La review

FLESHGOD APOCALYPSE + BLAZING WAR MACHINE + ACYL
CCO - Villeurbanne (69)
08/05/17


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Jérémy Girard


Ce soir, Access Live fait venir une grosse pointure du death metal orchestral en invitant les Italiens de FLESHGOD APOCALYPSE au CCO de Villeurbanne. A cette occasion, les organisateurs n'oublieront pas non plus de mettre à l'honneur notre scène nationale avec les parisiens d'ACYL et les Marseillais de BLAZING WAR MACHINE en guise de premières parties. Une affiche savoureuse qu'on aurait eu tort de manquer !



On démarre la soirée avec ACYL, un groupe de metal d'origine algérienne qui commence à se faire un petit nom grâce à des prestations scéniques qui sortent de l'ordinaire. Je suis donc curieux de voir ce que va donner cette entrée en matière ! Le concert débute par des orchestrations orientales accompagnées d'une vidéo projetée en fond de scène qui nous fait rapidement voyager vers le Maghreb. On commence par des rythmes de guitare bien lourds sur lesquels vient se poser l'imposante voix tantôt hurlée, tantôt chantée, du frontman Amine. On apprécie surtout les passages plus folkloriques durant lesquels les musiciens intègrent de superbes chœurs chantés en arabe et des percussions orientales. D'ailleurs, si on enlève ces quelques éléments, la base de leur musique apparaît tout de même assez plate et monotone. Tant au niveau des projections que des lumières, du son ou de l'occupation de la scène, le groupe nous propose un show bien maîtrisé auquel le public est invité à tout moment à participer en donnant de la voix. On sent une véritable symbiose entre les musiciens qui nous offrent un spectacle très chorégraphié. Cependant, les interventions du chanteur entre les morceaux semblent beaucoup moins préparées. Le chanteur me fera un peu penser à un animateur de village de vacances dans sa façon de s'adresser au public, notamment quand il nous invitera à faire des petits pas chassés avec eux sur un de leurs derniers morceaux. Au final, ACYL nous aura offert un show vraiment généreux entre maîtrise et spontanéité. Les ingrédients issus de la culture algérienne apportent un véritable plus à leur musique qui souffre, malheureusement, d'une base metal trop plate à mon goût. Mes impressions sont donc mitigées mais cela valait la peine d'être vu !



On continue cette soirée avec les Marseillais de BLAZING WAR MACHINE qui comptent deux anciens membres de Dagoba dans leurs rangs avec Izakar à la guitare et l'illustre Francky Costanza à la batterie. Outre ces deux célébrités locales, le groupe doit aussi sa réputation grandissante à l'intégration de la charismatique chanteuse russe Irina au sein de la formation. Le concert démarre par une entrée assez théâtrale au son des orchestrations épiques. Le groupe aborde un look dark indus bien travaillé avec leurs visages et leurs bras maculés de suie. Au centre de la scène, Irina a clairement des airs de vampire avec son long manteau rouge et noir, son décolleté plongeant, sa gestuelle envoûtante et son regard très souligné. Musicalement, le groupe propose un metal à l'exacte frontière entre Dimmu Borgir, Cradle Of Firth et Rammstein. Certes, le groupe n'a pas encore la carrure de ses aînés, mais cette musique, à la fois épique, martiale et sombre, est d'une efficacité redoutable sur scène. La recette est vraiment bien trouvée, au risque même d'en être un peu répétitive sur le long terme. En tous cas, le groupe assure parfaitement le show et inaugure même le premier wall of death de la soirée sur le titre "Manu Militari". L'utilisation de la vidéo n'est pas aussi léchée et travaillée que pour ACYL mais on se concentre davantage sur le jeu et l'énergie des musiciens. D'ailleurs, le chant extrême de la frontwoman Irina se révèle très impressionnant en passant du déchirant cri black metal au puissant grognement death bien caverneux. Avec un set assez court mais intense, le groupe nous laisse dans d'excellentes dispositions pour accueillir la tête d'affiche de ce soir.



L'heure de la leçon est enfin arrivée. En effet, la virtuosité des musiciens et la puissance épique de leurs orchestrations ont apportées aux Italiens de FLESHGOD APOCALYPSE une solide réputation d'excellence qui s'est forgée aussi bien à travers leurs quatre albums, qu'à travers leurs impressionnantes prestations scéniques.
Comme dans leur dernier album – qui sera mis à l'honneur ce soir - le concert commence par l'introduction orchestrale "La Marche Royale" qui enchaîne logiquement sur le titre "In Aeternum". La première à faire son entrée en scène sera la cantatrice Veronica Bordacchini qui accompagne le groupe pour cette tournée. Avec leurs pieds de micro style rococo, leurs visages fardés, leurs chemises à jabot et leurs longs manteaux à dorures, les musiciens nous ramènent à l'époque décadente de la renaissance italienne. En fond de scène, la cantatrice en impose avec son masque à plumes et son long bâton d'Hermès qu'elle tient dans sa main droite. De l'autre côté de la batterie, le claviériste Francesco Ferrini joue sur un piano droit positionné dos au public, ce qui ne l'empêche pas de nous lancer régulièrement des regards appuyés par dessus son épaule. Ajoutez à cela deux guitaristes et un bassiste qui secouent frénétiquement leurs chevelures et vous obtenez une prestation visuellement très réussie. Mais que dire de l'aspect musical ? Tout d'abord, je suis très désagréablement surpris par le son très aigu et extrêmement saturé des guitares. Le rendu sonore est vraiment sale et tranche clairement avec l'aspect classe et maîtrisé que veut se donner le groupe. On en arrive même à oublier le jeu surhumain du batteur Francesco Paoli qui apparaît presque en retrait. D'ailleurs celui-ci ne semble pas être au meilleur de sa forme et montre quelques irrégularités sur certains passages. Comme vous l'aurez peut-être compris en me lisant, je m'attendais vraiment à une prestation incroyable de la part des Italiens et je n’ai pu m'empêcher d'être déçu. Pourtant, le groupe aura eu à cœur de nous en mettre plein les yeux et les oreilles, notamment grâce à la prestation de la chanteuse lyrique qui s'intègre parfaitement à l'univers et apporte un vrai plus en soutenant les vocalises du bassiste Paolo Rossi. Mais, au final, tout ceci m’aura semblé presque trop chargé, aussi bien sur les titres les plus énervés ("The Violation", "The Fool"...) que sur les passages plus mélancoliques ("Epilogue", "Syphilis", "The Forsaking"...). Contrairement à la grande majorité du public qui sortira de la salle subjuguée par cette prestation hors-normes, je n'aurai, pour ma part, pas réussi à entrer dans l'univers musical du groupe. Dommage...

Setlist : "Marche Royale" (introduction), "In Aeternum", "Healing Through War", "Pathfinder", "Cold As Perfection", "The Violation", "Epilogue", "Gravity", "The Fool", "The Egoism", "Syphilis".
Rappel : "In Honour of Reason", "The Forsaking".

Au final, Access Live nous aura offert ce soir là un plateau qui sort vraiment de l'ordinaire. Le CCO n'aura pas fait salle comble, mais les spectateurs présents auront bien apprécié cette affiche atypique. Merci à toute l'équipe de l'organisation, aux techniciens et, surtout, aux groupes pour ce concert mémorable !

Photos tirées de : www.facebook.com/jeremygirardphotography