La review

HYPNO5E + PEGASUS + CHARBON
La Péniche Spits - Douai (59)
19/03/2016


Review rédigée par Miss Bungle


HYPNO5E a fait son second concert dans la région lilloise ce mois-ci. Une première fois en ouverture de PSYKUP au Théâtre Poche à Béthune et en tête d’affiche samedi soir à la Péniche de Douai. La salle n’est pas aussi remplie que prévu (peut-être justement, parce que le groupe a joué il y a trop peu de temps - 1 mois - dans le secteur), mais les gens qui sont présents ne se sont pas déplacés au hasard. HYPNO5E se fait rare et quand ils passent, on saute sur l’opportunité. Quelques têtes dans le public ce soir étaient aussi de la fête à Béthune.



Pour ouvrir ce concert, deux premières parties dans des styles particulièrement éloignés. C’est le groupe de math core experimental CHARBON qui a ouvert les hostilités. Le trio est composé d’un batteur, d’un guitariste et d’un bassiste. Point de chanteur puisque ce groupe est instrumental. Si les spectateurs semblent un peu frileux au début, c’est tout naturellement qu’ils se sont peu à peu ralliés à la cause du rock ambiant et quelque peu synthétique (nappes atmosphériques) du groupe. L’énergie est nécessaire voire indispensable quand on n’a pas de chanteur pour créer le lien avec le public. C’est exactement ce qu’il se passe avec CHARBON. Les quelques passages plus calmes sont rapidement breakés par des riffs incisifs, un rythmique qui fait mouche. Les morceaux sont bien construits, en progression constante dans la tension et qui ne laissent donc aucune place à l’ennui. Les musiciens, quant à eux, ont donné physiquement de leur personne en s’appropriant la scène. Le charme a opéré durant tout le set.



Pour succéder à CHARBON, un groupe donc totalement différent du style de ces derniers, PEGASUS. A ne pas confondre avec le groupe suisse du même nom qui, lui, fait dans la pop. Pas d’ambiant ni d’atmosphère ici. Juste une agressivité débordante via un hardcore testostéroné. Les membres du groupe sont aussi jeunes que le public auquel il s’adresse. Le chanteur revendique des influences telles que Parkway Drive ou encore Architects. Effectivement, leur musique ressemble beaucoup à Architects de par la construction des morceaux ainsi que le chant. Le style n’est pas très nouveau ni original mais il est assez efficace. On ne peut pas nier une énergie explosive avec des musiciens qui sautent dans tous les sens et un chanteur qui a, semble-t-il, travaillé ardument toutes ses poses. Toutefois, si le chant growlé est maîtrisé, on regrettera une vraie faiblesse dans la voix claire qui manque cruellement de justesse. Un point, qui n’est pas de détail, à travailler pour pouvoir être parfaitement convaincants pour la suite de leur carrière. Néanmoins, cela ne semble pas avoir perturbé le public si l’on en croit les pogos qui se sont déclarés.



Le temps de mettre en place la scène avec une nouvelle configuration : agrandissement de l’espace de jeu, mise en place des nombreuses lumières et installation des panneaux où seront retransmises des images…. Et HYPNO5E fait son entrée sur scène vers 23h00 sur l’intro de "East Shore".
Sur les écrans de part et d’autres de la batterie sont diffusées les premières images oniriques auxquelles on ne fera finalement pas très attention durant le show, hypnotisés (le groupe a bien choisi son nom) que nous serons par le chanteur / guitariste. Les musiciens sont baignés dans différentes ambiances lumineuses en fonction des atmosphères de chaque passage musical. Visuellement, c’est magnifique. L’équipe lumière a fait un travail de dingue pour sublimer HYPNO5E. Des turquoises, des mauves, des fondus multicolores pastel sur les passages doux, des explosions de lumière blanche et de stroboscopes sur les passages agressifs. Quelle poésie, quelle beauté ! Et scéniquement, c’est magique. La musique d’HYPNO5E se vit comme des courts métrages, des rêves séquentiels dans une alternance de fragilité et de puissance. Le public est pendu aux lèvres d’Emmanuel Jessua. Sa voix douce, avec en backing vocals le bassiste Gredin, est sublime. C’est un poème qu’il nous déclame. Et quand tout est déchaînement de guitares torturées, de batterie qui assène les coups précis et puissants, de hurlements plaintifs… les ombres des hommes se détachent dans la brume fine et les lumières cadencées tels des spectres fixés de façon éphémère sur une pellicule. Le public est totalement et indiscutablement dans un état de songe éveillé. Les yeux se ferment pour ressentir la musique de façon plus introspective. Les corps ondulent sur la vague sonore. Les applaudissements et les hurlements ne trompent pas sur le ressenti intense des fans. Une heure de pur bonheur avec une part belle au dernier album "Shores Of The Abstract Line", et un rappel qui va finir de mettre à genou le public.
Une petite parenthèse pour dire un énorme bravo aux ingénieurs son et lumière qui ont fait un travail formidable ce soir-là.

A la fin du songe, HYPNO5E nous laisse abasourdis, échoués sur le bord du rivage, orphelins. Le goût salé, en bouche, de la mer qui nous a chahutés dans tous les sens. Clap de fin !