La review

KATAKLYSM + HYPOCRISY + THE SPIRIT
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
03/11/18


Review rédigée par Matthieu


C’est avec un oxymore puissant que la tournée réunissant KATAKLYSM et HYPOCRISY, deux monuments du death mélodique, s’est annoncée : "Death Is Just The Beginning". Et les géants ont choisi la Machine du Moulin Rouge pour ce concert, avec en ouverture The Spirit , un groupe totalement inconnu au bataillon. A une heure de l’ouverture de la salle, nous sommes une dizaine, et je crains que ça ne s’améliore guère par la suite...



Peu de temps après notre entrée dans la salle et devant une fosse pleine de vide, les Allemands de THE SPIRIT s’installent sur scène, dos à nous. Après une introduction très atmosphérique baignée de lumière bleue, MT (guitare / chant) nous lance un rapide "We are The Spirit" avant d’attaquer sur des riffs à la fois tranchants et planants au possible, mêlant black et death metal avec toujours une mélodicité omniprésente. A la batterie, légèrement décentré, MS est concentré sur ses frappes, pendant que AK (guitare) et AT (basse) headbanguent en alignant leurs parties. Le chanteur se décale de son pied de micro pour aller jouer avec les autres musiciens, mais n’adressera pas une parole à la fosse qui, même si elle peine à se remplir, entre lentement en transe. Côté lumières, le voile compact se voit parfois entrecoupé de quelques éclats tournoyants à la vitesse des riffs du groupe. Après ce que j’ai pris pour une poignée de minutes à peine, MT s’approche à nouveau du micro pour hurler "Alright, it’s the last song for tonight, it is called "The Clouds Of Damnation" !". Le frontman débute alors l’introduction de ce morceau perché sur un retour, pendant que les autres musiciens headbanguent comme à leur habitude, enveloppés par les lumières qui les mettront en valeur jusqu’à la dernière note. Le groupe est chaleureusement applaudi par le peu de spectateurs, qui n’ont rien raté de ce show.



Place maintenant à un groupe qui a marqué mes débuts dans le monde du metal, HYPOCRISY et son décor futuriste. Les membres entrent un par un après une courte attente, et c’est un épais nuage de fumée qui les accompagne alors qu’ils commencent le premier titre de leur setlist. Immédiatement, les fans de longue date commencent à headbanguer alors que Peter Tägtgren (chant / guitare) hurle déjà les premières paroles de "Fractured Millenium". De chaque côté de la scène, Mikael Hedlund (basse) et Tomas Elofsson (guitare) headbanguent puis posent sur leur retour avant de changer de place, pendant qu’Horgh (batterie) mitraille littéralement la salle à grand coup de baguettes. Les trois premiers morceaux s’enchaînent avec une précision et un sérieux dantesque, puis Peter annonce "Adjusting… The Sun !", qui me fera très probablement perdre une ou deux vertèbres dans l’opération, mais dont aucune note n’est ratée ou oubliée. La fosse profite d’ailleurs de ce titre pour commencer à bouger un peu au son pachydermique des Suédois. Pour "Eraser", alors que le frontman nous ordonne "sing it !" à chaque début de refrain, quelques slammeurs s’élancent sans grand succès depuis le milieu de la fosse, mais ne parviennent jamais jusqu’à la scène. "It's good to be here in Paris on a friday !" s’exclame le chanteur en reprenant son souffle. "Is it friday ? Oh no, Saturday ! Let me hear a saturday scream now !" continue-t-il avant de continuer le concert. Côté setlist, elle est (évidemment) beaucoup trop courte à mon goût, mais elle permet de revisiter le répertoire du groupe avec un excellent son, et un aspect SF à souhait entre la fumée et les lumières. "Paris, scream for me !" nous hurle Peter, avant de débuter le dernier titre sur un "Now I’ll scream for you !". C’est donc avec un "Roswell 47" et du charisme à volonté, ainsi qu’un petit coup de pied amical de Tomas à Peter, que s’achève ce show exceptionnel.

Setlist : "Fractured Millennium", "Valley Of The Damned", "End Of Disclosure", "Adjusting The Sun", "Eraser", "Pleasure Of Molestation" / "Osculum Obscenum" / "Penetralia", "Fire In The Sky", "Killing Art", "War-Path", The Final Chapter"Roswell 47".



Le changement de plateau est un peu plus long, mais une fois la scène prête pour KATAKLYSM, je m’aperçois avec désespoir que la fosse n’est pas vraiment plus remplie que pour le show précédent, faute de multiples concerts ce soir. Peu importe, Olivier Beaudoin (batterie) s’installe derrière son kit pendant que Stephane Barbe (basse) et Jean-François Dagenais (guitare) se placent sur la scène. Et c’est juste après l’arrivée de Maurizio Iacono (chant) que débute un "Narcissist" surpuissant qui va annihiler toute volonté du public de rester calme sur ce set.
Et l’enchaînement avec les morceaux suivants est très probablement la raison de la raideur de ma nuque au réveil. Rapidement, le show continue et frontman commence à s’adresser à la foule. "Est-ce que vous êtes avec nous ? Vous avez pas d’excuse, on est samedi ! Demain tout le monde est mort en train de récupérer d’aujourd’hui !", nous lance t-il avant que la fosse n’entame un circle pit. Les musiciens, qui changent régulièrement de place, headbanguent en rythme avec les hurlements rageurs du chanteur, et montent parfois aux côtés de la batterie pour un show de plus en plus visuel, alors que le frontman monte sur son marchepied. "La prochaine, je la dédie à tous vos ennemis", hurle-t-il, "Guillotine !". Tout en chantant, Maurizio récupère les slammeurs qui commencent à arriver, avant de nous demander "C’est quoi vous voulez ? Stress test ou wall of death? Allez, on fait les deux, je vous offre des bières !". Et c’est à ce moment que la fosse a été réellement prise de folie, alternant mosh désordonné, slams, et headbang frénétique au rythme du death mélodique des Canadiens. Surtout qu’après l’excellent "Guillotine" se sont enchaînés "As I Slither" et "Crippled & Broken", deux incontournables de la formation, avant une nouvelle intervention criante de vérité de Maurizio . "Le groupe a traversé des moments difficiles, on en vit tous, mais on en sort différents, il faut pousser la merde à l'extérieur ! We are The Outsider !". Et ces phrases n’ont jamais résonné aussi vraies dans mon esprit que maintenant, avant que je ne me brise pour la énième fois la nuque, alors que les musiciens alignent leurs riffs sans aucune difficulté, tout en frôlant le sol pendant leur headbang. Mais malheureusement, le concert avance et approche de la fin, alors je pose mon appareil photo et décide de profiter à fond des derniers titres tout en hurlant les paroles avec la moitié de la salle, tout en faisant voler mes cheveux. Pour le dernier titre, les slammeurs décident d’investir la scène, et il y a bientôt plus de public que de membres du groupe sur la scène, qui en profitent pour headbanguer en compagnie du groupe. Il va sans dire que la performance est applaudie comme il se doit !

Setlist : "Narcissist", "The Black Sheep", "Fire", "Thy Serpents Tongue", "10 Seconds From The End", "Guillotine", "As I Slither", "Crippled & Broken", "Outsider", "Manipulator Of Souls", In Shadows & Dust", "...And Then I Saw Blood", "Like Animals", Blood In Heaven", "At The Edge Of The World".

Comment conclure une soirée pareille… Les absents, quelle que soit leur excuse, ont eu tort, car KATAKLYSM a littéralement retourné la salle, déjà bien assommée après la prestation d’HYPOCRISY et l’ouverture hallucinante de THE SPIRIT. Je me suis retrouvé dans mon élément, tout en ayant attendu les Suédois depuis des années, mais il n’est que justice de dire que tous les groupes ont été merveilleux. Ma nuque me fait mal, et je me demande déjà comment je vais pouvoir assurer les prochains concerts, mais je suis heureux comme je ne l’ai pas été depuis un moment !