La review

HEADBANG CONTEST
Terrorflieger + Dreadful Silence + Acyl + Dagara + Imminent Disorder + Order Of 315
Le Batofar - Paris
21/04/2013


Review rédigée par Braindead


Deuxième finale pour le HeadBang Contest, tremplin que l’on ne présente plus, de par sa remarquable pérennité. Absent lors de la première mi-temps, la programmation de Dimanche avait de quoi réjouir les plus exigeants par cette dualité qualité / diversité, si difficile à entretenir, un travail d’alchimiste imputable à une prod' pro et ouverte que l’on se doit de saluer.



Et pour commencer un OVNI, en la personne d’ORDER OF 315, un jeune combo qui s’est fait remarquer à la sortie de leur premier skeud, "Near Birth Experience" produit par Flemming Rasmussen himself ("Master Of Puppets"), pas étonnant que leur son soit indéfinissable, au désespoir des amateurs d’étiquettes. Cela commence par des influences thrash évidement, on lorgne du côté de Machine Head avant que les guitares saturées et le chant clair et catchy d’Edgar nous ramènent vers un metalcore dont le groove inhabituel au genre nous oriente vers un son positivement indéfinissable, peuplé de références, original en tout point, mathématique et appliqué. Cette surproduction est parfois reprochée aux Parisiens mais en live le résultat est davantage brut, percutant comme un coup de boule sonore. Une culture du "genre" maîtrisée et qui leur permettra sans problème de briguer les hautes sphères, à condition de se définir davantage dans leur prochaines compos. Ce n’est pas une révélation, il est parfois très compliqué de bousculer les normes.



A mi-chemin entre Phil Anselmo et les Dead Cowboy’s Sluts (avec qui ils ont déjà partagé l’affiche), le design d’IMMINENT DISORDER ne souffre aucun doute concernant le genre de musique pratiquée, un thrashcore des familles bien massif, les amateurs de Chimaira et Lamb Of God apprécieront, rythmiques mélodiques propices aux mosh pit, le combo a la particularité d’être emmené par deux frangins identiques en tout point. Pas spécialement fan du genre, je dois avouer être en admiration devant l’énergie déployée, la modernité du son au service de compositions vraiment excellentes, une très grosse claque à revivre d’urgence.



DAGARA et son core sauvage entre en scène, puissant et particulièrement violent en live, notamment par la présence des percussions donnant une massivité guerrière pour ne pas dire tribale à l’ensemble, le combo ne se repose cependant pas sur cette configuration très Sepulturesque (Soulfly ou même parfois Mass Hysteria si vous préférez). Des textes sombres et accrocheurs, une récurrence dans le genre, ou plutôt dans la famille core / fusion / alternatif. Certes DAGARA ne prétend rien révolutionner, mais offre une fraîcheur, une énergie nouvelle à un genre qui en avait bien besoin. Le ping pong vocal hurlé / growlé entre Jimmy et Max est une totale réussite, à les voir se suspendre aux poutres du Batofar ou multiplier les acrobaties sur la grosse caisse, leur complicité fait plaisir à voir, d’autant que le bassiste s’y met aussi et finira dans la fosse, imité par le frontman bien décidé à participer aux pogos. Des showmen habités, passionnés. A découvrir en live où leur musique prend tout son sens.



Changement de style avec ACYL, combo de metal experimental ethnic aussi original que passionnant. Après les avoir ratés à La Maroquinerie, l’occasion était trop belle de voir enfin les Parisiens sur scène et autant le dire, j’ai rarement ressenti d’émotions aussi positives que différentes lors d’un concert metal. La faute à cette intro de Karkabous, magnifique en tout point, a capella (leur fameux ethnic choirs), la faute également à Amine, charismatique frontman aussi généreux que talentueux armé de sa Gumbri électrique, à Salah le bassiste dont le son lourd et clair crée un climax évolutif, à Michael qui exploite ses fûts à merveille, tout en finesse, place des samples apportant un côté world aux compos, sans oublier les deux guitaristes Reda et surtout Abder’Rahman (de l’avis général, un des plus beaux guitaristes de sa génération). ACYL est authentique, présente une musique complexe où cohésion et complémentarité des instruments (mandoline, percus, chorale de Bendirs ou de Derbouka…), invitent au voyage. Même si le set m’est apparu assez court, la sagesse et l’énergie développée par ces musiciens en font LA référence de cette édition 2013.



Evènement au Batofar, le clowncore fait son grand retour après le split de Bawdy Festival, groupe sympa mais ayant peiné à se renouveler. DREADFUL SILENCE ou la SPA des clowns nous offre un show excentrique et bordélique comme on les aime, après la bref présentation d’un Monsieur Loyal héritier de ce bon vieux Barnum, les protégés, bien dressés selon ses dires, prennent possession de la piste, ou plutôt de la scène. C’est parti pour un set volcanique, avec des titres aussi barges que "Takata Tin Tin", "Town Z ClownZ" ou encore "Godzilla". Jacky Clown, excellent frontman qui n’est pas sans rappeler Jaz Coleman jeune version pantomime, multiplient les mimiques, tour à tour fun et effrayant. Le reste de la troupe n’est pas en reste, enchaînant grimaces et gimmicks, bondissant dans une ambiance chaotique et électrique où des flaques de bière se mélangent aux jets de confettis, des catcheurs mexicains en guise de final. Un show jamais scénarisé, spontané et évolutif, au service d’un psyché core difficile à étiqueter (et c’est tant mieux) mais qui aurait pu être plus freaky à certains moments, surtout dans les samples utilisés. Le talent du combo étant incontestable, il est fort à parier que ces artistes complets sauront nous proposer à l’avenir des compos aussi variées qu’accrocheuses. "Un vibrant hommage à la musique forte" comme se plaît à le rappeler Ray Glow, l’heureux propriétaire de ces clowns clairement à part. Gag ! Juste après le set, l’organisateur demande à l’assistance de s’entasser du côté droit… histoire de redresser la Batofar qui commençait à pencher… Plus dangereux qu’ils n’y paraissent, ces clowns !



TERRORFLIEGER conclut cette soirée avec leur hard rock graisseux à souhait qui suinte bon l’ambiance des freeways américaines. Pour les avoir découvert en demi-finale de ce même tremplin, j’ai l’impression qu’ils ont progressé, le show explosif à souhait met en avant un brutal’n’roll efficace, mélange détonnant, à mi-chemin entre Motorhead et Aerosmith, un revival plus moderne qu’il n’y paraît, jouissif tout simplement.

Une E-X-C-E-L-L-E-N-T-E soirée, une ambiance au rendez-vous, respectueuse envers tous les groupes présents malgré la compétition, c’est ça le HeadBang, probablement un des derniers rendez-vous en France où l’on peut sainement découvrir des formations aussi différentes que talentueuses, l’occasion de découvrir ceux qui feront sans doute, le metal français de demain…