La review

KREATOR + SEPULTURA + SOILWORK + ABORTED
Le Bataclan - Paris
26/02/2017


Review rédigée par Candice


Depuis peu, on constate le "retour" en France des méga-concerts, constitués d’un plateau artistique qui en met plein la vue. Cette année, ce sera le line-up KREATOR, SEPULTURA, SOILWORK, ABORTED. Oui, oui, tout cela en une seule soirée. La tournée est d’ailleurs un franc succès dans toute l’Europe, a affiché complet au Bikini (Toulouse), et au Bataclan les derniers billets seront vendus le soir-même !



Malgré le fait que la soirée commence relativement tôt (18h), la file d’attente est conséquente, le public a bien répondu à l’appel. C’est ABORTED qui se charge d’ouvrir le bal, et pas de la manière la plus délicate ! "Divine Impediment" rentre dans le lard avec des riffs lourds et une batterie frénétique, le tout dans une atmosphère un peu malsaine. Le groupe joue devant une salle encore peu remplie, et le public semble assez timide. Il ne se laisse cependant pas déconcentrer et enchaîne avec "Cadaverous Banquet". Ce titre de death / grind est crade et violent, comme on les aime. On a quand même quelques passages plus lents, pour mieux nous décoiffer après ! Globalement, leur set plutôt court – huit titres – est très efficace. On retient notamment "Retrogore" qui, avec son rythme effréné et la voix on ne peut plus "vomitive", sait comment déchaîner les foules. "Termination Redux", l’avant dernier morceau, oscille entre les passages death presque old school et les accélérations grind brutales et agressives. Enfin, le très bon "Bit By Bit" apporte la touche finale à ce petit concert bien sympathique. Lui non plus ne fait pas dans la dentelle ! Il tourne à 100 à l’heure, et le public le suit avec vigueur. Les slams s’enchaînent, et le pit est bien réveillé. ABORTED constitue une belle entrée en matière ce soir, en l’espace de quelques titres ils ont su chauffer l’audience, qui les acclame et semble réjouie. Ne versant pas particulièrement dans ce genre de death / grind, leur charisme et leur énergie sont tels que j’ai été malgré tout satisfaite !



C’est au tour de SOILWORK à présent d’investir la scène. On commence avec "The Ride Majestic", titre plutôt sympa. Le groupe délivre du death metal mélodique très moderne, bien construit et composé. Il faut dire qu’il a de la bouteille ! "Rise Above The Sentiment" est dans la même veine, si ce n’est que la mélodie et les chœurs sont encore plus accrocheurs. Le chant est puissant, le frontman a une véritable présence et interagit régulièrement avec le public. Celui-ci répond d’ailleurs bien à l’appel. SOILWORK déterre les vieux titres en interprétant "Bastard Chain" (2001), qui lui est bien plus brut et agressif. L’évolution de leur death mélo est presque palpable. Ce titre-là n’en est pourtant pas moins bon, au contraire ! La pression redescend d’un cran avec l’intro à la guitare acoustique de "The Living Infinite I", qui enchaîne sur un morceau très appréciable, un subtil mélange de violence et de mélodie douce, le tout dans une harmonie parfaitement orchestrée. L’ambiance est vraiment très bonne, le public se lâche comme jamais sur "Two Lives Worth Reckoning" et "Late For The Kill, Early For The Slaughter" qui, il faut le dire, incitent clairement au circle pit ! Le break de cette dernière, porté par la batterie effrénée, est puissant et entraînant. C’est un très bon titre en live. Tout comme ABORTED, le set relativement court s’achève sur "Stabbing The Drama", qui finit en beauté cette performance, dans un style certes bien différent de ce qui va suivre, mais qui s’intègre très bien à l’esprit de la soirée.



La salle est désormais comble, on sent que ce qui va suivre promet d’être mémorable. SEPULTURA vient ce soir présenter son nouvel album "Machine Messiah", paru en Janvier dernier. Pas moins de cinq titres issus de cet opus – salué par la critique - seront joués ce soir.
La guerre éclate avec "I Am The Enemy", morceau hyper thrash et agressif. Il fonctionne vraiment très bien sur scène. "Panthom Self" est un peu plus "exotique", avec ses percussions – et c’est Derreck Green qui s’y colle ! -, sa guitare à la sonorité orientale. Ponctué par un rythme et des breaks puissants, il sonne également plus moderne. Dans l’ensemble, l’ambiance est très bonne, le public est désormais bien plus vigoureux, il commence à sérieusement faire chaud ici ! Même si les quatre groupes présents ce soir se valent tous, il ne fait aucun doute que la plupart des metalheads sont venus spécialement pour les brésiliens de SEPULTURA, et bien sûr KREATOR. Le groupe réserve tout de même de la place pour les "vieux" morceaux, pour le plus grand bonheur de ses fans. Ainsi, "Desperate Cry", ou plus old school encore, "Inner Self" déchaînent les foules. Derreck Green sait comment les entraîner et les charmer, on est dans du très, très lourd ! Autre point fort de ce show, "Resistant Parasites", titre issu de leur dernier album. Ce morceau allie un groove de folie à un rythme lent et posé, le tout dans une atmosphère très sombre. Lui aussi fait son effet, même les plus réfractaires vous le diront !
On arrive à la fin du setlist, et autant dire que c’est le bouquet final ! Histoire de nous épuiser jusqu’au bout, SEPULTURA nous joue "Ratahamatta", du mythique "Roots" (1996). Derreck partage le chant avec Andreas Kisser, dans un fond musical tribal et sauvage. Tout simplement génial. Dernier coup de maître avec "Roots Bloody Roots", le morceau phare de la carrière du groupe. C’est le chaos total dans le pit, on ne tient plus personne ! Quelle performance ! SEPULTURA revient en force avec un album qui met le feu sur scène, et délivre une prestation impeccable. On espère les revoir bientôt, en tête d’affiche cette fois !



C’est dans une excitation et une chaleur intense que nous attendons les géants de la soirée. Ceux-ci finissent par arriver, et entament le set avec "Hordes Of Chaos", gros morceau thrash sur lequel tombe une pluie de confettis. C’est mignon ! Il semblerait qu’on ait affaire à un vrai spectacle ce soir. De plus, deux écrans ont été installés de chaque côté de la scène, où défilent des images en lien avec les morceaux. C’est le cas pour "Satan Is Real", premier titre de leur dernier album interprété ce soir. Autant je l’avais trouvé un peu longuet sur album, mais en live, le rendu est totalement différent. Petrozza est une bête de scène, c’est peu de le dire. Il assure à la fois le chant – qui est impeccable du début à la fin -, et la guitare, rythmique et soliste. Un frontman hors pair !
On enchaîne sur "Gods Of Violence", tout aussi excellent. Dans la fosse, le public est incontrôlable, il règne une euphorie difficile à contenir. Pas le temps de se reposer non plus avec "Total Death", morceau sorti de sous les décombres, de leur tout premier album "Endless Pain". C’est un morceau de pur thrash allemand de la première vague, et ça fait toujours autant plaisir de le voir joué sur scène. KREATOR interprétera pas moins de dix-huit titres ce soir, ce qui est assez conséquent. La quasi totalité a fait mouche, mais on retient quand même quelques passages qui affirment davantage la grandeur et la virtuosité du groupe. "Fallen Brother", notamment, qui est un hommage à toutes ces rockstars décédées, et ce qui en fait un morceau assez fort. Celui-ci est un show à lui tout seul, tout est parfaitement orchestré. Des photos défilent en arrière-plan, un sentiment d’union, de fédération envahit toute la salle. Musicalement c’est au top, tout comme "From Flood Into Fire", dont le solo, à la fois technique et mélodique, est assuré par Petrozza himself. On fait une petite pause avec "Apocalypticon", où deux personnes masquées débarquent sur scène et jouent des percussions qui vont introniser "World War Now". C’est LA claque du concert, tant ce morceau est efficace et entraînant. Du génie. "Hail To The Hordes" prend le relais, mais avec un peu moins d’engouement de la part des spectateurs. Il n’est pas mauvais, mais est un peu trop bateau pour remporter le succès dont "Cilivization Collapse" aura par exemple droit quelques minutes plus tard.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et KREATOR termine son set sur "Flag Of Hate""Under The Guillotine", deux excellents titres qui ont marqué, entre autres, son début de carrière. Ces morceaux sont très sombres et incisifs, et constituent un bon préliminaire au der des ders de la soirée, l’indémodable "Pleasure To Kill". Plongé dans un jeu de lumières incroyables, KREATOR crache ainsi ses derniers riffs thrash et ses paroles virulentes. Il part sous un tonnerre de cris et d’applaudissements, décidément, cette soirée a été excellente de bout en bout !

Cette soirée est à marquer d’une pierre blanche. Les quatre formations ont été remarquables, avec très peu de temps mort ni d’accroc. Malgré leurs styles musicaux parfois assez différents, l’ambiance était au beau fixe, et tout le monde a semblé très satisfait. Un concert vraiment mémorable !