HELLFEST
Clisson (44)
17/06/2016
Review rédigée par Solange
Cette année encore, le Hellfest nous prévoit trois jours bien remplis en concerts,
divertissements, installations, décors, shops etc. On ne découvre pas tout cela le jeudi
soir, mais on peut au moins profiter de quelques concerts au Metal Corner et revisiter la
place et ses boutiques made in Camden. C’est donc vendredi matin que l’on entre dans le
coeur du sujet en passant sous la, maintenant traditionnelle, cathédrale.
Au programme, les Norvégiens de SOLEFALD prévus sous la scène Temple, qui ont la
particularité de mélanger black metal avec diverses influences, viking, musiques du
monde, parfois même de l’electro. Six musiciens sont présents sur scène plus un peintre
qui créera un tableau sur la durée du concert. Le son est correct malgré un peu trop de
grave diffus, on entend bien le clavier qui apporte justement souvent des petites touches
électroniques. Le chant est très complet avec deux voix claires souvent superposées, et du
scream en plus. A la fin du concert, le peintre décollera des bandes de papiers qui
marquent le nom du groupe sur la peinture alors finie.
Je file alors sous la tente d’à côté pour le concert de SADIST, un groupe de death venu
d’Italie découvert il y a peu de temps. Technique, globalement très mélodique et avec un
fort côté prog, les quatre musiciens envoient déjà du lourd pour ce premier après-midi du
Hellfest. Le son est plutôt clean, comme avec beaucoup de groupes de death technique, la
basse est assez en avant, mélodique, "aigue" et se fait très bien entendre dans le mix.
Les parties de clavier sont jouées par le guitariste qui oscille, parfois dangereusement,
entre ses deux instruments – notamment sur "Season In Silence".
Je quitte le groupe un peu avant la fin pour aller jeter une oreille au "Antisocial" du BAL DES ENRAGES qui, vu l’heure, ont ameuté un public impressionnant devant les Main
Stages. Impossible de progresser plus loin que les écrans du fond. Succès mérité pour la
troupe qui dégage une énergie dingue, et le public est chaud bouillant.
Quelques pas de côté ensuite pour attendre HALESTORM qui arrive sur la Main Stage 1. Les
frère et soeur jouent pour la première fois au Hellfest et arrivent plus que motivés. Lzzy
mène le concert à merveille, sa voix live est impressionnante, puissante et en aucun cas
décevante par rapport aux albums. Leur concert est d’ailleurs beaucoup plus plaisant que
l’expérience studio pour moi, car je n’adhère pas à tous leurs morceaux que je trouve
parfois trop mous… Le concert en revanche est explosif, on ne s’ennuie pas une seconde.
Le groupe laisse un moment seul à Arejay qui nous fera un solo ponctué d’extraits de
reprises, un petit quart d’heure un peu "m’as tu-vu" mais ça ne fait pas de mal de temps
en temps.
A la fin de leur set je me dirige vers mon premier concert de cette année sous la Valley,
scène qui voit défiler de nombreux groupes de stoner et doom. Des ovnis se glissent par
ci par là dans la programmation de cette scène, et JAMBINAI en fait très certainement
partie. Un groupe sud-coréen qu’on peut grossièrement classer dans le post-rock mais qui
contient aussi des éléments de noise, expérimental, ambient et prog, le tout avec un petit
xylophone, un ordinateur, un "haegeum" et un "geomungo", des instruments
traditionnels ajoutés à la batterie et guitare (c’est exact, je ne connaissais pas leur nom
avant d’avoir cherché sur Internet !). Cette dernière oscille entre notes planantes et riffs
déchaînés, que la batterie renforce largement par des rythmiques déstabilisantes. Les
instruments traditionnels ajoutés à cela nous transportent dans un volet inconnu du post-rock. Définitivement un groupe à voir donc pour sa richesse musicale et ses variations
intenses d’énergie.
Retour sous la Temple pour le show de KAMPFAR qui a installé une scène majestueuse,
énorme backdrop aux couleurs du dernier album "Profan", petits drapeaux et coupes de
feux réparties sur toute la scène. Tout cela ajouté aux structures lumières qui cette année
sont en forme de croix renversée, on est déjà plongé dans l’ambiance sombre du groupe
(bien qu’il fasse encore plein jour !). Le groupe commence sur "Lyktemenn" et a une
énergie redoutable, cela malgré les récents soucis de santé de Dolk, qui nous avoue que le
concert n’aurait peut être pas pu avoir lieu. Les musiciens sont un peu en retrait par
rapport à la présence scénique de ce dernier, qui continuera comme d’habitude le concert
torse nu. Le groupe termine par "Mylder" et "Our Hounds, Our Legions" et aura
prouvé qu’il reste définitivement une valeur sûre en concert.
S’annonce ensuite le créneau difficile de la journée car jouent en même temps
TURBONEGRO, VADER et EARTH. J’opte finalement pour EARTH car c’est ma toute première
occasion de les voir. Doom avec de gros accents stoner, le groupe de Dylan Carlson n’en
est pas à ses débuts. Le guitariste est accompagné sur scène d’un bassiste, deuxième
guitariste et d’une batteuse. EARTH hypnotise le public avec de longs et lents morceaux,
forcément. Les sonorités, principalement de guitare, se rapprochent plus du stoner et rock
psyché. Les répétitions et longues notes se transformant en nappes naviguent plutôt du
côté du drone. En résumé, une expérience live tout à fait fascinante.
Après avoir reposé un peu les oreilles, je reviens sous la Valley plus tard dans la soirée
pour l’immanquable MAGMA. Mené par le batteur depuis la fin des années 60, le
monument français du rock prog a rassemblé ce soir-là une solide horde de puristes qui ne
bougeront pas de sous la tente pendant le concert. Il y a du monde sur scène, un chanteur
et deux choristes - même si tout le monde chante plus ou moins - xylophone, claviers,
basse, guitare et batterie. Le groupe part dans des envolées prog complètement dingues,
richesse musicale, rythmiques complexes inspirées du jazz alliées à une énergie rock tout
de même bien présente. Beaucoup de couleurs niveau lumières, qui accompagnent les
morceaux au millimètre et relèvent le moindre contre temps. A la fin le groupe salue le
public qui continue d’applaudir longtemps, plus longtemps que d’habitude. MAGMA,
grosse claque live pour ma part, même si je n’aurais jamais parié les voir au Hellfest !
Je déambule dans le fest qui s’est mis aux couleurs du feu depuis que la nuit est tombée.
Les flammes qui s’agitent sur les structures des bars et autres stands sont un spectacle à
elles seules. Je retourne finalement vers les Main Stages qui commencent à se remplir à
l’approche de RAMMSTEIN. Sur les têtes d’affiche, le périmètre devient peu praticable à
partir de plus en plus loin, plus que l’année dernière à mon impression. Dommage que le
côté un peu oppressant puisse du coup altérer l’appréciation des concerts, on espère des
améliorations de côté-là ! Le compte à rebours apparaît ensuite sur les écrans et
RAMMSTEIN entre en scène sur "Ramm 4" puis "Reise, Reise". Le grand spectacle est
encore là avec décors, machinerie, feux d’artifices et pyrotechnie. Malheureusement à
cette distance tout ça paraît presque moins impressionnant que la pyrotechnie du fest !
Après quelques morceaux à regarder l’écran et un bout de la scène, je constate vite que le
concert sera un copier-coller de celui du Download Festival de la semaine dernière et ne
m’attarde donc pas plus longtemps.
Je file sous la Valley à nouveau pour mon premier concert de SUNN O ))), curiosité de
drone / ambient et noise expérimental qui m’intrigue quant à son passage de l’album au
live. Je sais que le concert ne va pas me réveiller, ça sera plutôt une longue berceuse
avant de finir au lit. SUNN O ))) n’est que silhouettes, obscurité et fumée, je n’ai jamais vu
une scène aussi enfumée ! En même temps, ça plonge dans l’ambiance sombre et
hypnotisante qu’il faut pour apprécier ce genre de phénomène musical. Le concert
commence par une longue partie de guitares uniquement, notes longues et bourdonnantes,
expérimentations de sons tirées à l’extrême. Puis arrive le chanteur - je sais qu’Attila
Csihar est sensé être le chanteur live mais je n’irais pas jusqu’à dire que je l’ai reconnu -
il ponctue les morceaux de phrases dites, criées ou susurrées, toujours le visage dans
l’ombre comme les musiciens. L’ensemble donne une prestation solennelle et caverneuse
à la fois. Reviennent ensuite une autre partie instrumentale et une dernière partie avec le
chanteur, qui se finira dans un record de fumée où on contemple les silhouettes se
volatiliser en son milieu. Je reste perplexe et je mettrais un moment à redescendre de ce
show extraterrestre.