La review

HOODED MENACE + RAMESSES + EIBON
Espace B - Paris
17/04/2011


Review rédigée par Angie


Dimanche 17 Avril, Espace B, petit bistrot du 20ème arrondissement de Paris qui à première vue ne paie pas de mine, mais cache pourtant une salle de concert plutôt bien aménagée. Quelques barbus dégustent une bière en terrasse, j’en conclus sans trop d’efforts que je suis arrivée au bon endroit !



J’entre à temps pour écouter le set proposé par EIBON, groupe de sludge Français dont la musique crépusculaire m’hérisse déjà les poils des bras. C’est sombre et down-tempo à souhait, malsain comme pas permis. La chant de Georges est torturé, douloureux, tel un appel au secours, les notes surgissent du plus profond des entrailles et nous entraîne sans scrupule dans un univers abyssale. Les musiciens semblent jouir de souffrance, œil fermé ou regard fuyant, bouche légèrement entrouverte, le style musical est gravé dans leurs traits, la rage est extériorisée et partagée. Jérôme s’en tient à un kit de batterie simple et des plus étroit mais fort efficace, tout à fait suffisant pour créer un ensemble sonore volontairement pesant, dans lequel chaque coup de caisse claire devient massif et se fait attendre à tout instant, accentuant la puissance de jeu des 5 artistes. J’observe aussi un jeu de scène agréablement travailler, notamment pour le final dans lequel les musiciens, à bout de souffle, n’hésitent pas à s’asseoir afin de partager dans la plus grande intimité les derniers souffles de larsen avec leur public. Un très bon moment réciproquement partagé.



Le temps d’une petite pose, les Anglais de RAMESSES entrent en scène. Les deux anciens d’Electric Wizard (guitariste et batteur) créent une osmose méchamment nocive, escortée par le growl du chanteur-bassiste, effroyable. La batterie sonne presque en carton, pour un effet encore plus crade qui renforce l’insalubrité de leurs compositions. Certains passages tournent carrément au black / death, les riffs sont d’une lourdeur déconcertante, toujours plus écorchés vifs et cauchemardesques ; une masse musicale obscure stagne au dessus de nos têtes, l’essence du sludge / doom est à son apogée. On souhaiterait presque que ça s’arrête tant le mal-être est présent mais non, le style hypnotise, on reste, on en redemande. Ces gourous du sludge ont tout compris pour nous séduire et nous garder dans leurs filets. Je les revoie sur scène pour la deuxième fois et la prestation reste toujours aussi envoûtante et réussie.



Un deuxième break s’impose, histoire de se remettre les idées au clair. Les Finlandais de HOODED MENACE crachent rapidement leurs premières notes. Encore dehors, je remarque que certains abandonnent déjà de la salle ; ce n’est pas à cause de l’heure (en plus pas vraiment tardive !) cette musique semble plutôt les déconcerter… Plus qu’interpeller, je me précipite alors dans la salle pour me créer ma propre opinion d’un groupe dont je n’avais jamais entendu parler auparavant ; j’ai donc hâte de découvrir.
En me rapprochant, je perçois déjà des riffs sombres et lourds à foison, jusque-là rien de bien déroutant pour le public je pense ! Puis je découvre 4 musiciens au look particulier, puisque bassiste, chanteur et guitariste sollicite la capuche de leur sweet pour une allure des plus… hardcore! Ceci a été le premier effet engendré chez moi. Réflexion faite, ça n’a finalement rien d’étonnant pour un groupe portant le nom de "la menace à capuche", non ? Le groupe n’a donc rien de hardcore, (première découverte !) mais propose des accents musicaux des plus doom metal. Seul le batteur à laisser sa longue chevelure s’exprimer au gré de ses mouvements, ahhh… Alors, l’apparence aurait-elle choqué certains puristes anxieux de voir quelques mosh pits éclore ? Aucune idée. En tout cas, le son commence à me parler et les Finlandais s’engagent à me porter loin dans leur univers. Les graves sont à l’honneur, bassiste et guitariste arborent un accordage des plus bas, la voix est morne, hélas quasi inaudible sur certains passages à cause d’un effet de masque provoqué par les instruments aux mêmes fréquences graves, mais l’ensemble se veut indéniablement lugubre et nous plonge dans les scènes d’un vieux film d’épouvante. Les influences semblent être multiples, des tonalités boueuses, une voix black metal (et un style hardcore, j’insiste !), j’ai envie de citer ce groupe comme étant le pionnier du black / sludge / hardcore Finlandais ! Mais que nenni, j’arrête de divaguer, on en restera au fait que c’est un bon groupe de doom metal, tout simplement ! La menace gronde bel et bien dans la salle, telle l’annonce d’un mauvais présage, sans pour autant faire fuir la quarantaine de personnes fidèlement restée pour observer et soutenir ce groupe qui n’avait hélas ce soir-là pas vraiment l’audimat d’une tête d’affiche mais qui pour ma part m’a conquise.

Une affiche déjà alléchante pour une très belle soirée partagée avec trois groupes plus orageux et expressifs les uns que les autres, l’auditoire est conquis, à refaire pour les absents !