La review

HAVOK + WARBRINGER + GOROD + EXMORTUS
Le Petit Bain - Paris
29/04/17


Review rédigée par Candice


Décidément, le Petit Bain, c’est une valeur sûre en ce qui concerne les soirées metal. En ce 29 Avril, c’est HAVOK, dans le cadre de sa tournée "Conformicide European Tour 2017", qui embarque sur la péniche parisienne. Et il n’est pas venu avec n’importe qui ! Nous accueillons ce soir WARBRINGER, les Bordelais GOROD, et pour finir EXMORTUS. Rien que ça !
La date affiche sold out en début de journée, et c’est une bonne foule qui déjà s’amasse sur les quais, une heure avant l’ouverture des portes. Ça fait plaisir à voir !



EXMORTUS ouvre les hostilités devant plus d’une centaine personnes, et attaque avec "For The Horde", du dernier album "Ride Forth" (2016). On sent dès les premières secondes le haut niveau de la formation américaine. Entre riffs techniques et incisifs, on en a pour notre compte. Le guitariste / chanteur Jadran "Conan" Gonzalez assure comme une bête. Musicalement, nous sommes dans du thrash aux influences death, mais mélodique dans la structure. Loin de nous le thrash basique et sans profondeur ! On enchaîne sur l’excellent "Death To Tyrants", qui assoit le talent du groupe. Celui-ci accorde une grande importance à l’instrumentale. Les riffs sont nombreux, très travaillés et les solos ont une place prépondérante dans les compositions. Les deux guitaristes se renvoient régulièrement la balle, là où la basse et la batterie font parfaitement bien la rythmique. EXMORTUS parvient plutôt bien à chauffer le public, qui est très réceptif à leur caractère bien trempé. Et ce n’est pas fini… Le groupe poursuit sur un morceau instrumental, qui n’est autre que la version "metallisée" de "Moonlight Sonata" de Beethoven. Je dois dire que j’ai été littéralement soufflée par leur prestation. D’une part, il est rare que les groupes de thrash interprètent sur scène des morceaux entièrement instrumentaux, et d’autre part… EXMORTUS le fait excellemment bien. L’influence classique malmsteenienne des guitaristes est révélée au grand jour, et ce n’est pas moi qui vais me plaindre ! "Speed Of The Strike" est dans l’exacte même lignée, c’est un mélange de riffs néo-classiques et de thrash puissant et efficace. Hélas, nous arrivons à la fin du set, qui se terminera par "Metal Is King". Sans être aussi bon que les autres, ce morceau fait tout de même un bon effet, et achève de nous convaincre. Pour ma part, EXMORTUS est une superbe découverte, que j’espère avoir l’occasion de revoir un jour sur scène !



C’est maintenant au tour de GOROD de nous chauffer, et il ne va d’ailleurs pas mettre longtemps à y parvenir ! "State Of Secret" rentre dans le lard, mais à la manière GOROD, s’il vous plaît. C’est à dire à coup de rythmiques techniques et droites comme des i, en contraste avec le chant gras et caverneux de Julien. J’ai été surtout séduite par le morceau suivant "Here Die Your Gods", qui tient son génie de sa totale déstructuration, laissant ainsi place à la créativité des musiciens. Fidèle à lui-même, Ben "Barby" Claus enchaîne les poses et grimaces grotesques et pleines de sous-entendus. Cela n’enlève cependant rien à son jeu à la basse, impeccable et recherché. GOROD étant le seul groupe français de l’affiche, le public affiche son patriotisme, ainsi que son soutien avec beaucoup de ferveur. Le pit commence sérieusement à s’énerver, la tension monte un peu plus à chaque nouveau titre. En parlant de cela, n’oublions pas que GOROD a enregistré un EP, "Kiss The Freak", davantage axé thrash pour l’occasion, et c’est "Being A Jerk" qui sera interprété ce soir. J’ai beaucoup aimé cet EP, je suis donc un peu déçue de n’entendre ce soir qu’un seul de ses titres. Il semblerait que ce petit moment thrash n’ait pas eu l’effet escompté auprès des fans, particulièrement ceux de la première heure. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas… ! Nous faisons une pause dans cette frénésie le temps de "The Call Of Redemption", cette intro aussi appréciable que malsaine. "Birds Of Sulphur" enchaîne donc en toute logique, dans un tourbillon de batterie effrénée et de riffs mélodiques, tout en conservant une certaine agressivité. Malgré le fait que le genre musical de GOROD soit différent de celui de ses compères ce soir, les Français s’adaptent parfaitement bien, et font l’unanimité auprès du public, qui répond présent du début à la fin. D’ailleurs, avant de laisser place à WARBRINGER, le groupe conclut avec "Disavow Your God", morceau quand même plutôt original à la rythmique recherchée et à la mélodie entraînante, qui nous laisse sur une note très positive. Sans grande surprise, GOROD a assuré.



WARBRINGER ne vient pas non plus les mains vides ce soir, et c’est avec fierté que le visuel de leur dernier album "Woe To The Vanquished" est accroché en guise de backdrop. Il faut avouer que celui-ci est une vraie claque, alors pour ceux qui ne l’ont pas encore écouté, vous savez quoi faire de votre week-end !
Le groupe arrive sur scène et tient la pause de façon très théâtrale, pendant que la batterie introduit "Silhouettes", premier titre de leur dernier opus. Et là c’est l’explosion, tant sur scène que dans la fosse. C’est un déversement de riffs et de cris puissants signés John Kevill qui s’abat sur la foule devenue folle. Le pit est animée d’une violence bon enfant, et les slams s’enchaînent. On imagine donc ce que cela va être pour HAVOK… ! J’avais été très septique quant au rendu de "Silhouettes" sur album, car il souffre d’un cruel manque de punch. Or en live, c’est une vrai tôlée ! Pas le temps de souffler, nous poursuivons sur plusieurs morceaux de "Woe To The Vanquished", dont le titre éponyme aux influences thrash / death qui retourne littéralement la salle, mais surtout "Remain Violent" et "Shellfire", les deux titres incontestablement les plus efficaces de cet album, mais également de leur performance. Leur interprétation est largement à la hauteur de nos espérances. Le refrain saccadé et rythmé de "Remain Violent" est tout simplement irrésistible, John Kevill nous incite sans grand effort à participer à cette guerre musicale. "Shellfire" va encore plus loin dans l’excellence, Jessie Sanchez à la basse est stupéfiant, tout comme ses compères aux guitares. John pousse des notes suraiguës jusque là insoupçonnées, tout cela nous fait dire que WARBRINGER, ayant d’ailleurs frôlé le split, revient en force avec une puissance inébranlable. Le groupe nous réserve également une petite surprise en ce milieu de set, en invitant David Sanchez – guitariste / chanteur de HAVOK – à le rejoindre sur "Hunter-Seeker". David se prend au jeu, il s’approprie ce titre avec aisance et élégance. Lui et John livrent une performance rare, que peu d’entre nous oublierons de sitôt.
Nous terminons ce superbe set par un retour dans le passé avec "Combat Shock" qui récolte toujours autant de succès, et le mythique "Living Weapon" en guise de rappel. Entre riffs et roulements de batterie bien estampillés thrash old school ou encore solos frénétiques, on ne pouvait espérer mieux comme conclusion. WARBRINGER nous a clairement montré ce soir qu’il était prêt à en découdre, nous attendons donc leur retour dans nos régions de pied ferme !



Il est maintenant temps d’accueillir nos jeunes thrashers de HAVOK ! La salle est pleine à craquer, et exhale de tous les coins la sueur et la bière. C’est dans cette atmosphère on ne peut plus adéquate que le groupe fait son entrée, sur un extrait pré-enregistré de "1984" (George Orwell), le ton est donné.
Contrairement à WARBRINGER, HAVOK attaque avec un morceau back catalogue, "Point Of No Return", déterré de l’EP du même nom, sorti en 2012. Pas d’échauffement avant le grand saut cette fois, le public se lâche immédiatement, et met la fosse dans un état innommable. Il est vrai qu’il est dur de rester insensible à son groove unique… ! Cependant, nous revenons vite au but de cette tournée, celui de présenter "Conformicide", opus salué par la critique et que personnellement j’ai trouvé bien au-dessus de ses prédécesseurs. Ainsi, "Claiming Certainty" répond à l’appel, suivi de "Hang ‘Em High" que j’attendais avec une grande impatience, et je n’ai pas été déçue ! Son intro à la basse, suivie d’un riff froid et implacable est reconnaissable entre mille, et le public est très réceptif face à ce nouveau titre, qui fait donc l’unanimité. Lorsque David scande "Hang ‘Em High !", c’est l’apothéose. Une bonne et puissante claque, que l’on redemande ! Nous remettrons la tôlée "Conformicide" à plus tard, car le groupe fera une longue pause dans le set pour se consacrer à "Time Is Up", et jouera pas moins de cinq titres de cet album, devenu un classique dans le thrash 2.0. Des titres tels que "No Amnesty", "D.O.A." ou encore "Prepare For Attack" sont toujours aussi efficaces, et sont en quelque sorte les piliers de la setlist de HAVOK. Il faut dire que "No Amnesty", avec sa rythmique et son phrasé impeccables, a de quoi faire headbanguer le plus exigent des thrashers ! Après le terrible "Covering Fire", on enchaîne avec "Ingsoc" qui nous amène dans un style bien plus technique et recherché. Hélas, même si leurs nouveaux titres, plus techniques et progressifs, sont bien accueillis par le public, ils ont incontestablement moins de succès… "Ingsoc" est un morceau réellement excellent, mais qui ne semble pas vraiment avoir trouvé son public, celui-ci paraissant fortement attaché à l’essence première du groupe.
"From The Cradle To The Grave", plein de riffs thrash groovy accentués par une basse tonitruante, a ainsi de quoi ravir ! Ce morceau bien sympatoche nous emmène doucement vers la fin du set, qui se termine par "Give Me Liberty… Or Give Me Death". Bien que je n’ai pas été particulièrement emballée par ce titre sur album (présent sur "Unnatural Selection", 2013), son adaptation en live bien plus caractérielle capte davantage l’attention.

C’est donc un sans faute pour HAVOK ce soir, qui dans la joie et la bonne humeur nous a livré une performance impeccable de bout en bout. Le groupe semble prendre en maturité chaque année, et se fait petit à petit une place dans la cour des grands. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à ce show, direction le Trabendo le 25 Août !