La review

GRAVE DIGGER + BURNING WITCHES
Le Petit Bain - Paris
28/01/2019


Review rédigée par Candice


Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce week-end de fin Janvier a fait honneur au heavy metal : Ostrogoth le Samedi au Glazart, Judas Priest au Zénith le lendemain et ce lundi, GRAVE DIGGER sur la fameuse péniche Petit Bain, nous avons notre content. Malgré mon amour pour les deux premiers, je parlerai ici des légendaires warriors de GRAVE DIGGER et leur quarante ans de carrière au compteur, même s’ils n’ont hélas jamais connu le succès qu’ils méritent. Tout puriste du genre vous citera bien sûr leur nom, mais le groupe n’a jamais vraiment percé dans la sphère plus populaire du heavy metal. Ce sera donc une soirée en comité réduit qui s’annonce, et c’est tant mieux !



BURNING WITCHES se charge d’ouvrir la soirée, et il suffit d’un coup d’œil au public pour constater qu’une bonne partie s’est déplacée uniquement, ou presque, pour voir les petites protégées de Nuclear Blast. Ce jeune groupe de heavy / power entièrement féminin a le vent en poupe, si bien qu’il se retrouve déjà à partager l’intégralité de la tournée avec les teutons de Napalm Records. Ma curiosité en est fortement piquée, et quand le premier morceau "Executed" est lancé, il me faut peu de temps pour cerner la chose. BURNING WITCHES puise ses inspirations musicales dans le vieux heavy / thrash cradingue et au demeurant assez basique, en y incorporant des mélodies accrocheuses renforcées par des refrains tout aussi volontairement fédérateurs. Honnêtement, la recette donne des résultats plutôt satisfaisants, on se laisse facilement entraîner dans leur univers. "Metal Demons" qui suit fait son petit effet et pousse le public déjà transi à la chansonnette. Il est rare de voir un tel engouement pour un groupe d’ouverture, celui-ci est presque plus fort qu’à l’arrivée de GRAVE DIGGER ! Cependant, il faudra laisser passer quelques morceaux pour remarquer des couacs qui devenir gênants. Sur le papier, tout semble parfaitement réfléchi et maîtrisé, hélas le direct ne fait pas de cadeau. La jeunesse du groupe, que l’on ne sent pas particulièrement sur album, se ressent fortement en live. Un jeu de scène exagéré pour des techniques qui ne sont pas si poussées, des soucis de synchronisation entre les musiciennes, mais également les limites vocales de Sereina. On le ressentira notamment avec "Black Widow" à la violence façon Accept, sur "We Eat Your Children" au rendu faiblard ou encore sur la reprise de la légendaire "Holy Diver" de Dio. Les jeunes Suissesses sont tout de mêmes excusables, laissons leur le temps de se constituer et se faire leur expérience. Je conclurai en conseillant tout de même d’aller jeter un œil à "Hexenhammer" ou à la très hard / heavy "Burning Witches" qui valent le détour !



Malgré mes impressions, il va de soi que les BURNING WITCHES ont conquis leur public, elles laissent derrière elles un public survolté et plus que prêt à recevoir GRAVE DIGGER. Les lumières s’éteignent et le backdrop à l’image de leur dernier album, "The Living Dead", laisse apparaître latéralement deux morts-vivants grandeur nature, qui rehaussent l’atmosphère lugubre typique du groupe. Celui-ci ne tarde pas à faire son apparition sous les gros riffs de "Fear Of The Living Dead" qui ouvre cet album. Si instrumentalement cela tient la route et le son est parfait, il n’en va pas de même du chant de Chris, qui est loin d’être excellent. Il est d’ailleurs difficile d’en juger réellement car il est à peine audible, tous micros branchés… et autant vous le dire, la déception est aussi soudaine et violente qu’une bonne douche écossaise. En tendant l’oreille nous pouvons percevoir l’ombre du timbre d’antan de Boltendahl, très grave et guttural. Sa volonté de faire au mieux est très visible et inconfortable à voir, mais voyons comment se déroule la suite. On enchaîne avec "Tattoed Rider" qui ne fait pas non plus des miracles. Même si musicalement tout est au point, on sent le groupe fatigué et las, aucune dynamique ni allégresse sur la scène. Axel "Ironfinger" à la guitare, le sourire constamment aux lèvres, est le seul à se déhancher et à sembler heureux d’être là, et contrebalance avec le réservé Jens à la basse. Au-delà de cela, le groupe a fait l’effort de piocher des titres dans l’ensemble de sa discographie, "The Bruce (The Lion King)" et "Highland Farewell" de leur période heavy / power / folk, ou encore la ultra speed "War God" au riff tueur, et les fédératrices "Call Of War" et "Blade Of The Immortal". Il y en a pour tous les goûts ce soir, du bon et du moins bon également, mais faire le tour de leur carrière reste tout de même intéressant. Les points forts de la soirée sont sans aucun doute "Season Of The Witch", surprenante par la lourdeur largement décuplée en live où miracle, Chris glace le sang par sa présence vocale, mais également dans un tout autre registre la délirante "Zombie Dance", morceau que je n’aurais jamais pensé entendre ce soir ! Et pourtant, nous passons un bon moment, et GRAVE DIGGER aussi. Soigneusement calée entre l’hymnique "Healed By Metal" lourde comme un 38 tonnes, et l’éternelle "Heavy Metal Breakdown" qui clot la soirée, elle apporte une touche de gaîté et de folie appréciable en cette fin de show. Show qui fut dans l’ensemble mitigé, mais nous avons pu constater une nette amélioration au fil des morceaux qui laissa place à une ambiance davantage bon enfant, où GRAVE DIGGER a pu se rattraper et tout de même satisfaire ses fans les plus fidèles.