La review

INQUISITION + ROTTING CHRIST + MYSTIFIER + SCHAMMASCH
CCO - Villeurbanne (69)
31/10/2016


Review rédigée par Carcharoth


Seulement 3 jours après le fabuleux concert de Behemoth au Transbordeur, les filles de Sounds Like Hell enchaînent avec une date non moins alléchante avec INQUISITION et ROTTING CHRIST en co-headlining ! Cette fois-ci, les black métalleux que nous sommes retournent en terrain connu puisque le choix de l'association s'est porté sur l'incontournable CCO, toujours au top pour ce genre de concert un peu plus intimiste... D'ailleurs, je n'y étais pas retourné depuis quelques temps et ça fait du bien de voir que le bar a été refait pour un résultat du meilleur effet ! En plus, les filles ont sélectionné une brasserie locale pour la bière, ce qui est une très bonne initiative nous permettant de déguster quelque chose de meilleur que d'habitude sur une telle date... Dommage par contre qu'il n'y ait plus eu de bière après ROTTING CHRIST, car vu la chaleur ambiante, on était nombreux à avoir soif, très soif ! Mais vu la qualité de l'affiche, on ne peut que pardonner SLH et se plonger corps et âme dans ce concert que j'espère dantesque...



Ce sont les Suisses de SCHAMMASCH qui auront ce soir la lourde de tâche d'ouvrir le bal devant un public encore clairsemé. Ne connaissant pas du tout cette formation, j'avoue que l'ambiance scénique m'a très vite rendu curieux... En effet, les Helvètes aiment la fumée et les ambiances sombres, ce qui colle parfaitement à leurs tenues de scène très travaillées, et particulièrement celle du chanteur / guitariste brodée et cousue de fil d'or... Le rendu ésotérique et mystique est du meilleur effet, tout comme le maquillage intégralement noir de ce même musicien, tant sur le visage que sur les mains ! Malheureusement pour moi, le plaisir auditif ne sera pas au niveau du plaisir visuel, SCHAMMASCH proposant un style de black metal avec lequel j'ai encore un peu de mal, ce genre de black atmosphérique, parfois psychédélique, jouant énormément sur les dissonances et offrant un résultat par moments quasi bruitiste et par trop d'aspect élitiste et difficile d'accès. Après, je conçois que je ne suis pas le mieux placé pour juger la performance des Suisses car oui, quand il n'y a pas un minimum de ligne directrice ou un minimum de mélodie, je me trouve très vite perdu... De plus, même s'il n'était pas mauvais, le son ne mettait pas toujours en valeur les guitares, tout du moins au premier rang, rendant l'ensemble difficilement compréhensible pour quelqu'un comme moi. Mais bon, les amateurs du genre ont eu l'air d'apprécier le show, et SCHAMMASCH aura quand même su créer une petite ambiance sympathique au sein du public du CCO, malheureusement pas forcément la plus en adéquation avec ce qui va suivre...



En effet, c'est au tour des vieux briscards brésiliens de MYSTIFIER de venir fouler les planches lyonnaises, et il va très vite paraître évident que le registre ne sera pas vraiment le même ! Cette fois-ci, seulement trois musiciens, des clous et pratiquement pas de maquillage, à part un peu pour le chanteur / bassiste. Chose étonnante, son micro est placé devant un minuscule clavier, ce qui dénote quelque peu avec le look plutôt agressif du trio ! Cette fois-ci, la prestation du groupe sera brute de décoffrage, et à la différence de leurs prédécesseurs, on trouvera beaucoup moins de fumée sur scène ainsi que des lights plus fournies et dynamiques. Quant au son, je ne sais pas vraiment quoi en penser car je ne sais pas si cela venait du fait que j'étais au premier rang... J'espère vraiment que c'était mieux dans la salle car pour moi, la basse était beaucoup trop forte et la guitare beaucoup trop discrète ! Ainsi, à part peut-être pour les fins connaisseurs du combo brésilien, il était difficile de comprendre quoi que ce soit aux morceaux... Il y avait pourtant de bonnes choses, mais aussi d'autres beaucoup moins qui pourraient me rappeler certains groupes de lycéens débutants ! De même, l'ensemble ne paraît pas très carré, mais malgré tout, le groupe bénéficie d'une bonne énergie et prend vraisemblablement plaisir à être sur scène ce soir. Ainsi, bien qu'il soit difficile de rentrer dans le concert de MYSTIFIER, l'énergie positive et communicatrice du combo va peu à peu faire son œuvre, détendant l'atmosphère et occasionnant les premiers pogos de la soirée. Alors voilà, malgré leurs nombreux défauts, les Brésiliens auront réussi à me donner la banane, et ça, ça n'a pas de prix ! De quoi accueillir les têtes d'affiche dans les meilleures dispositions possibles... Mais il faudra malgré tout m'aider à répondre à une question cruciale : pourquoi le clavier ? Quel est l'intérêt de cet instrument sur scène, surtout quand il est joué par le bassiste et que sa position devant le micro l'empêche de bouger et de se placer comme il veut ? Mystère...



Place maintenant aux tant attendus ROTTING CHRIST qui nous avaient déjà tant charmés cet été lors du Ragnard Rock Festival. Cette fois-ci, la plongée dans l'univers ésotérique des Grecs est immédiate, déjà grâce à une ambiance particulièrement intimiste, mais aussi grâce à une énergie scénique incroyable ! De plus, le son est en tout point parfait, permettant à chacun de profiter de tous les instruments et donc de tous les morceaux d'une setlist particulièrement délectable.
Cette dernière fait bien évidemment la part belle aux deux derniers albums dont l'excellent "Rituals" avec des morceaux comme "Apage Satana" ou "Elthe Kyrie" par exemple. Et franchement, la qualité d'exécution est incroyable, tant sur les passages rapides, que lors de moments plus mid-tempo ! Chaque morceau est parfaitement reconnaissable et appréciable, et tous bénéficient d'un jeu de scène sobre mais pourtant bien rodé et diablement efficace. Chaque musicien a l'air content d'être sur scène ce soir, s'amusant parfois entre eux, mais surtout avec le public qui ne demande que ça ! La température du CCO est définitivement montée d'un cran avec quelques pogos, d'oppressants mouvements de foule (surtout pour les premiers rangs compressés contre la scène) et même de rares slams ici et là. Tout le monde a vite été conquis par la performance de ROTTING CHRIST, mais sur de vieux morceaux comme "The Sign Of Evil Exitence" ou "Non Serviam", c'était tout bonnement l'orgie ! Tant d'énergie, de fougue et de qualité de jeu, ça laisse pantois... En fait, ce que les Grecs nous offrent ce soir, c'est une véritable leçon de metal que bien des formations plus jeunes seraient avisées de suivre ! Alors, certes, ROTTING CHRIST est un vieux groupe, mais ils ont su intégrer du sang neuf avec leur bassiste et leur guitariste soliste de même qu'ils ont su capitaliser sur leur expérience de bientôt 30 ans pour nous offrir un show puissant et sans prise de tête. Donc oui, ça en impose, ça force le respect et tout le monde s'en est tout simplement trouvé émerveillé comme si nous étions tous redevenus des enfants subjugués par des êtres extraordinaires ! Ce fut un grand moment de metal et de communion, au-delà même des carcans propres au metal extrême car le talent de ces Grecs et tout bonnement universel...
Bref, un groupe que j'aurais aimé voir jouer en dernier et surtout plus longtemps ! En tout cas, après les avoir vus deux fois cette année, je confirme un doux rêve qui a récemment germé en moi : voir ROTTING CHRIST faire une tournée pour ses 30 ans, un peu dans l'esprit de la tournée des 25 ans d'Enslaved ! Donc avis aux tourneurs, ce serait vraiment le pied...



C'est donc les Américains d'INQUISITION qui vont clore la soirée afin de défendre leur dernier opus en date, "Bloodshed Across The Empyrean Altar Beyond The Celestial Zenith", que j'ai eu le plaisir de chroniquer récemment pour votre webzine adoré ! Changement radical d'atmosphère pour le duo préférant les ténèbres à la lumière... J'avoue que j'étais très curieux de voir ce que pouvait donner le groupe sur scène, même si au fond, c'est surtout l'angoisse de ne voir que deux musiciens sur scène qui prédominait.
Et en effet, même si l'ambiance visuelle était plutôt agréable car correspondant bien à la musique d'INQUISITION, et même si le son était globalement propre et puissant, difficile d'occuper une telle scène avec en tout et pour tout un frontman... Certes, Dagon bénéficie de deux micros, un à droite et l'autre à gauche de la batterie d'Incubus, mais son jeu de scène se résume finalement à se déplacer lentement d'un côté à l'autre. Que la musique soit rapide ou que le groupe propose des passages plus atmosphériques, Dagon se contente de chanter un couplet d'un côté, puis de marcher jusqu'à l'autre pour y chanter le suivant... Alors bien sûr, cela pourrait coller avec le style pratiqué, mais quand on vient de voir ROTTING CHRIST, l'ensemble paraît vite plat et ennuyeux ! Après, il faut reconnaître que la setlist était plutôt intéressante et les morceaux des trois derniers albums rendent pas mal en live, même si Incubus montre quelques signes de faiblesse sur les passages les plus rapides, surtout au niveau de la double grosse caisse... Ainsi, les passages mid-tempo bien old school offrent un meilleur rendu, mais pas de quoi transcender les foules ! En fait, j'ai l'impression que le show d'INQUISITION se destine avant tout aux purs fans du groupe, mais il est beaucoup plus difficile d'accès aux simples curieux... Malheureusement, les Américains atteignent très vite leur vitesse de croisière, enchaînant les morceaux sans véritable passion, offrant ainsi une prestation on ne peut plus linéaire. Bien sûr, les puristes y trouveront forcément leur compte puisqu'à la recherche d'une certaine forme de transcendance cosmique, mais pour ma part, comme sur album, je suis toujours à la recherche de cette dimension spirituelle de la musique du groupe... Je pense d'ailleurs sincèrement que j'y arriverais mieux en écoutant "Ominous..." ou "Obscure..." posé sur mon canapé, seulement éclairé à la bougie et la pièce sentant bon l'encens !
Pour tout vous dire, je me suis forcé à rester jusqu'au bout pour les besoins de la chronique, mais ce n'était pas gagné d'avance... Enfin, comme je dis, je ne suis pas le plus à même de juger une telle performance et il me semble que les vrais fans ont pu y trouver leur compte. Pour ma part, la meilleure surprise restera l'utilisation de fumées verticales du meilleur effet de part et d'autre de la batterie, c'est pour dire ! Pour le reste, trop d'effets stroboscopiques, on aurait cru que le groupe cherchait à hypnotiser le public... Avec leurs riffs lancinants, je pense d'ailleurs qu'ils y sont arrivés, ne serait-ce que sur une partie de l'audience ! Un peu comme un spectacle de Messmer où seule une partie du public est réceptive... Ça n'a pas marché sur moi, et si cela a fonctionné sur d'autres, tant mieux ! Voilà en tout cas ma curiosité rassasiée, et je ne suis pas sûr de vouloir revoir INQUISITION dans l'immédiat, en tout cas en tête d'affiche... Mais s'ils ouvrent pour ROTTING CHRIST, pourquoi pas !

Cette soirée fut une fois encore une belle réussite avec son lot d'émotions en tout genre, des découvertes, des déceptions, mais surtout une grande confirmation qui aura suffi à me faire passer un excellent concert ! Avec une affiche de cette qualité, le public a su répondre en nombre, même si le CCO n'était pas plein, et ce seulement trois jours après Behemoth, ce qui est une sacrée performance sur la scène lyonnaise... Et mis à part la rupture de stock au niveau de la bière, l'organisation des filles de Sounds Like Hell était une nouvelle fois sans faille, confirmant une fois n'est pas coutume leur statut d'association number one en région Lyonnaise, et ce tout styles confondus ! Après ces deux concerts magistraux qui auront su nous donner des étoiles dans les yeux, nous sommes prêts à changer de décor et d'association pour accueillir dès le Dimanche 6 Novembre Dark Funeral et Krisun... En espérant que le public local en ait encore sous le pied pour faire vibrer le Ninkasi Kao comme il se doit !