HEART SOUND METAL FEST 2019
Leprous + Humanity’s Last Breath + Smash Hit Combo + Vola
+ The Dali Thundering Concept + [Stömb] + Promethean
Espace Jean Marie Poirier - Sucy-en-Brie (94)
06/04/2019
Review rédigée par Matthieu
La communauté metal a du coeur, et la dernière preuve en date est le Heart Sound Metal
Festival. Créé il y a quelques années, ce festival qui commence à prendre de l’ampleur a un
objectif : aider l’association Ensemble Contre les Leucémie. Et cette année, ce sont
LEPROUS, HUMANITY'S LAST BREATH, SMASH HIT COMBO, VOLA, THE DALI THUNDERING CONCEPT, [STÖMB] et PROMETHEAN qui se sont donnés rendez-vous à Sucy-en-Brie devant
plus de 500 festivaliers. Mais la journée a mal commencé pour l’organisation, qui est
contrainte d’ouvrir avec plus d’une demi-heure de retard les portes à cause de soucis
techniques… C’est donc avec une heure de retard que le premier groupe s’apprête à fouler
les planches.
C’est donc PROMETHEAN qui ouvre ce festival, alors que la salle se remplit lentement. Et qui
fera malheureusement les frais des soucis techniques, puisque visuellement, le groupe est
noyé sous un rideau bleu foncé sans aucune façade. Du côté du son, le premier titre est
également très laborieux : la voix puissante de Nicolas Cardoso (chant) est régulièrement
coupée, tout comme les guitares de Matthieu Cardoso et Gaëtan Marquer, qui ne sont pas
audibles en permanence. A contrario, le clavier d’Axel Hurard parvient à donner cette
touche symphonique au duo basse / batterie tenu d’une main de maître par Dino Dieleman
(basse) et Léo Godart (batterie). "Allez le Heart Sound !" hurle le chanteur entre deux
morceaux, pour motiver une foule très timide. Et les riffs repartent de plus belle, avec une
amélioration notable au niveau du son, ce qui nous permet enfin de profiter de l’intensité de
la musique de PROMETHEAN. La violence du death metal se mêle à la douceur des sonorités
épiques, et une touche de metal progressif sur certains passages plus techniques. Les deux
guitaristes se rejoignent pour aligner leurs harmoniques, alors que le bassiste headbangue
dans un rayon de lumière pendant que le chanteur s’appuie sur les retours pour des
hurlements lourds, haranguant au passage le public qui commence à remuer la tête. Mais le
set du groupe se retrouve raccourci, et c’est après quatre titres que les Franciliens nous
quittent, non sans avoir fait forte impression.
Setlist : "The Nameless Color", "A Forbidden Symphony", "L’Indicible", "Niobides".
Deuxième formation à entrer en scène, [STÖMB] ne perd pas de temps et le groupe démarre
directement après ses derniers réglages. Au centre, Aurélien (basse) occupe le rôle de
frontman en headbanguant et dansant presque avec son instrument devant une foule à
peine plus nombreuse. De leur côté, Tom et Aurélien (guitares) envoient des riffs parfois
saccadés parfois dissonants, mais toujours lourds sous les frappes rapides et précises
de Tom (batterie). Pas de chant, mais les harmoniques du groupe parlent pour eux, offrant
une telle diversité sonore que le show devient captivant. Très doués, les musiciens alternent
entre une rythmique propre et efficace ainsi que des parties lead au son perçant sorties de
nulle part. Acclamés, les musiciens prennent à peine le temps de souffler avant d’enchaîner.
Quelques samples viennent compléter ce mélange détonant qui mixe djent, metal progressif
et atmosphère pesante, ainsi qu’un peu de fumée pour nous plonger encore plus dans
l’univers étrange mais très prenant du groupe. Si quelques spectateurs headbanguent, le
bassiste ne se ménage pas et frôle presque le sol pendant que ses camarades sont plus
concentrés sur leurs manches, vu la difficulté de l’exercice proposé. Le groupe prendra tout
de même le temps de remercier le public à la fin de son show.
Setlist : "Terminal City", "Under The Grey", "We, The Duality", "Corrosion Joncture", "Veins Of
Asphalt".
On reste dans un registre djent avec l’arrivée de THE DALI THUNDERING CONCEPT qui
déborde d’énergie. Dès son entrée sur scène, Sylvain Conier (chant) n’arrête pas de
bouger, traversant littéralement la scène en hurlant et en sautant. Et son énergie est
communicative, puisque c’est la première fois que la fosse commence à remuer également !
Comme survoltés, Léo Natale (guitare) et Florian Ménard (basse) alignent des riffs aussi
lourds que saccadés sous des lumières totalement délirantes tant elles transforment les
membres du groupe en avatars. Oui, les géants bleus. Totalement invisible, Martin
Gronnier (batterie) se démène également. "J’aime bien ce qui est en train de se créer là !"
lâche le frontman avant que le deuxième morceau ne parte, avec toujours cette folie et cette
énergie débordante. Le groupe ajoute à sa mixture quelques samples, des parties lead
totalement barrées, des structures folles et une grande technicité, ce qui fonctionne
parfaitement auprès du public. Malgré le fait qu’il sautille sur scène depuis déjà un bon quart
d’heure, le groupe n’est pas fatigué et harangue même la foule à grand coups de "Allez
Sucy, on se bouge !". Mais à nouveau la performance est courte et le groupe est contraint
de quitter la scène après avoir été applaudi chaleureusement.
Setlist : "Ostrich Dynasty", "The Myth Of Hapiness", "Phoenix", "Cassandra", "There Is No Calm
Before The Storm", "Ink", "Realism".
On change clairement de registre cette fois avec l’arrivée de VOLA, qui semble avoir eu un
souci avec ses balances. Après un premier riff plutôt lourd sous une lumière assez claire, la
douce voix d’Asger Mygind (chant / guitare) enchante soudainement le public. Sa voix claire
contraste énormément avec la rythmique, teintée des sonorités electro / indus du clavier de
Martin Werner. De son côté, Nicolai Mogensen (basse) est plus calme, mais non moins
concentré. Derrière son kit, Adam Janzi (batterie) alterne entre frappes puissantes et petits
coups légers selon la situation. Le public adhère immédiatement, et c’est une salle presque
comble qui assiste aux déambulations d’Asger qui marche et headbangue en jouant, alors
que Martin semble comme possédé derrière ses deux claviers, alternant les sons clairs et
saturés. Si les parties leads sont très atmosphériques, les choeurs du bassiste participent
aussi à cette ambiance particulière. "Alright, let’s go back to another album" annonce le
frontman avant d’entamer un nouveau titre, sur lequel toute la fosse remue la tête. Plutôt
communicatif, le chanteur joue avec le public, sous des lumières plutôt douces mais
également un peu psychédéliques lorsque la rythmique s’intensifie. "This is the last chance
for you to scream !" lance le chanteur avant de démarrer le dernier morceau, qui sera encore
plus fédérateur que les autres, avec un semblant de mouvement en plein milieu du public.
Setlist : "Smartfriend", "Starburn", "Ghosts", "Your Mind Is A Helpless Dreamer", "Alien Shivers",
"Ruby Pool", "Whaler", "Stray The Skies".
Alors que VOLA n’a pas encore totalement rangé son matériel, des membres de l’association
Ensemble Contre les Leucémie ainsi que le premier adjoint au maire, Jean-Daniel
Amsler, montent sur scène pour une petite explication sur le don de moëlle osseuse, une
chose encore trop peu connue en France, accompagné d’un témoignage en direct. Mais
cette intervention ne sera suivie que par une salle qui s’est largement vidée, certains
préférant continuer de dévaliser littéralement la buvette et le stand restauration (qui ont
visiblement des soucis de quantité) plutôt que de suivre le discours. Après une petite
invitation à nous faire recenser sur le registre des donneurs, la scène est presque prête pour
le groupe suivant.
A nouveau le virage musical est serré lorsque le sample introductif des SMASH HIT COMBO
retentit dans la salle. En effet, la musique d’allumage de la Playstation première du nom
annonce que le moment sera geek ou ne sera pas ! Et dès les premières notes, les Français
envoient des riffs lourds au possible. Paul “HP” Henry et Florent “Mr.Void” Curatola
(chant) se postent sur le devant de la scène et alternent entre chant rapé et hurlements
puissants. Si le duo attire tous les regards, Brice “James” Winker (batterie) se déchaîne
sous une lumière assez sombre, tout comme Baptiste “Bat” Ory , Charly Wick (guitares) et
Matthieu “Bulldozer” Willer (basse) qui maltraitent leurs cordes pour sortir des riffs
saccadés et motivants, qui font remuer toute la salle. Très énergique, le groupe enchaîne
ses titres tout en haranguant la fosse en permanence. "Allez les geeks, on se bouge sur
celle-là !" lâche le duo de vocalistes alors que les riffs repartent déjà, déclenchant l’hystérie
au sein du pit. Si quelques passages plus calmes sont incorporés dans les compositions, le
contraste est d’autant plus saisissant et permet au public de se déchaîner encore plus sur
les breaks que lâche le groupe après avoir fait monter la rythmique en pression, notamment sur ce wall of death avec le hurleur du groupe au centre. "Vous en
voulez encore ?" hurlent les chanteurs, comme si la réponse n’était pas évidente. Et c’est un
titre supplémentaire qui est envoyé à pleine vitesse après de nombreux remerciements de la
part du groupe. Il va sans dire que leur prestation a été applaudie comme il se doit.
Setlist : "RPG", "Toujours Plus", "In Game", "Spin The Wheel", "2.0", "Die And Retry", "Hardcore
Gamer", "Animal Nocturne", "Baka".
Alors que la salle est toujours pleine, HUMANITY'S LAST BREATH s’installe sans aucune forme
de pression, alors que leur show est l’un des plus attendus de la soirée. Et lorsque les
lumières s’éteignent, tout le public s’attend à une claque, qui arrive dès les premiers riffs. La
lourdeur absolue s’abat sur le festival grâce à la guitare (aux… cordes inversées ?) de
Buster Odeholm qui ne tient pas en place, tournoyant sur lui-même. De l’autre côté de la
scène, Calle Thomer (guitare) headbangue en jouant, mais il est souvent oublié par les
spots de la salle, le plongeant lui et Marcus Rosell (batterie) dans une obscurité quasi
totale. Filip Danielsson (chant) semble tourner en rond au centre de la scène, mais nous
offre des hurlements monumentaux sous sa longue capuche qui laisse à peine dépasser ses
cheveux. Le combo aligne ses riffs de manière mécanique, et si la fosse s’est directement
lancé dans un pit de grande envergure… à ma grande surprise, il cesse peu à peu bien que
le matraquage continue. Sans dire un mot, les Suédois enchaînent les titres avec une froideur
évidente, et le chanteur continue de vagabonder comme une banshee errante sur la scène
en hurlant, alors que des techniciens accourent pour consolider la batterie, qui a visiblement
quelques petits soucis. Le frontman n’enlèvera sa capuche qu’au milieu du set, alors que
mon appareil est déjà rangé, mais continuera son manège sous une rythmique aussi
tranchante qu’assommante. Toujours aussi survolté, Buster continue de headbanguer en
abattant son médiator sur ses cordes, ce qui captive les premiers rangs. Mais la fin du set
arrive de manière aussi glaciale qu’inattendue, et le groupe quitte la scène, nous laissant
alors avec cette atmosphère pesante.
Setlist : nouveau titre, "Harm", "Bellua Pt1", nouveau titre, "Abyssal Mouth", "Detestor", "Human
Swarm", nouveau titre, "Ocean Drinker".
Dernier concert de la soirée, le fameux “Shuffle Show” de LEPROUS, dont la setlist se décide
donc en live. Les musiciens s’installent donc sous les acclamations et font tirer au président
de l’association Ensemble Contre les Leucémie un premier nom dans le chapeau. Et dès
lors, c’est "Rewind" qui commence, un des incontournables du combo norvégien. Au centre,
Einar Solberg (claviers / chant), totalement possédé par sa musique, aussi atmosphérique
que prenante, et qui provoque un mouvement de foule soudain. Le chant de l’homme
transporte littéralement la fosse, alors que Baard Kolstad (batterie) nous montre l’étendue
de son talent sous un rideau de lumières vertes. Un peu plus en retrait, Simen Daniel
Børven (basse) et Robin Ognedal (guitare) jouent en remuant la tête en rythme avec les
riffs qu’ils développent peu à peu. "Thanks to be part of it !" lance le frontman en tendant le
chapeau rempli des noms des chansons à la fosse. Et alors que le groupe s’autorise une
pause de quelques secondes, tout le monde se demande quel morceau sera joué. Ce n’est
que lorsque le chanteur commence à poser sa voix sur la douce mélodie de "Lower" que des
"Oh je la connais !" retentissent dans la foule. Pas question de remuer sur ce titre, alors que
Tor Oddmund Suhrke (guitare) aligne ses harmoniques devant nous. Très concentrés
lorsqu’ils jouent, les membres du groupe se donnent à 100% dans leurs composition, et la
communion avec la fosse ne se rompt que lorsque les titres sont tirés, avant de revenir
instantanément, en partie grâce à la voix incroyable du chanteur. Si certains morceaux
rencontrent un franc succès, d’autres, probablement moins connus, sont tout de même
joués avec la même implication. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et c’est avec la
puissante "The Price" que le groupe terminera son set, sous des applaudissements
retentissants.
Setlist : "Rewind", "Lower", "Acquired Taste", "Leashes", "Bonneville", "Triumphant", "Captive",
"Echo", "Salt", "Down", "The Price".
Il est tard lorsque nous quittons le Heart Sound Metal Festival. Les problèmes techniques
ont eu raison de la plupart des spectateurs dépendants des transports en commun, et les
pénuries de nourriture et buvette semblent en avoir agacé plus d’un, mais cette édition est
tout de même un succès pour l’association ! Côté concerts, PROMETHEAN, après un début
très compliqué, a largement convaincu, tout comme [STÖMB] dans un registre totalement
différent. THE DALI THUNDERING CONCEPT a énergisé toute la salle, alors que VOLA nous a
transportés jusqu’à la performance de haut niveau de SMASH HIT COMBO. Et même s’ils ont
littéralement roulé sur le public, j’aurais pensé HUMANITY'S LAST BREATH un peu plus humain,
mais je n’ai pas été déçu du set spécial de LEPROUS, qui a contenté tous les fans encore
présents avec ce cadeau exceptionnel. Et on remercie le festival, qui a pu rendre tout ça
possible, avec tout de même deux exclusivités de la part des têtes d’affiche !