEAR FACTORY vient en Europe pour une tournée anniversaire célébrant les vingt ans de cet album culte, consciemment ou inconsciemment influencé un multitude de groupes actuels, ainsi que les vingt-cinq ans d'existence de l'Usine à Peur. Les billets de ce show ont tous trouvés preneur et la salle affiche complet avec 400 participants.



Nous loupons le premier groupe et n'arrivons seulement alors que le set de ONCE HUMAN vient tout juste de commencer. Nous découvrons ce soir la musique de ce nouveau groupe monté par Logan Mader (ex-Machine Head, ex-Soulfly) et la très jeune chanteuse Lauren Hart. A noter que Damien Rainaud, batteur du groupe de metal progressif français Anthropia tient la basse. D'apparence frêle, au gabarit d'adolescente, la jeune femme s'avère très bonne frontwoman, souriante, énergique, communicante, et une growleuse douée. Au registre proche de celui de Kathy Coupez de Dylath-Leen et à la gestuelle fortement inspirée d'Angela Gossow ou d'Alissia White-Gluz d'Arch Enemy (et un brin forcé, il faut l'avouer), elle mène la danse comme peut de chanteuse metal savent le faire. Ses intervention en chant clair sont justes et elle passe des registres death à clair sans problème. Tout les regards se tournent vers elle et son binôme Logan, torse nu et longues dreadlocks. Musicalement, le groupe donne dans une sorte de metal moderne protéiforme (du melodeath, de l'indus, du metalcore et un soupçon de djent passent par là). Si la musique du quintette n'est pas notre style de prédilection, il faut avouer que le rendu live est foutrement efficace à défaut d'être super original. Le son est très bon et on fait bien la différence entre le son des instruments et les nombreux samples (tellement présents que ç'en est un peu agaçant) sortant de la sono, on salue donc l'énorme travail de l'ingé-son pour que le tout ne soit pas une bouillie sonore. On retient quelques très bons morceaux comme "The Life I Remember", "Devil Can Have You" ou cette surpuissante reprise de "Davidian" de Machine Head (Logan Mader oblige) donnant naissance à quelques pogos et à un gentil circle pit. ONCE HUMAN a convaincu le public de Nilvange se soir avec un show ultra pro et agréable.

Les roadies s'affairent à régler les derniers détails du show de FEAR FACTORY. Alors que tout est prêt, l'équipe entière de Damage Done monte sur la scène pour un communiqué spéciale dont le but est de tirer un bilan à la suite des attentats parisiens du 13 Novembre. L'orga remercie le public pour sa présence et sa fidélité et rend hommage aux victimes du terrorisme en invitant le public à respecter non pas une minute, mais trente secondes de silence, suivi par trente secondes de bruit et de cris de métalleux, hommage métallique en forme de doigt d'honneur au terrorisme et à la peur. Une très belle initiative, sincère et fédératrice.



FEAR FACTORY investit ensuite les planches du Gueulard et le public manifeste déjà son enthousiasme. L'album sera joué très vite, sans autre temps mort que les quelques secondes de samples d'intro des morceaux, et sans un mot quasiment de Burton C. Bell. Le blond chanteur, qui a déjà essuyé de mauvaises critiques par le passé, est comme toujours attendu au tournant. Et contre tous les pronostics qui tirent en sa défaveur, le vocaliste s'en sortira plutôt bien ce soir. Enfin, c'est assez compliqué.
La première partie de set centrée sur "Demanufacture" verra un Burton correct mais fragile s'égosiller au micro. Quasiment impeccable sur les parties de chant saturées, malgré quelques passages manquant de consistance et un manque de souffle perceptible, sa performance en chant clair est plus irrégulière : "Self Bias Resistor" est en demi-teinte, "Dog Day Sunrise" est chanté à la perfection, "A Therapy For Pain" est chanté de façon juste mais n'est pas dans le bon ton (il s'en excuse d'ailleurs dans la chanson avec les "tried so hard"… eh oui, tu as essayé Burton...), "Replica" est foiré totalement, les autres morceaux sont plus ou moins réussis selon les passages. Burton se fait se bien aider par les effets d'écho, cachant la misère. En revanche, et chose ahurissante, arrivé à la deuxième partie du set, le chanteur est parfait dans tous les registres. L'effet d'écho disparaît et il chante à la perfection les morceaux du dernier album et sans difficulté. On a beau bien tendre l'oreille, aucune bande ne semble s'être glissé dans le mix. De même, en prêtant attentivement attention aux mouvements de mâchoire, il semble bien qu'il chante toutes les parties. On remarque qu'il tient différemment son micro sur ces morceaux. Alors avait-il un problème sur les morceaux de "Demanufacture" seuls ? A t-il eu le temps de reprendre son souffle après l'intermède ? Ou bien les morceaux de "Denanufacture" sont trop compliqués pour lui à présents (on n'entend pas trop de notes différentes sur ces compos et sur les nouvelles, la technique semble être la même) ? Mystère total. En tout cas, on prend notre pied en écoutant "Shock", "Martyr", "Soul Hacker" et "Regenerate", ce dernier étant vraiment irrésistible. Musicalement, le son est parfait, puissant, sans être trop clinique. Dino Cazares, s'il a de visibles difficultés à se mouvoir, est précis comme un sniper et joue ses parties impeccablement. Le mercenaire Tony Campos fait ce qu'on lui demande à la basse. Tout juste regrettons-nous la frappe surpuissante de Raymond Herrera, remplacé par Mike Heller, faisant super bien son job, mais manquant un peu de punch. Aussi pourrait-on reprocher au concert son côté trop froid et son enchaînement "à l'usine" (sans mauvais jeu de mots). Mais cela n'enlève rien à la qualité intrinsèque du concert. FEAR FACTORY nous a mis une grosse claque que nous sommes prêts à reprendre n'importe quand.

Setlist : "Demanufacture", "Self Bias Resistor", "Zero Signal", "Replica", "New Breed", "Dog Day Sunrise" (Head Of David cover), "Body Hammer", "Flashpoint", "H-K (Hunter-Killer)", "Pisschrist", "A Therapy For Pain", "Shock", "Edgecrusher", "Soul Hacker", "Dielectric", "Regenerate", "Martyr"

PS : Bravo à Damage Done pour leur passion et leur persévérance. Continuez à proposer des concerts de fous en Lorraine, nous répondrons présents.

Photos tirées de : www.facebook.com/katpphotographie