La review

GORGUTS + MISERY INDEX + ERYN NON DAE.
La Dynamo - Toulouse (31)
28/04/2014


Review rédigée par Thomas
Photos prises par Mathilde


La soirée organisée par Noiser et SPM promettait d'être belle pour tous les amateurs de death et/ou de metal bien technique, très recherché musicalement. La première partie était assurée par les Toulousains d'ERYN NON DAE., venait ensuite MISERY INDEX puis la tête d'affiche : les Québécois de GORGUTS.



ERYN NON DAE. est un groupe de metal toulousain faisant partie de ces groupes qu'on a classés dans le post-core parce qu'on ne pouvait réellement poser une étiquette sur leur musique et tant mieux... Dès les premières notes de "Chrisalys", premier morceau de "Meliora" (2012), le groupe pose une sacrée ambiance ! Pas celle qui entraîne le public, provoquant des pogos en tous sens. Non, plutôt quelque chose de fascinant. Un son lourd mais pourtant très aérien et planant. Une musique noire et torturée mais touchante et introspective. Toute la salle (ou presque) paraissait envoûtée par les morceaux qui se succédaient et l'atmosphère qui s'en dégageait. D'autant que les musiciens faisaient preuve d'un sérieux niveau technique ! Le batteur a particulièrement marqué les esprits. Il n'a cessé d'enchaîner les polyrythmies, les syncopes en tous sens et autres asymétries : une main qui tenait le tempo sur la cymbale crash ou la charleston alors que les caisses claires et les grosses caisses tombaient de manière complètement décalée. Ou inversement : des cymbales et caisses claires formant des rythmiques complexes sur un tapis de double pédale. Le résultat faisait que son jeu paraissait complètement aléatoire, ce qui ajoutait un petit côté "dévariant" à l'atmosphère de leur musique. Les musiciens semblaient vivre à fond ce moment : les yeux fermés, la tête qui balance... Bien qu'aucun mot ne fut adressé au public avant le "Merci beaucoup, bonne soirée" de la fin, le groupe dégageait quelque chose de sincère et de généreux. Un concert magnifique, à l'ambiance noire, cosmique et planante... Un groupe à découvrir si vous ne le connaissez pas déjà...



Là, l'ambiance change radicalement. Les Américains de MISERY INDEX nous font quitter l'atmosphère prenante, les rythmiques alambiquées et les riffs épais et aériens pour nous offrir un deathcore des plus violents et directs ! A peine les premières secondes de musique se sont-elles écoulées que le pit commence déjà à se former. Les morceaux étaient redoutablement efficaces, le son très propre et d'excellents musiciens là aussi. Les parties vocales étaient assurés par le guitariste Mark Kloeppel et par le bassiste Jason Netherton, ils formaient un duo vocal bien dynamique et assez homogène. Encore une fois, le batteur était tout simplement remarquable, oscillant entre mid-tempo et blast avec une double pédale effreinée... On remarque donc un certain enthousiasme et entrain de la part du public, allant de pogos en circle pit et autres headbangs. Mark communique beaucoup avec la foule, alimentant la brasier qui avait pris sous ses yeux et qui commençait à retourner la Dynamo. Nous avons eu droit à un excellent concert, bourré de testostérone et de brutalité musicale...



Etrange et macabre parcours que celui de GORGUTS... Après s'être dissout suite à la mort du batteur Steve MacDonald en 2002, la reformation du groupe a encore une fois perdu un membre, en 2012, le guitariste Steve Hurdle... Cette fois, Luc Lemay, le leader de la bande, a décidé de continuer. Ansi "Colored Sands", un album monumental, voit le jour en 2013, soit douze ans depuis "From Wisdom To Hate", leur dernière sortie avant le split.
C'est avec chaleur et humilité que Luc et sa bande font leur entrée. Une chaleur qui doit être typiquement québécoise puisque Kataklysm avait fait preuve de cette même chaleur quelques mois auparavant, ici, à la Dynamo. Après un "Salut cher cousins et cousines", ils attaquent par le premier titre de "Colored Sands" : "Le Toit Du Monde". Et ça a été une grande claque que nous nous sommes tous pris ! Un son massif, des musiciens carrés au possible et des passages d'une virtuosité difficilement égalable ! Petit bémol au son global : il a été dur d'entendre le growl de Luc Lemay durant un petit moment. A croire que c'était le mot d'ordre ce soir : encore une machine de guerre se tenait derrière les fûts... John Longstreth faisait preuve d'une impressionante technicité, d'une très grande vélocité, d'une fluidité et d'une aisance déconcertante. Le set a essentiellement tourné autour de "Colored Sands" puisque sept des dix morceaux joués ce soir en étaient extraits. Il a donc fallu attendre la fin du concert pour entendre quelques anciens morceaux (dont deux tirés d'"Obscura"). Entre les morceaux, Lemay s'adressait souvant au public mais les pogos ont un peu perdu en intensité depuis le groupe précédent. Les gens s'étaient-ils trop donnés durant le précédent concert ? Etaient-ils fascinés par tant de musicalité et de technique ? Impossible de savoir. On a pu seulement remarquer que les gens étaient tout de même très réceptifs à ce qui se passait sur scène et à ce qui tombait dans leurs oreilles : la musique était complexe et impressionante, allant d'asymétries en dissonances sur des placements rythmiques tous plus tordus les uns que les autres...
Ce concert a été particulièrement exceptionnel. Musicalité, technique, lourdeur de son et chaleur humaine étant au rendez-vous. Le public s'était tout de même réveillé sur la fin du set, ce qui a permis à l'ambiance de grimper un peu plus. Voilà un groupe qui n'était probablement pas, ou peu, passé par ici et qui n'y repassera probablement pas de si tôt... Alors un grand merci à Noiser et SPM pour l'organisation ! Comme dirait Luc c'était "l'fun en tabarnak !".

Setlist : "Le Toit Du Monde", "An Ocean Of Wisdom", "Forgotten Arrows", "Colored Sands", "Enemies Of Compassion", "Ember's Voice", "Reduced To Silence", "The Carnal State", "Orphans Of Sickness", "Obscura".