La review

HEADBANG CONTEST
L'Esprit Du Clan + GaidjinN + Fractal Universe + Gohrgone + Norwalk + Child Of Waste
La Flèche d'Or - Paris
21/05/16


Review rédigée par Sharknator


On ne les attendait plus. Ils avaient disparu. Ils s’étaient dissous, parce que "la motivation n’[était] plus la même". On avait perdu espoir. L'ESPRIT DU CLAN n’était tout simplement plus. Mais c’est alors qu’on nous fait signe des abysses le 6 Novembre… Et deux semaines plus tard, la nouvelle tombe : le groupe prépare un nouvel album. Le miracle inespéré, la sortie musique plus attendue que le messie pointe le bout de son nez sous le nom de "Chapitre VI" et fait saliver les metalheads. Il n’en faut pas plus pour annoncer une date le 21 Mai à la Flèche d’Or à Paris. Les jeux sont faits : L'ESPRIT DU CLAN est de retour parmi nous. Haut les cœurs les amis, car en concert, c’est une valeur sûre. Mais que devient le groupe sur les planches sans deux de ses membres pharess, Shiro et Clem ? Votre chroniqueur, à l’antenne.
Rappelons d’emblée que nous ne suivons pas ce soir un concert "standard" ; plutôt une sorte de compétition. En plus de L'ESPRIT DU CLAN, faisant plus office de guest que de tête d’affiche (quoique les deux peuvent s’appliquer), la Flèche d’Or accueille cinq autres groupes venus défendre leurs couleurs auprès des festivaliers chevronnés pour avoir l’honneur de figurer sur l’affiche du Motocultor 2016. Ainsi nous assistons ce soir à la finale nationale du HeadBang Contest, présentée par les illustres Rorchach du groupe 6:33, et Djej de Hell Of A Ride, deux petits coquins qui aiment se mettre des fessées en direct entre deux sets.



Ouverture, alors que la salle est encore relativement vide, sur un groupe parisien, CHILD OF WASTE, s’auto-qualifiant de brutal death metal. On a du mal à y croire tant le son résonne deathcore à nos oreilles. Et entre une musique grésillante et très peu entraînante, en passant par la coiffure et les écarteurs horripilants du chanteur, difficile de leur donner crédit. On pourrait leur accorder le bénéfice du premier groupe qui passe à 18h30, ce qui n’est pas toujours facile avec un public pas spécialement dans l’ambiance et peu nombreux, en tout cas ces gaillards-là n’ont pas ma voix.



On poursuit avec une bande de joyeux lurons tout droit sortis de Grenoble, que certains habitants de ladite ville ont suivi jusqu’à Paris pour les supporter. Et pas de doute, NORWALK, c’est du bon. Une musique efficace, une mise en scène particulière mais parlante (oh, les beaux mouvements et mimiques sinueux d’un chanteur serpentin et à la faconde tellement prolifique et rapide qu’on le comprend parfois à peine, et qui semble presque ramper debout, quelle classe). De quoi créer une ambiance ? Oui… si seulement ces jeunes grenobloises n’avaient pas tout gâché en headbangant tout en se tenant par la taille, occupant tout le devant de la fosse. Ça refroidit. Je serais quand même tenté de voir ce que donnerait ce groupe en festival, en face d’un public non monopolisé par des grenoblois excités ; pour l‘instant, j’ai un vote pour eux.



De nouveaux une petite bande de Parisiens, fans de parpaings. Vous trouvez ça absurde ? Eh bien c’est probablement le seul groupe sur terre à vendre de ce matériau frappé de leur logo au stand de merchandising, en plus de les brandir bien au-dessus de la tête à la manière d’un singe au tempérament pugnace durant leur prestation. Et c’est vraiment à partir de GOHRGONE que la vraie ambiance prend place. Les premiers pogos vraiment collectifs éclatent, avec en prime un ou deux circle pits, et des slams (notons que quasiment tous sont effectués par le même serial slammeur, un gros fan du groupe saisissant le micro à plusieurs reprises). Le chanteur y participe bien et déchaîne comme il faut la Flèche d’Or dans une salle encore pas si remplie que ça. Je n’imagine même pas l’ouragan que cela donnerait en festival ; ces gaillards ont mon soutien.



Vainqueurs de la finale du HeadBang Contest de Nancy, FRACTAL UNIVERSE figure parmi les favoris de la compétition. Avec un death progressif accrocheur sur un jeu de scène maîtrisé bien que sans trop de mouvements, le groupe nous offre un concert atmosphérique à l’excellente ambiance ; évanescent, exaltant, ce que l’on est en droit d’attendre d’un groupe de metal progressif. L’excitation n’est pas au beau fixe, mais tel n’est pas le but d’un tel groupe, jouant avant tout sur l’atout de ses morceaux longs et complexes, pour une expérience aux velléités plus intellectuelles et spirituelles que physiques. Dommage que l’ambiance et l’heure ne s’y prêtent pas forcément. Devant un public échauffé précédemment par la brutalité de GOHRGONE, et alors que la nuit n’est pas totalement tombée, FRACTAL UNIVERSE perd un peu de son punch. S’ils sortent parmi les vainqueurs, espérons que le Motocultor les programmera tard la nuit.



Mais qu’est-ce qui se passe… Où sont les micros ? Y'a pas de micro ? Alors voici sur scène trois silhouettes couvertes de noir des pieds à la tête (avec un coup de maquillage pour le visage), sans micro, qui vont nous faire un set 100% instrumental ? Je suis sceptique… jusqu’à ce ça démarre. Et GAIDJINN, c’est une foultitude de riffs bien accrocheurs allié à un jeu de scène très fluide et énergique ; à écouter et à regarder cette alliance on en oublie presque du même coup que le groupe n’a aucun chanteur. Un set captivant et subjuguant ; extrêmement réussi. Je vote.

Tout en sachant que je n’ai pas voix au chapitre, mon pronostic est le suivant : GOHRGONE et GAIDJINN iront au Motocultor 2016. En attendant le résultat, passons au retour tant attendu de L'ESPRIT DU CLAN.



On n’a pas affaire à des rigolos. Dans une chaleur étouffante, à peine le groupe des cinq entre sur scène qu’une Flèche d’Or s’enflamme et se décoche rapidement : les pogos démarrent avec une violence inouïe sur le riff explosif d’"Et Caetera", l’un des plus anciens morceaux du groupe issu de leur deuxième album. Un concert bluffant ; brutal, énergique, détonant ; épatant, tournant autour d’un mix de plusieurs de leurs titres cultes tels que "Fils De Personne", "Phénix", "Révérence" ou "Circus Frénésie" et faisant la part belle à leur dernier album "Chapitre VI", dont six morceaux (on a le compte) sont joués. Un torrent de violence dans lequel il est difficile de faire le moindre pas sans recevoir un pogoteur sur le râble, et si intense qu’Arsène lui-même en retire son t-shirt couvert de sueur. L’efficacité du set va jusqu’à faire fi d’un souci de micro, comblé par des riffs de guitare / basse par-ci et des mini-solos de batterie de cinq secondes par-là pendant plusieurs minutes, sans refroidir le public le moins du monde, loin de là. On a même le droit à quelques surprises : le tournage d’un clip pendant l’un des (sinon le) meilleurs titres du nouvel album, "L’Art Est Grand", pour lequel toute la salle redouble d’intensité, et Shiro, parti du groupe, reprenant du service le temps de chanter pour "Sur Les Murs". Une heure et demie de concert démentielle pour le bonheur de tous.



Avant de partir, Rorchach et Djej nous appellent nous, dans la fosse, ainsi que les cinq participants du HeadBang Contest, sur scène, pour nous annoncer les gagnants de la compétition. Le rideau tombe : ont gagné FRACTAL UNIVERSE et GAIDJINN ! Photos de groupe, poignées de main et tout le tintouin, on se quitte fair play et bons camarades.