INSOMNIUM + THE BLACK DAHLIA MURDER + STAM1NA
L'Alhambra - Paris
12/11/2019
Review rédigée par Matthieu
C’est devant un Alhambra dont la file se remplit peu à peu que je me rends ce soir pour une
déferlante de death mélodique. En effet, INSOMNIUM reviennent dans la capitale
accompagnés des Américains de THE BLACK DAHLIA MURDER (qui non, ne jouent pas du
black metal malgré leur “typographie”) et de leurs compatriotes finnois STAM1NA. L’ouverture
des portes tarde un peu, mais la salle se remplit gentiment.
Lorsque STAM1NA grimpe sur scène, l’accueil est un peu froid, mais il en faut plus pour
décourager le groupe qui s’élance alors à la conquête de Paris avec un premier morceau
très efficace. Pekka "Pexi" Olkkonen (guitare) arrose littéralement le premier rang en
headbanguant les cheveux mouillés pendant que Teppo "Kake" Velin (batterie) offre un
blast énergique sur lequel Antti "Hyrde" Hyyrynen (guitare / chant) et Kai-Pekka "Kaikka"
Kangasmäki (basse / chant) viennent hurler. Malheureusement, les nappes de clavier d’Emil
Lähteenmäki (claviers) ne s’entendent que très peu, alors que l’homme headbangue
derrière son instrument, mais le public rentre assez rapidement dans le jeu des Finlandais (et
le son nous parviendra un peu plus par la suite). Et si le départ du deuxième titre doit être
relancé, on leur pardonne aisément, vu l’enthousiasme qu’ils déploient à la tâche. "Merci !
We are happy to be here Paris, it’s our third time !" lance le chanteur, profitant d’une courte
pause pour annoncer le troisième titre. "As you can hear, we are finnish and we speak
finnish a lot !" ironise-t-il lorsque les membres se parlent en finnois. Pourtant, la barrière de la
langue ne freinera pas les spectateurs, qui se mettent à headbanguer avec le groupe sur
des riffs lourds qui mélangent death, thrash, heavy et toujours des accents mélodiques. "Je
suis heureux !" lâche alors le frontman qui tente de parler français, pour le plus grand
bonheur des fans. Mais bien vite, STAM1NA reprend ses compositions, Pekka arrosant
toujours le premier rang grâce à ses cheveux mouillés lorsqu’il ne participe pas aux choeurs.
La foule est calme, et les hurlements se succèdent, tantôts vifs pour Antti qui est
malheureusement peu audible par moments, tantôt caverneux pour Kai-Pekka, mais le
moins que l’on puisse dire c’est que le groupe séduit ! On ajoute quelques solos alternant
tapping et shred effréné à la rythmique massive, et c’est au bout de huit titres que le groupe
quitte la scène, en ayant l’assurance d’avoir conquis de nouveaux fans.
Setlist : "Paha Arkkitehti", "Sudet Tulevat", "Pienet Vihreät Miehet", "Masiina", "Viisi Laukausta
Päähän", "Kannoin Sinut Läpi Hiljaisen Huoneen", "Solar", "Enkelinmurskain".
On reste dans un univers violent, mélodique et rapide avec l’arrivée de THE BLACK DAHLIA MURDER, avec une entrée sur le sample du dernier album qui n’annonce que du bon. Et dès
le premier morceau, c’est une avalanche qui nous écrase totalement. Brian Esbach et
Brandon Ellis (guitares) alignent des harmoniques tranchantes à une vitesse incroyable,
pendant qu’Alan Cassidy (batterie) confirme son statut de machine en nous arrosant
généreusement de blasts et autre double pédale de manière très carrée. Les sonorités
lourdes de la basse de Max Lavelle (basse) se joignent aux hurlements viscéraux de
Trevor Strnad (chant) pour compléter cet ouragan, et c’est dès le premier morceau que la
foule part, sans plus d’avertissement. Au centre de la scène, le chanteur motive par sa seule
présence, et il n’en faut pas plus à la fosse pour remuer. Le groupe enchaîne directement
les morceaux, et c’est au troisième titre qu’un circle pit se lance sous les ordres du frontman.
"Show me what you’ve got Paris !" hurle-t-il alors que les spectateurs commencent à courir en
rond. Trevor profite des parties instrumentales pour danser en rythme avant de se remettre
à hurler, battant du poing en l’air, pendant que les musiciens headbanguent en alignant leurs
riffs de manière très efficace. "Bonsoir mes amis ? I will switch in english !" lâche Brian
Esbach en souriant. "How much of you have ever saw us before ? Good, so the other ones
are new ! Welcome to the show and keep fighting !" hurle-t-il alors que le show reprend,
ponctué par les hurlements du vocaliste soutenu par quelques choeurs hurlés. Chaque
morceau part sans prévenir, et fait à chaque fois des ravages dans la fosse, alors que
Trevor arpente la scène pour tendre son poing au dessus des premiers rangs. "Put your
fists in the fucking air !" hurle-t-il entre deux harmoniques tranchantes. Et si le groupe se
concentre sur "Nightbringers", leur excellent dernier album, les Américains n’hésitent pas à
revenir sur leurs anciennes compositions, comme la surpuissante "Everything Went Black".
"Thanks for your nice welcome, are you ready to rage again ?" lâche le chanteur alors que le
set s’approche de la fin. Mais le groupe n’a pas dit son dernier mot, et c’est avec un ultime
morceau qu’ils achèvent un set intense et qui n’a pas faibli une seule seconde.
Setlist : "Widowmaker", "Jars", "Contagion", "Miasma", "Matriarch", "Warborn", "What A Horrible
Night To Have A Curse", "Nightbringers", "As Good As Dead", "On Stirring Seas Of Salted Blood",
"Kings Of The Nightworld", "Everything Went Black", "Deathmask Divine".
On passe alors au clou du spectacle avec le sample introductif d’INSOMNIUM qui fait déjà
hurler les fans. Markus Hirvonen (batterie) s’installe alors derrière son kit pendant que
Markus Vanhala (guitare), Jani Liimatainen (guitare / chant clair) et Niilo Sevänen
(basse / chant) entrent sur scène. Et le premier titre démarre, sous les harmoniques
mélodieuses des guitaristes pendant que le frontman pose au centre de la scène en faisant
vibrer ses cordes. Les samples emplissent l’air, et les deux types de chant se mêlent à la
perfection. Markus Hirvonen pose sur les retours pendant que les lumières illuminent
littéralement la performance des Finnois, qui n’hésitent pas à jouer avec leurs instruments
autant qu’avec le public.
C’est donc tout naturellement qu’après avoir posé sa guitare sur
son genou, Markus rejoint son camarade guitariste de l’autre côté de la scène, pendant que
le bassiste hurle comme à son habitude. Et un set d’INSOMNIUM, c’est ça. Des guitaristes
complices qui n’hésitent pas à jouer face à face, à changer de côté, à rejoindre le centre de
leur espace de jeu, tout en alignant à la perfection des riffs planants, presque éthérés sur
une rythmique lourde et massive. "Paris, France merci ! Kiitos !" lâche Niilo en reprenant son
souffle. Et le son est toujours aussi excellent, même après des années et des années de
concert, le groupe ne se contentant pas de jouer devant nous, mais vivant littéralement ses
titres. "Come on Paris, let's start a pit ! We didn't play this one since a while, it is called "Into
The Woods" !". Et comme annoncé, le troisième titre fête ses dix ans, et c’est avec un circle
pit des plus rageurs qu’il est reçu par le public parisien. Les musiciens se déplacent en
quasi-permanence, et le show est tout aussi intéressant musicalement parlant que
visuellement. Haranguant sans cesse la fosse, les Finnois, qui étaient déjà assurés d’avoir
un excellent accueil, séduisent de plus en plus. Souriants, les musiciens donnent une âme
supplémentaire à leurs morceaux. La fosse explose littéralement à chaque introduction, et le
jeu des guitaristes est toujours aussi propre, même lors des parties en tapping. Le public
reste admiratif devant des musiciens qui n’hésitent pas à lever leurs instruments, suscitant
des acclamations de toute part. "La musique très bien ! Thank you Paris ! Please support
us, the poor finnish guys far from their homes !" plaisante le frontman. "Should we play some
more ? Why not older songs ?" continue-t-il, alors que la setlist semblait axée sur le dernier
album de la formation. Pourtant, la setlist pioche également un peu partout, avec notamment
la sublime et violente "In The Groves Of Death", qui en fera headbanguer plus d’un. Annoncée
comme le dernier morceau, le final voit le départ des musiciens, mais ces derniers
reviennent bien vite pour quelques morceaux supplémentaires.
C’est donc un enchaînement
intense de "The Primeval Dark" et la démente "While We Sleep" auquel nous assistons pantois
devant tant de maîtrise, de volonté et de puissance. Mais deux tabourets sont installés, et ce
sont Markus Vanhala et Jani Liimatainen qui reviennent avec un chapeau pour nous
interpréter une version acoustique de "One For Sorrow". Et ce n’est qu’après quelques
secondes qu’une corde de la guitare de Jani décidera de jeter l’éponge, mais cela n’arrêtera
pas les musiciens, qui plaisantent entre eux tout en jouant. Et à l’issue de cette petite perle,
les autres musiciens reviennent pour le vrai final, qui n’est autre que "Heart Like A Grave", sur
laquelle Niilo se retrouve coiffé du chapeau de Jani pour terminer cette intense
composition, qui marque la fin du set, applaudie comme il se doit.
Setlist : "Valediction", "Neverlast", "Into The Woods", "Through The Shadows", "Pale Morning Star",
"Change Of Heart", "And Bells They Toll", "Mute Is My Sorrow", "Ephemeral", "In The Groves Of
Death".
Rappel : "The Primeval Dark", "While We Sleep", "One For Sorrow" (acoustique), "Heart Like A
Grave".
Alors que nous sortons de la salle, j’entends un spectateur qui se plaint du manque de
politique dans le metal. Non désireux de lui partager mon expérience, je me contente de me
remémorer l’énergie brute de STAM1NA, la déferlante de THE BLACK DAHLIA MURDER (qui ne
joue toujours pas de black metal) ainsi que les riffs planants et savoureux d’INSOMNIUM.
Une soirée magique, avec diverses ambiances qui se sont succédées à merveille.