La review

KORPIKLAANI + TURISAS + TROLLFEST
La Cigale - Paris
27/02/2019


Review rédigée par Matthieu


Deuxième concert de la semaine, et on change totalement de style ce soir ! Sortez vos pintes et vis cornes, car ce soir KORPIKLAANI reviennent, accompagnés de TURISAS et TROLLFEST ! Le champ de bataille de ce soir, c’est la Cigale ! L’entrée se fait très tôt, mais les spectateurs sont déjà présents en nombre. Et la scène que nous découvrons en entrant dans la salle est recouverte de ballons...



Mais lorsque les lumières s’éteignent, je comprends pourquoi les ballons sont de sortie, puisque l’introduction de TROLLFEST est déjà très enjouée ! Et l’hilarité s’emparera de la salle lorsque les membres vont arriver un par un costumés en… Princesses Disney. C’est donc la Reine des Neiges (Trollbank) à la batterie pendant que Blanche-Neige (Mr. Seidel) et sa guitare se place sur le devant de la scène en souriant aux spectateurs. Mais le vrai coup d’envoi, c’est l’arrivée de Trollmannen (chant / percussions), dont le crâne est orné d’une énorme couronne en ballons. Et le plus drôle dans tout ça, c’est le décalage entre le style très comique des musiciens, et la rythmique lourde, jouée sur des instruments ornés de guirlandes lumineuses.
Et dès le début, les musiciens sont tous très mobiles, et ne perdent pas une seule occasion d’haranguer la foule, qui commence déjà à mosher. Et je ne saurais pas dire où était le plus joyeux bordel : sur scène ou dans la fosse. Lodd Bolt (basse) sautille et entraîne les autres musiciens à jouer avec lui, alors que DrekkaDag (saxophone) campe derrière son pied de micro. Tous les musiciens participent aux choeurs, et ce n’est qu’à partir du deuxième morceau, introduit par un "Good evening Paris !" que l’accordéoniste ne se placera derrière un clavier. Et le carnaval repart, avec toujours cette bonne humeur constante qu’affichent les musiciens. Le chanteur lance des ballons à la fosse avant de se saisit de baguettes et de frapper avec hargne sa caisse claire. Et l’énergie est communicative, puisque le public ne s’arrête pas ! "We will play another song for you, it’s called "Toxic" !" annonce le chanteur, ce qui provoquera une montée de hype dans la fosse, avant qu’elle ne soit littéralement ravagée par les mosheurs, entre deux jetés de médiators. Le chanteur se débarrassera finalement de sa couronne, et le groupe ne faiblit pas. Le frontman ose même un petit "troll" (notez la qualité du jeu de mots) en annonçant un morceau calme, alors que c’est finalement "Illsint", l’un des morceaux les plus rapides de la formation qui démarre sur un blast surpuissant. Et c’est tout le concert qui suit cette trame, car le chanteur a la blague facile, et ordonne au public de l’aider à organiser ce joyeux bordel. "You people just jump with us, you just go to the front, then the back, then come back to the front !" nous lance-t-il. "We want real chaos !". Vous l’aurez compris, c’est la joyeuse "Kaptein Kaos", morceau phare de l’album éponyme, qui démarre alors que les sept musiciens haranguent et jouent avec la fosse. Enfin ceux qui ne sont pas en train de faire des longueurs dans la fosse du moins. Et il ne se passe pas une seule seconde sans qu’un des musiciens ne grimace à l’attention des premiers rangs, ou fasse des signes de la main. "We want you to do a queue-leu-leu !" hurle le chanteur, alors que le public assiste, abasourdi, à la descente du bassiste dans la fosse pour lancer le mouvement. Et autant voir des enfants faire ça dans une cour de récréation m’ennuie profondément, autant observer une bonne centaine de metalheads chevelus et barbus suivre un chevelu en costume de princesse parcourir la fosse, ça c’est drôle ! Le bassiste regagnera donc son poste après avoir chanté ses choeurs dans un micro dans le fond de la salle près de la régie, mais le mouvement continue chez les spectateurs. Visiblement fatigué de jouer, Mr. Seidel posera sa guitare et haranguera la fosse, laissant à son acolyte la joie d’aligner seuls les riffs.
"We have just two more songs for the rest of the night !" annonce alors Trollmannen pendant que ses musiciens jettent encore des médiators. Et si le morceau suivant est plutôt sérieux (ce qui est un bien grand mot pour TROLLFEST), le chanteur demande un wall of death pour le dernier. Et le bassiste se jette d’un coup dans la fosse pour slammer alors que les autres organisent une chenille sur scène. Oui, vous avez bien lu, ces gars sont totalement barges, mais c’est excellent ! Et on en redemande, mais le set est malheureusement déjà terminé !

Setlist : "Fjøsnissens Fjaseri", "Kjettaren Mot Strømmen", "Toxic", "Steel Sarah", "Illsint", "De Tre Bukkene Berusa", "Kaptein Kaos", "Professor Otto", "Deildegasten", "Solskinnsmedisin", "Espen Bin Askeladden", "Helvetes Hunden GARM".



La scène est grandement réaménagée : plus de ballons et autres accessoires colorés, puisque la bannière de TURISAS est dressée, et des drapeaux noirs sont plantés entre la batterie et le clavier. Quand la lumière se baisse, les fans sont attentifs, et assistent à l’entrée très sobre des musiciens. Jussi Wickström (guitare) et Jesper Anastasiadis (basse) croisent les bras, de Mathias "Warlord" Nygård surgit littéralement entre les drapeaux sous les acclamations d’une fosse déjà conquise et qui n’attendait que son arrivée pour être pleinement satisfaite. La rythmique est précise, encadrée à la fois par la batterie martiale de Jaakko Jakku, mais également les claviers de Robert Engstrand, malheureusement caché par les puissantes lumières rouges et bleues.
Véritable meneur de troupe, Mathias s’assure le soutien de toute la fosse dès le premier titre en haranguant les premiers rangs, alors que les musiciens posent sur les retours. Les spectateurs répondent positivement à la moindre sollicitation, et le chef de guerre se retire finalement à la fin du premier titre pour laisser à Caitilin De Ville (violon) la possibilité de rentrer de la même manière que le chanteur. La demoiselle se place au milieu de la scène, et commence à jouer une sublime mélodie, rapidement rejointe par la rythmique de "A Portage To The Unknow". Et lorsque le chanteur reparaît, tous les musiciens se placent sur les côtés pour des choeurs guerriers, qui sont également repris par la foule. "Thank you Paris, it will be a night to remember !" nous lance le frontman. "Thank you for joining us in this journey, we will go "To Holmgard And Beyond" !". Et le titre part, avec une énergie folle qui se ressent dans chaque centimètre carré de la fosse, qui headbangue à tout va alors que les musiciens jouent côte à côte, tout en sachant se mettre en avant sur certains passages. Côté son, le chant passe d’une saturation guerrière à un chant clair énergique et mélodieux, alors que le guitariste semble avoir quelques soucis puisqu’on ne l’entend plus, mais le son reviendra assez rapidement. Nous sortons du pit photo alors que les premiers slammeurs commencent à pointer le bout de leurs rangers, et "We Ride Together" fédère une nouvelle fois la fosse ! Le chanteur prend le temps d’introduire les titres, en expliquant rapidement l’histoire du morceau, et finalement il coupera le rythme du show en demandant l’aide des fans. "On the next song, we gonna need your help !" annonce-t-il. "There is just two words to say ! Paris, you are the loudest crowd ever, so please help us ! On this side, you have to scream "Battle" ! And what about you, what will you scream ?". Vous l’aurez compris, c’est pour la célèbre "Battle Metal" que l’intégralité de la Cigale se joint aux Finlandais pour un rendu impressionnant. A l’image de la "queue-leu-leu" du groupe précédent, TURISAS fédère son public comme peu de groupes en sont capables. La violoniste se rendra seule dans une robe blanche à la suite de cette prouesse, puis sera rejointe par les musiciens, qui ont finalement enlevé le gros de leur costume, probablement à cause de la chaleur abondante. Et la ferveur dont je parlais se retrouvera à nouveau sur "Stand Up And Fight", un autre incontournable de la discographie du groupe, avec une armée de headbangers dévoués. "Paris, every night has an amazing moment, and it is the time! I just have one question, do you know how to dance ? This is "Rasputin" !" hurle le frontman alors que la rythmique part déjà. Et une fois de plus, c’est littéralement la guerre dans le pit, avec des hordes de guerriers, dont certains maquillés aux couleurs du groupe. Mais j’en arrive à me demander qui est le plus déchaîné : le public ou Mathias, qui danse en chantant, saute dans tous les sens, headbangue sur les retours devant lui… "Merci Beaucoup Paris ! Kiitos ! This is the moment where a band fakes to leave and comes back ! So have a drink, stay here, see you soon !" annonce le chanteur avant de partir en coulisses comme les autres musiciens.
Le concert est-il vraiment fini ou vont-ils réellement revenir comme prévu ? Nul ne le sait, mais les techniciens installent des chaises et règlent des pieds de micro sur scène à la hâte, et il ne faut que quelques minutes au groupe pour revenir, démaquillé. Et ce sont deux titres supplémentaires que TURISAS offrira à son public, dans le plus grand des calmes et en acoustique, car le metal folk, c’est également une communion avec des mélodies. Bien que très différentes de ce que l’on a habitude d’entendre de la part du groupe, les fans semblent ravis.

Setlist : "As Torches Rise", "A Portage To The Unknown", "To Holmgard And Beyond", "We Ride Together", "Hunting Pirates", "Battle Metal", "Five Hundred And One", "Stand Up And Fight", "Rasputin".
Rappel : "The March Of The Varangian Guard" (acoustique), "For Your Own Good" (acoustique).



La scène est changée à la hâte, car le temps presse. KORPIKLAANI est sur le point de faire flamber les planches de la Cigale ! Les musiciens entrent un par un sous les applaudissements, et sourient face à la foule.
Ils commencent à jouer, et c'est Jonne Jarvela (chant) qui s’avance face à nous, coiffé d’un immense chapeau. Tous sont plutôt mobiles, et semblent vraiment heureux d’être de retour à Paris, surtout Tuomas Rounakari violon) et Sami Perttula (accordéon) qui s’avancent gaiement vers une fosse qui remue déjà, rejetant les premiers slammeurs, qui sont livrés à eux-mêmes, vu le peu de réactivité de la sécurité. Jonne joue avec son pied de micro, pendant que Jarkko Aaltonen (basse) déambule tranquillement, pieds nus, en caressant son instrument. Assez statique, Cane (guitare) sourit même pendant ses choeurs, alors que Matson (batterie), frappe avec énergie sa batterie. "Hello Paris !" lâche finalement le chanteur, "This is "A Man With A Plan" !". Et le frontman retire son chapeau avant de s’approcher du bord de la scène, pour contempler les slammeurs qui arrivent de plus en plus nombreux, sous une lumière assez vive, mais absolument parfaite pour le style folk joyeux des Finlandais. Le massacre se poursuit du côté de la fosse, et les premiers rangs headbanguent à s’en rompre le cou, alors que le groupe enchaîne les morceaux. Bien évidemment, des titres du dernier albums sont joués, ce qui ralentit quelque peu le rythme, mais des morceaux plus anciens viennent redynamiser le show. Jonne présente ses musiciens, joue avec son pied de micro, harangue la fosse… sa performance n’a définitivement rien à voir avec les précédentes. Cependant, le violoniste et l’accordéoniste semblent se mettre un peu plus en retrait que les autres, en se plaçant aux côtés du batteur. Le frontman se plaît à s’avancer sur les retours et à grimacer à l’attention des premiers rangs avant de hurler à nouveau dans son micro, dont le son faiblit parfois, mais est très vite rattrapé. Soudain, après une avalanche de morceaux plus ou moins énergiques selon les époques, le chanteur s’arrête. ""Wooden… Pints" !" s’égosille-t-il avant que le classique ne parte d’un seul coup, faisant à nouveau remuer la fosse comme une marée de bière. La motivation du public n’a pas faibli, mais le groupe part aussitôt après que ce morceau ne finisse, remerciant rapidement le public.
Et le public commence à hurler "Beer Beer !" à tue-tête, ce qui a pour effet de… faire débarquer Trollmannen, le chanteur de TROLLFEST. "People of Paris, do not despair !" nous lance l’homme, "We are here for a song about beer !". Les musiciens de KORPIKLAANI reprennent place, alors que les membres de TROLLFEST les suivent, armés de… bières. Et les deux formations entament ensemble "Øl Øl", la version norvégienne du classique des Finlandais. Il va sans dire que la fosse explose à nouveau, mais le morceau est court. "Someone want Vodka ?" hurle Jonne avant que la rythmique de cet hyme à l’alcool ne retentissent dans la Cigale, déclenchant pour la dernière fois la fureur du public parisien. Les membres de TROLLFEST participent aux nombreux choeurs du morceau, et c’est sur un "Thank you Paris ! Thank you for coming, and good night !" qui clôt la soirée. Enfin clôt, non, car certains membres restent sur scène pour faire faire une ola à la fosse, qui leur mange dans la main et l’intégralité de la salle hurle à leur commandement. Setlist : "Neito", "Korpikuusen Kyynel", "Aallon Alla", "A Man With A Plan", "Juomamaa", "Kallon Malja", "Pellervoinen", "Harmaja", "Kotikonnut", "Sillanrakentaja", "Kuin Korpi Nukkuva", "Lempo", "Pilli On Pajusta Tehty", "You Looked Into My Eyes", "Wooden Pints".
Rappel : "Beer Beer" (Øl Øl version), "Vodka".

Il n’est pas trop tard, les métros se remplissent déjà de metalleux épuisés. L’énergie du carnaval loufoque de TROLLFEST a réveillé en un instant une fosse parisienne plutôt timide à l’accoutumée, et le public était bouillant pour la guerre menée par TURISAS et la beuverie de KORPIKLAANI. Bien que partageant la même base musicale, ont chacun proposé un excellent show, dans leurs styles respectifs. Pour ma part, la soirée était fatigante car longue, mais je ne regrette rien !