La review

LOUDBLAST + BENIGHTED + FLESHDOLL
Le Divan Du Monde - Paris
17/03/2014


Review rédigée par Boris


On peut dire que le nom d'une telle tournée n'est pas piqué des vers ! La "Brutale Coalition" promet d'être aussi intense que l'avait pu l'être en son temps le cultissime "Brutal Tour" (avec Massacra, No Return et bien sûr LOUDBLAST) en 95. Une nouvelle génération s'est depuis développée en France, tout aussi dingue et créative, musiciens fiers héritiers de ces grands manitous du metal extrème. BENIGHTED vient de sortir un tonitruant et apocalyptique "Carnivore Sublime", tandis que FLESHDOLL s'est fait remarquer en fin d'année avec son brutal et ultra efficace troisième album "Feeding The Pigs". Quant au parrain, j'ai nommé LOUDBLAST, leur nouvel album "Burial Ground" sortira en... Avril. Alors pressés de tourner les gars? Tu m'étonnes !!!
Côté merchandising, Stéphane Buriez et Julien Truchan (entre autres) sont tous disponibles à taper la causette, se faire prendre en photo avec les "fans"... excusez du mot tellement incongru tant les musiciens créent une proximité avec le public, jusqu'à annuler toute distance. Un rêve inavoué devenu réalité peut-être pour Stéphane Buriez qui a su, au cours des années, fédérer une "metal family" respectée de tous et dans laquelle chacun peut s'y reconnaître.



Les lumières s'éteignent, un light show assez sombre et enfumé pose l'ambiance. FLESHDOLL entre sur scène, honoré de participer à cette affiche mais attention, tout aussi remonté !! Les Toulousains enchaînent "Feeding The Pigs" et "The Animal Factory" avec brio, même si le public semble plus attentif qu'autre chose. Alors ? Eh bien, on tombe la chemise avec Bastich (chant) qui manifeste une forte présence tant scénique que vocale ! Le son est très bon, les musiciens hyper carrés, infaillibles, avec mention particulière sur le jeu très haut niveau de l'ex-Gorod, Samuel Santiago (batterie) !! Brutal, efficace et entonnement "sombre" dû aux jeux de lumière, FLESHDOLL n'arrive pourtant pas à faire décoller le public, malgré la descente dans la fosse de Bastich. L’excellente reprise de Cannibal Corpse "Stripped, Raped And Strangled", qui fait l'unanimité, semblait être le seul repère... Le groupe quitte la scène après un "Sweet Apocalypse" des plus prémonitoires, sous les applaudissements, ce qui veut dire qu'il n'aura pas manquer d'éveiller la curiosité et l’intérêt des aficionados de death metal à l'ancienne.

Setlist : "Feeding The Pigs", "The Animal Factory", "A Feast For The Rats", "Dead Monochrome", "Stripped, Raped And Strangled" (Cannibal Corpse cover), "Perpetual Woarg", "Sweet Apocalypse".



Les rangs se resserrent pour BENIGHTED, attendu comme le loup blanc ! Je dois tout de même confesser que je n'ai réellement découvert les Stéphanois que depuis... "Carnivore Sublime". Eh oui, un peu la honte, dont je me suis remis après avoir passé toute une semaine à m'envoyer la disco du groupe. Bref. "X2Y" déclenche les premières furies, grand morceau malade d'une minute et quelques, les fauves sont lachés. Féroces, déjantés et visiblement heureux d'être là !! Il n'y a qu'à voir Olivier (guitare) au physique imposant, pour s'en assurer. Toujours issu de leur dernier album, "Noise" n'arrange pas les choses... les fameuses giboulées de Mars tombent bel et bien ce soir au Divan du Monde, Kevin (batterie) en est l'instigateur, impressionnant tout au long du set. Ultra carré, Julien (chant) en véritable Docteur Jekyll et Mister Hide module sa voix comme peu de vocaliste : grosse voix death, hurlé, cris de porc et autres phénomènes gutturaux non-identifiés. "Let The Blood Spill Between My Broken Teeth" fait figure de hit si j'en crois l'assistance pour le coup, ultra receptif et bien agité. Les circle-pits s'enchaînent, ça monte sur scène, ça se jette dans tous les sens avec la complicité de Julien qui invite à un furieux wall of death sur "Collection Of Dead Portraits". Venu du rock electro, Adrien (guitare) et Alexis (basse) sont déjà bien intégrés, même si ce dernier reste un peu à l'écart très concentré sur son instrument. Adrien s'approprie la scène autant que Julien et Olivier, assurant même les quelques parties rageuses au chant sur l'énorme "Experience Your Flesh". Quel show !!

Setlist : "X2Y", "Noise", "Let The Blood Spill Between My Broken Teeth", "Collapse", "Experience Your Flesh", "Carnivore Sublime", "Prey", "Collection Of Dead Portraits", "Fritzl", "Jekyll", "Slaughter/Suicide", "Slut".



L'arrivée de LOUDBLAST annoncera une toute autre histoire, plus sombre à en croire un requiem plutôt flippant en intro. Faut dire que c'est avec une certaine émotion que je vois pour la troisième fois les Loud's. Mon premier "gros" concert de metal, c'était eux, en 94 avec Carcass et Disabled à Bordeaux... 20 ans plus tôt, éméché, dans la fosse, cheveux en bataille, le cœur serré d'entendre alors les chefs d'œuvre de "Sublime Dementia".
Les Lillois nous apprendront ce soir, qu'il faut savoir tourner les pages, et que les plus malheureux seront toujours les plus nostalgiques. Preuve en sera, une grande majorité des titres seront issus des derniers albums. D'ailleurs, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur l'orientation du nouveau... qui s'annonce "surprenant". En attendant, "Steering For Paradise" nous remet les pendules à l'heure, la voix de Stéphane est de plus en plus rugueuse, profonde, ce qui donne un cachet assez différent à cette compo issu de "Disincarnate". Très différente de BENIGHTED, l'ambiance est ici plus massive, "heavy". Drakhian (guitare) et Alexandre (basse) s'imposent naturellement face à un public conquis du show qui leur est donné ! Le fidèle Hervé Coquerel, à la batterie, reste fidèle à lui-même à l'image de son frère d'arme : engagé et habité. Quelques incidents cependant auraient pu ternir le concert, à l'instar d'un type qui monte sur scène comme un bourrin et donne un coup de pied sur le micro de Stéphane manquant de lui péter les dents. Une corde qui se casse en plein milieu de "Emptiness Crushes My Soul", obligeant le maître de cérémonie à faire des pieds et des mains pour, dans le désordre : prendre une autre guitare, ré-accorder l'une, récupérer l'autre tout en assurant le chant... respect ! Il ne se laisse pas démonter en lançant un "J'ADOOOOORE PETER LES CORDES !!!" qui ouvre le premier titre du nouvel album : "From Dried Bones". Celui-ci est plutôt pesant avec une mélodie qui peut devenir entêtante, efficace, qui monte en crescendo pour un final explosif ! Second titre présenté, "The Abstract God" est du LOUDBLAST pur jus, avec ses accélérations inattendues, enchaînements de riffs typiquement death et ce groove particulier que l'on reconnaît à la bande à Buriez.

Setlist : "Steering For Paradise", "Flesh", "Emptiness Crushes My Soul", "From Dried Bones", "Neverending Blast", "Frozen Moments Between Life And Death", "The Abstract God", "The Bitter Seed", "A Bloody Oath", "Taste Me", "The Horror Within", "Cross The Threshold", "My Last Journey"

Je n'ai malheureusement pas pu rester jusqu'à la fin du set, mais je garde un souvenir très fort de la soirée. Les années passent et le death metal français n'est pas près de s'éteindre, surtout avec une telle affiche, ça risque de faire très mal dans les autres villes. Enfin, très heureux d'avoir vu BENIGHTED, découverte de ce début d'année pour moi. Comme quoi, chaque chose en son temps...