La review

FULL OF HELL + THE BODY + PILORI + FILTHCULT
Le Gibus - Paris
11/07/2019


Review rédigée par Matthieu


Il y avait longtemps que je n’étais pas allé au Gibus, mais l’occasion de voir FULL OF HELL, accompagné de THE BODY, PILORI et FILTHCULT, était trop tentante. On met ses bouchons, et on entre doucement dans la salle, déjà occupée par les musiciens.



A l’heure prévue, FILTHCULT s’installe aux côtés de leur traditionnelle bouteille de Suze. Derniers branchements, et Lenny (chant) commence à jouer avec ses pédales pour nous offrir un son éraillé, mais quelque peu planant. C’est alors que Théaux (guitare) et Titouan (basse) se joignent au mélange, avec une légère odeur de plastique brûlé, sans oublier les frappes de Gabriel (batterie). Et si le chanteur n’hésite pas à s’éloigner de ses pédales pour venir hurler au plus près des premiers rangs, le bassiste choisit la scène entière comme terrain de jeu, sautillant, headbanguant et rejoignant le guitariste, qui truffe sa rythmique grésillante de quelques petits passages lead incisifs. Mais le grindcore teinté de noise des Français semble avoir du mal à convaincre, et il faudra attendre que Titouan ne saute dans la fosse afin de lancer un pit pour voir réellement du mouvement. Lenny tentera quelques remerciements, mais la saturation rendra son discours inaudible, et ce qui compte c’est que le combo reprenne rapidement avec une reprise de Nails, alternant passages lourds mais lents et violence rapide. Quelques larsens contrôlés plus tard, le bassiste resautera dans la foule, et remontera sur scène sans son instrument pour un dernier hurlement qui mettra fin à la boucherie.

Setlist : "Suzera", "Bouche d'Egout", "Dieux = Chiens", "Doomdecays", "Ashes To Ashes", "Le Lustrant", "I Will Not Follow" (Nails cover), "Remontées Acides", "Consume / Collapse".



On continue alors la soirée avec le départ en trombe de PILORI, qui envoie une rythmique déchirante dès les premières secondes. Ne tenant pas en place, Gr (chant) semble possédé et arpente la scène en permanence pendant que R (guitare) et Gu (batterie) se démènent pour exploser le compteur de décibels. Les titres sont rapides et efficaces, ce qui permet à la foule de se lâcher un peu plus, devant un groupe qui déborde d’énergie. "On s’appelle Pilori…" lâche alors le frontman. "Normalement on a un bassiste, mais il est pas là.". Et la folie repart, avec un chanteur qui ne tient toujours pas en place, et un guitariste qui headbangue de plus en plus, bougeant à présent de sa position en martyrisant son instrument. Mais comme pour le groupe précédent, la scène ne semble pas être assez grande pour eux, et Gr descend dans la fosse pour motiver le pit, qui se met déjà joyeusement sur la gueule, laissant à R la possibilité de se placer sur les retours sous le blast incessant et carré de Gu . "Merci à vous d’être là !" hurle le chanteur en se tenant au plafond pendant que son guitariste se réaccorde pour l’assaut final. Et ce sont deux titres supplémentaires qui seront joués par les Rouennais. Mais le public en veut plus, alors les musiciens s’exécutent en nous offrant une petite dose de violence supplémentaire avant de laisser la scène sous des applaudissements mérités.

Setlist : "Via Crucis", "Sous Mes Mains", "Grande Terreur", "Apnée", "Divine Comédie", "Le Baiser", "Gaza", "Déjà Morts", "Ce Que Je Suis".



Changement de plateau, changement de son, mais pas de baisse d’intensité pour l’arrivée de THE BODY. Et après un passage noisy géré par le préposé aux pédales d’effets, Chip King (chant / guitare) commence à lâcher des hurlements stridents en jouant. Le son est lourd, puissant et explosif, mais aussi relaxant. Les frappes de Lee Buford (batterie) accompagnent parfaitement ce son qui mêle sludge et grind dans la plus pure tradition de la crasse auditive, et la fosse reste silencieuse. Quelques passages plus énervés feront bouger des têtes, mais les samples ramèneront cette sale quiétude dans la pièce. Pendant que Chip joue lui aussi avec ses pédales d’effets, ajoutant une nouvelle dose de larsens et de noise à la musique du combo, l’homme derrière les pédales headbangue à se rompre le cou, et nous offre des vagues sonores époustouflantes. Le show se terminera malgré tout assez rapidement et sera acclamé par la fosse.



On repart pour une dernière dose de rage avec FULL OF HELL, qui démarre avec une intro assez planante. Le calme avant la tempête, et cet ouragan ne tardera pas trop car Dylan Walker (chant / samples) est en pleine forme. Dynamisée par les frappes de Dave Bland (batterie), la fosse part d’un coup, alors que Spencer Hazard (guitare) et Sam DiGristine (basse) matraquent leurs cordes. Agrémentée de la noise provoquée par le chanteur, le grind / death des Américains est d’une efficacité monstrueuse, et il suffit de se retourner pour le constater, tant le pit est en ébullition. Et cette furie n’est pas près de s’arrêter, puisque le combo enchaîne les morceaux avec très peu de répit, orchestrés par des samples, alors que le chanteur tend également son micro au public. "Thank you Paris !" lâche le frontman avant de relancer cette machine infernale. Même pendant les passages un peu plus planants, la fosse ne se calme pas, et les musiciens en rajoutent toujours une couche supplémentaire. "Thank you so much for being here ! This stage is now our stage so it's also your stage !" déclare Dylan, incitant la foule à venir les rejoindre. Et il n’en fallait pas plus pour lancer les slammeurs, qui s’en donnent à coeur joie pour monter et sauter sur les autres spectateurs, sous des lumières rouges. Et ce manège, qui durera tout de même quelques minutes, sera interrompu par un rapide "Good night !" de la part du chanteur qui annonce sobrement la fin du show.

Setlist : "Armory Of Obsidian Glass" (intro), "Burning Myrrh", "Intermission", "Crawling Back To God", "Silmaril", "Branches Of Yew", "Intermission", Vessel Deserted", "Amber Mote", "Downward", "Intermission", "Digital Prison", "Intermission" (improvisation), "Thundering Hammers", "Intermission", "Ashen Mesh", "Fox Womb", "Armory Of Obsidian Glass".

Il a fait très chaud ce soir au Gibus, et si FULL OF HELL a littéralement déchaîné la foule, les autres formations n’ont pas démérité ! Du grind crasseux de FILTHCULT au hardcore teinté de grind de PILORI en passant par le son ambiant de THE BODY, les quatre groupes nous ont propulsé de gré ou de force dans leur univers, et on les remercie !