La review

IMMOLATION + RAGNAROK + MONUMENT OF MISANTHROPY + EMBRYO
Le Backstage By The Mill - Paris
19/11/2019


Review rédigée par Candice


Si vous aviez voulu aller à un concert à Paris en ce Mardi 19 Novembre, vous n’auriez eu que l’embarras du choix. Le mien s’est porté sans hésitation sur IMMOLATION, en tournée depuis plusieurs mois et venant poser leur bagage à Paris pour la soirée. Ils sont accompagnés des Norvégiens de RAGNAROK et de MONUMENT OF MISANTHROPY et EMBRYO.



Le moins que l’on puisse dire, c’est que le public ne se bouscule pas au portillon pour entrer. Chose en soi plutôt surprenante au vue de la renommée d'IMMOLATION en France, cependant la désertion des soldats s’explique assez vite quand EMBRYO lance les premières notes. "Leonardo", premier titre de la soirée, suffit à lui seul à nous questionner quant à leur présence sur cette affiche. Entre metalcore et melodic death ultra moderne, EMBRYO n’a pas vraiment sa place ici et la majorité du public le sait très bien. Les applaudissements se font timides voire inexistants, mais le groupe ne se laisse pas intimider et poursuit sur sa lancée. Ainsi, "The Horror Carved" ou encore "The Same Difference", des morceaux qui auraient sans doute cartonné dans un tout autre contexte, tombent à plat dans l’indifférence générale. Nous notons l’apathie croissante et le manque de motivation de la plupart des membres d'EMBRYO, à mi-chemin entre le silence et l’immobilité, ponctués de quelques vagues tentatives de faire suivre le public. EMBRYO termine son set hélas sur cette même note, c’est désolant pour un groupe au potentiel comme celui-ci, mais il est vrai aussi que cela était prévisible…



MONUMENT OF MISANTHROPY prend le relais devant une foule un peu plus fournie et beaucoup plus encline à se déchaîner à l’écoute de leur brutal death assez basique mais efficace. Nous commençons par "Vegan Homicide" qui remporte un franc succès. MONUMENT OF MISANTHROPY rentre davantage dans le moule de ce soir et apporte sa touche ultra rentre-dedans et dénuée de tout artifice. Bien que le brutal death ne soit personnellement pas ma tasse de thé, je me surprends à être prise dans le tourbillon de batterie frénétique et du jeu de leur inoubliable bassiste qui nous délivre une performance impeccable et techniquement imparable. Les points forts de leur délirant concert sont incontestablement la reprise de "Fall From Grace" de Morbid Angel qui charme les adorateurs de death moderne comme les plus old school, et l’enchaînement "Foreboding Of Evil" / "Entering A New State" qui achève de convaincre les derniers sceptiques. MONUMENT OF MISANTHROPY, bien que second ovni de la soirée, sait s’imposer et reste fidèle à son image en nous balançant une setlist brut de décoffrage mais très soigneusement sélectionnée.



Le Backstage est maintenant plus rempli, même s’il n’est pas complet. La concurrence est rude, même pour des groupes aussi qualitatifs que RAGNAROK et IMMOLATION. RAGNAROK succède ainsi aux Autrichiens et leur brutal death, et font vibrer les murs de leur son black si particulier. Le groupe démarre avec l’explosive "Dominance & Submission". La rythmique ultra groovy et efficace se complète au timbre puissant et profond du chanteur. Sa performance est à la hauteur de son charisme ; il s’impose sans trop en faire, dans un jeu sobre et dénué de futilités. Nous poursuivons avec "In Nomine Satanas", un des deux seuls titres old school rescapés joués ce soir. Ce retour dans le passé se fait bien sentir, "In Nomine Satanas" tout comme "Pagan Land" un peu plus tard sont profondément marqués par l’esthétique true black où le sens de la mélodie si spécifique à RAGNAROK se fait moins présent. Cependant, les années ont passé et le live tend à effacer ces frontières, ainsi ces titres se fondent plutôt bien dans la masse. En effet, RAGNAROK a choisi ce soir de piocher dans l’ensemble de sa discographie, dont certains albums bien moins "true" que d’autres ! Ainsi, "Blood Of Saints", bien plus récente, connote par ses riffs plus modernes et sa rythmique effrénée correspond davantage au style musical actuel du groupe. Celui-ci nous fait d’ailleurs part de deux nouveaux morceaux issus de son (très bon) album sorti trois jours auparavant. "Chapel Of Shadows" et "The Great Destroyer" sont des tueries, magnifiées par le son quasi parfait dont le groupe bénéficie ce soir. Ces compositions sont une balance parfaite entre le black traditionnel et le black mélodique où la guitare fait de véritables merveilles. Il n’y a pas grand-chose à ajouter après avoir entendu ces deux beautés ! Leur show impeccable de bout en bout se termine par "Black Door Miracle", un dernier petit retour dans le temps où le groupe nous en met plein les oreilles et les mirettes à coup de riffs dissonants et frénétiques et de lights psychotiques. Une performance si excellente que j’ai trouvé bien trop courte. A quand une tête d’affiche pour RAGNAROK ?



La mise en bouche est désormais terminée, place à IMMOLATION. Egal à lui-même, le groupe arrive sur scène calmement et sobrement, du moins jusqu’à la première note de "Destructive Currents" qui réveille le pit aussi vite qu’un clignement de paupière. Lourd, gras tout en étant mélodique, il est bon de revoir IMMOLATION. A ma grande satisfaction, le groupe ne tarde pas à jouer "Father, You’re Not A Father" avec un groove et une saleté aussi palpables qu’en studio. Néanmoins, ma joie personnelle semble largement partagée, chez les plus agités comme les plus posés mais dont les yeux pétillaient tout autant. Il est simplement dommage que le groupe dispose d’un éclairage extrêmement mauvais, voire médiocre, mais surtout absolument pas adapté. Une petite frustration visuelle heureusement vite écartée par la performance impeccable et au millimètre près des Américains qui enchaînent les machines de guerre telles que Swarm Of Terror", "Into Everlasting Fire" ou "World Agony", des perles de death old school à la voix et aux riffs abyssaux ultra brutaux. A l’image de RAGNAROK, ne fait pas dans la discrimination et pioche dans l’ensemble de sa discographie. Ainsi, "Rise The Heretics", "The Distorting Light" de leur dernier album côtoie "Of Martyrs And Men" et "A Spectacle Of Lies", plus bateaux mais non moins efficaces, et le monstre "Burn With Jesus". Comme à son habitude, le groupe ne brille pas par sa loquacité et enchaîne les titres sans temps mort, ce qui ajoute à la tension et à l’exécution présentes dans la fosse. Professionnels et efficaces, on n’en demande pas plus pour prendre notre pied ! IMMOLATION a soigneusement gardé ses meilleurs titres – ou du moins les plus populaires – pour la fin, il est donc le moment pour nous d’atteindre le nirvana de la plus belle des façons. L’enchaînement "Dawn Of Possession" / "When The Jackals Come" nous achève par leur puissance et leur atmosphère sombre et malsaine. Nous profitons de ces dernières minutes de pur death à l’Américaine où IMMOLATION prouve une nouvelle fois sa haute position dans la scène.