La review

HALLOWEEN INVASION 3
Otargos + Svart Crown + Impureza + Demented + Bemskiant
Rock School Barbey (33)
31/10/2011


Review rédigée par Arch Gros Barbare


C'est assez rare que le public Bordelais se déplace plutôt en masse pour une affiche telle que celle-ci. Et il était étonnant de finalement voir autant de monde à l'occasion des dix ans d'OTARGOS, non pas que ce groupe n'attire pas, mais on a vu souvent, même à Barbey, moins de monde ou tout autant, pour des affiches avec des formations plus importantes médiatiquement, il n'y a qu'à se rappeler, celle de Samael / Rotting Christ / Finntroll and cie... Donc c'était une très agréable surprise de voir que les fans des Bordelais des terribles OTARGOS, sans oublier bien évidemment les connaisseurs de DEMENTED et BEMSKIANT, étaient là pour manifester leur soutien, sachant que la tête d'affiche de la soirée profitait de celle-ci pour enregistrer son premier DVD live qui symbolise leur dix ans. Alors ce qu'on a eu pour le coup c'est une soirée avec une grosse ambiance, chaude, chaleureuse, conviviale et réussie.



En effet, dès l'entrée en matière de BEMSKIANT, jeune groupe local agrippe l'auditoire avec son black / death atmosphérique grandement distillé à l'aide de claviers intéressants. Alors que BEMSKIANT fait la levée de rideau, on s'aperçoit qu'il y a beaucoup de monde déjà devant la scène pour ce premier groupe et que ça plaît manifestement puisque les bras et les têtes bougent. Le vocaliste W, possède un chant très puissant et efficace qu'il envoie comme des rafales sur les spectateurs demandeurs. Ce groupe démarre l'invasion avec brio, même s'il n'aura pas joué très longtemps les passages planants, les atmosphères très doomisantes parfois offrent quelque chose de somptueux. Les Bordelais les connaissent, les apprécient et leur montrent leur plaisir en envoyant autant du bois dans la fosse qu'il y en a sur la scène.Entre black malsain et également atmosphérique, ainsi qu'un death sombre et mélodique dans sa profondeur, BEMSKIANT réussit l'ouverture en faisant monter la température d'un cran. Je ne sais pas si leur démo vendue pour un prix dérisoire au niveau du merch a fait des ravages, mais en tous les cas on tient un groupe qui musicalement a tout son intérêt.

Juste le temps de voir qui est présent à boire une bière, fumer une cigarette, dire bonjour un peu à tout le monde, regarder le stand du merch où on peut se faire du DEMENTED, du BEMSKIANT, du OTARGOS, du SVART CROWN et du IMPUREZA (mais seulement des t-shirt girly, les gros gorets comme moi n'ayant pas eu leur taille en vente), il faut remonter voir la prestation de DEMENTED.



Un DEMENTED, qui devient à force de travail et de conviction, un groupe incontournable sur Bordeaux, un combo de death metal assez brutal dont le premier album est disponible et qui bosse sur le second. Le groupe se met en bouche tranquillement, avec un Nessim qui détruit tout vocalement et également un jeu de scène de la part de Manu, Mika et Flo qui s'améliore de scène en scène, sachant allumer les mèches quand il le faut. Le plus dérangeant ce soir c'est qu'on a connu un son meilleur pour DEMENTED, et peut-être n'est-ce qu'une impression mais je n'ai pas trouvé le rendu vraiment puissant... Enfin mis à part ce petit détail, le death metal de DEMENTED reste encore très brutal et les fans en sont friands. Le set lui aussi assez court, se déroule dans une bonne furie. Au cours de la prestation, une invitée est venue pousser la chansonnette avec eux sur le titre "The Mirror", il s'agit de Jenni du groupe Noein, qui crache ses paroles comme une harpie possédée. Comme à chaque fois, DEMENTED a tué ses fans et a mis le feu.



En remplacement de Como Muertos, on n'a pas perdu au change. Première fois que je voyais IMPUREZA en live, et ce soir c'était grosse baffe derrière les oreilles. Le combo de death / flamenco n'a pas failli. Ils sont aussi bons en live que sur CD. Leur death metal exotique agrémenté de passages flamenco, castagnettes, introduction guitare classique espagnole m'avait déjà tué à l'écoute de leur premier album "La Iglesia Del Odio". Et ce soir déjà que le public était chaud, ils ont conquis littéralement celui-ci. Pas que l'auditoire ce soit vraiment défoulé pendant leur set, mais plutôt que c'était tellement puissant, carré et technique que c'est l'attention qui en est ressortie. Une attention studieuse de la part des spectateurs. Les titres se sont enchainés, les morceaux phare de l'album et la brutalité d'IMPUREZA ont époustouflé tout le monde. C'est l'originalité de la musique d'IMPUREZA qui fait la force de cette formation. En plus de ça, Lamas, leur bassiste et imposant chanteur sait comment capter l'attention, et les titres comme "El Gitano Maldito" ont fait leur office à la perfection. Sans forcément d'artifices, mais juste par leur charisme et leur musique les IMPUREZA ont montré qu'ils étaient un énormissime groupe de death metal.



La soirée continue et on monte encore d'un niveau, SVART CROWN, groupe de black death hargneux fort de deux albums dont le dernier leur a valu d'avoir définitivement le respect de la scène, arrive enfin, en conquérant. Là aussi, indépendamment de la puissance de leur musique, c'est encore un frontman de poids qui fait fasse au public de plus en plus furieux. SVART CROWN envoie ses titres sans relâche, c'est de la grosse artillerie, il n'y a pas de place pour l'humour, ici c'est la guerre, aucune pitié, aucun prisonnier. SVART CROWN envoie des salves de riffs de tueurs dans nos oreilles, même si parfois, et c'est aussi ce qui m'a fait le même effet pour OTARGOS, les passages très black metal sont difficilement audibles car comme c'est vraiment dans les aigus, c'est moins clair que sur CD... Ce n'est pas dû au groupe ou au son, c'est le style de musique qui veut ça, comparé au death plus gras... Enfin, cela ne gâche en rien la prestation du groupe qui fut beaucoup plus longue que ses prédécesseurs. Mais si l'invasion de Barbey est bien entamée, les maîtres des lieux ce soir ce sont les OTARGOS...



Oui, dix ans que le groupe existe, avec une discographie qui commence à être bien remplie et un dernier album en date réellement somptueux... Et ce soir c'est la réalisation d'un premier DVD qui vient marquer ces dix années, alors il ne fallait par rater l'évènement... Un événement à la taille de la réputation du groupe et de la puissance de leur black metal. OTARGOS est un groupe à part dans la scène black metal, un groupe professionnellement parfait, et visuellement grandiose. Encore une fois les tenues de scène sont divines et l'entrée en matière d'OTARGOS pose le décor. Le ton est donné, si SVART CROWN avait commencé à ravager le public, OTARGOS se fait fort ce soir d'être le Attila du black metal. Dès les premiers titres tout le monde est en transe, subjugué par l'envoutement malsain de la musique des Bordelais. A côté de ça, si le public se défoule quand même dans la fosse, on peut constater deux jeunes filles qui prennent des risques dans celle-ci afin de passer parmi les spectateurs, lumière et caméra à la main, quelque chose de périlleux !! Dagoth, dernier frontman charismatique de la soirée, non content d' asséner des rafales violentes, hurle en vidant ses tripes pour nous offrir l'incontournable "Cloning The Divine" issue de "No God No Satan" morceau dont la vidéo n'a pas laissé indifférent. Technique, que ce soit aux guitares et encore plus à la batterie, prestation visuelle marquante, ambiance malsaine et noire, c'est en mâle dominant qu'OTARGOS règne sur sa meute enragée qui écoute chaque note qui se répand dans la salle. Au final, l'enregistrement de ce DVD n'en devrait être que plus réussi, le show ainsi que le public étant à un niveau plus qu'élevé.

En somme l'invasion de Barbey est complète. Bordeaux a succombé sous les coups de quatre groupes conduits par un OTARGOS grandiose. L'Halloween Invasion 3 a amassé du monde, l'affiche était divine, locale aussi pour plus de la moitié, mais on s'aperçoit que malgré tout le black / death attire sur Bordeaux, et c'est une soirée très réussie que nous ont offert ces cinq formations... Je pense que personne n'a regretté d'y être, ni les groupes, ni le public, c'est la magie du metal, c'est tout ce qui compte...