La review

MACHINE HEAD + HATEBREED + BLEEDING THROUGH
Zénith - Paris
06/02/2010


Review rédigée par Stanaron


Après un certain nombre de passages à Paris ces dernières années pour promouvoir leur dernier et déjà mythique "The Blackening", nous avons enfin le plaisir de voir MACHINE HEAD fouler les planches Parisiennes en tête d'affiche pour la première fois depuis longtemps. Et le combo Américain n'a pas lésiné sur les moyens pour apporter un spectacle de metal violent à son public à travers le monde. Ils ont prit la route en compagnie de l'illustre groupe de hardcore HATEBREED, et des jeunes BLEEDING THROUGH. Malheureusement, ALL SHALL PERISH ayant annulé quelques semaines avant la tournée, ils n'ont pas pu être des notres ce soir. Nous sommes donc au rendez-vous au Zénith pour une nuit de metal 100% Américain et rien qu'en entendant le soundcheck de MACHINE HEAD émanant de la salle, ça promet. A l'ouverture des portes, comme d'habitude les plus pressés courent pour profiter des places privilégiées à la barrière. Une demi heure d'attente et les lumières s'éteignent.



BLEEDING THROUGH, combo Californien formé en 1999, monte sur scène avec enthousiasme pour nous donner un metalcore assez mélodique tout en ayant la rage nécessaire à un certain nombre de pogos. La prestation est bonne, le son puissant, le jeu de scène correct, mais l'ingé lumières pourrait donner une crise d'épilepsie à un molusque paraplégique. A chaque coup de caisse claire, nous avons joyeusement eu droit à un coup de flash en pleine figure... et leurs morceaux comportent un certain nombre de blast-beats donc ce n'est pas peu dire. Le groupe est notable par les influences de black metal symphonique et de death metal mélodique apportées en grande partie par les claviers (pas toujours audibles cependant) fondues dans leur metalcore, et bien que certains morceaux passent plutot bien, la plupart sont gâchés par le chant clair mielleux au possible sur leurs refrains (on notera par exemple leur dernière chanson "Kill To Believe" si vous voulez un exemple). Un point que j'ai particulièrement apprécié cependant, de mon avis modestement subjectif, est l'humilité qu'ils ont eu de remercier le public tout en faisant remarquer que la plupart d'entre nous ne sommes pas venus pour eux, et n'avions jamais entendu parler d'eux avant. Je suis peut-être naif, mais j'ai l'impression que c'était honnête. Ils quittent la scène après un au revoir chaleureux et laissent place aux suivants.



Après une vingtaine de minutes de préparation, et l'exhibition de l'arrière plan où figure en grand la pochette de leur dernier album, HATEBREED, qu'il n'est pas nécessaire de présenter, monte sur scène. Et si les plus farouches se sont plaints de la violence des pogos de BLEEDING THROUGH, j'espère qu'ils ont eu la bienséance de ne pas se mettre au coeur de l'action pour HATEBREED. En effet, on peut leur reprocher beaucoup de choses musicalement parlant, en concert ça balance, et la fosse ne prend pas cinq secondes pour respirer, et ce soir en particulier. Le son est d'une lourdeur impressionnante et les musiciens sont en forme, particulièrement l'imposant Jamey Jasta au chant, qui saute partout sur scène en hurlant les paroles du groupe. Au début, on se dit que ça envoie fort, mais après quelques chansons, ceux d'entre nous qui ne sommes pas fans de hardcore commençons à nous ennuyer et à prendre notre mal en patience. Bien que certaines chansons soient accrocheuses, comme "In Ashes They Shall Reap", les structures se ressemblent toutes et la setlist en devient pour le moins monocorde. Cela n'empêche pas la fosse de rester en effervescence du début à la fin, particulièrement violente lors de morceaux tels que "Never Let It Die" ou "Doomsayer", en grande partie grace à la multitude de fans du groupe présente ce soir. HATEBREED nous offre meme du "Paris, vous êtes le meilleur public de la tournée jusqu'à maintenant"... quelquechose me dit qu'on est pas les premiers à l'entendre et qu'on ne sera pas les derniers non plus. Le combo envoie un dernier morceau "Destroy Everything" avant de quitter la scène et nous laisser respirer.



Un rideau est installé devant la scène et la musique ambiante tourne pour faire patienter le public en train de se rafraîchir entre les deux groupes. Quelques "Machine Fucking Head" se font entendre de temps en temps, mais "Diary Of A Madman" d'Ozzy Osbourne, qui en ce moment sert à annoncer l'arrivée des géants de MACHINE HEAD, passera inaperçu de la plus grande partie du public. C'est donc par surprise (sauf pour les habitués du groupe) que les lumières s'éteignent vers la fin du morceau enchaînant immédiatement sur l'intro de "Clenching The Fists Of Dissent" après la chute du rideau. Le son est ENORME, et qu'est-ce qu'on est content de les voir. La première chanson de plus de dix minutes montre que même après toutes ces tournées, on ne se lasse pas de voir MACHINE HEAD en live. Et bien que je ne sois pas fan de l'artwork biblique de leur dernier album, utilisé en décor de scène entièrement noir et blanc a quelquechose d'épique et spectaculaire. Après quatre jours d'affilée sans repos, le plus long qu'ils aient eu à faire de la tournée, le quatuor se montre tout de meme en pleine forme et content de jouer, malgré la voix de Robb Flynn qui fatigue parfois sur les notes les plus aigues. Sans surprise, ils enchainent sur "From the record "Through Ashes Of Empires"... this is "Imperium"", la chanson la plus connue du groupe, issue de l'album qui les aura fait revenir sur le devant de la scène en 2003. Ceci étant la dernière tournée pour "The Blackening", il va de soi que cet album est particulièrement présent sur la setlist, c'est donc sur "Beautiful Mourning" que le combo enchaîne, et bien que sur certaines parties le chant n'est pas audible, Monsieur Flynn parvient à faire chanter tout le Zénith en coeur sur le pont.



Une des choses notables dans un live de MACHINE HEAD et la récurrence, à chaque concert depuis le début du groupe, d'un certain nombre de discours pour annoncer les chansons. Et lorsque Robert Flynn commence à évoquer le fait que la setlist couvrira une bonne partie de la discographie du groupe, beaucoup d'entre nous s'attendent à "Old", on est donc pris de court par l'annonce de "Spine" de l'album "The More Things Change". En effet, MACHINE HEAD profite de cette tournée pour ressortir un certain nombre de morceaux qui n'ont pas été joués depuis très, très longtemps. Parmi ces derniers, "Ten Ton Hammer", "Struck A Nerve" (qui lancera le circle pit le plus grand que le Zénith puisse produire), "Exhale The Vile" et "Block". Nous avons bien sûr également droit aux classiques "Aesthetics Of Hate" hommage à Dimebag Darrell (bien qu'il n'ait pas été mentionné ce soir) et "Old" issu du premier album. Phil Demmell avec sa nouvelle guitare aux couleurs du grand Randy Rhoads lancera "Now I Lay Thee Down" du dernier album, jusque là rarement (jamais?) jouée en live, ainsi que "Enter The Phoenix" qui sert d'intro à la ballade "The Burning Red" (j'aurais espéré "A Farewell To Arms" à la place, peut être la prochaine fois). Le groupe nous salue et feint la fin du concert, peu crédible mais je suis toujours ébahi par le nombre de spectateurs qui partent sans voir venir le rappel à 15 kilomètres. Bien entendu, ils sont vite de retour avec "Halo" une des plus acclamées du dernier album, et évidemment, l'énorme première chanson du premier album de MACHINE HEAD, "Davidian", poussant tout le Zénith à hurler à plein poumons "Let freedom ring with a shotgun blast !".

Nous avons enfin droit à un chaleureux discours pour nous annoncer que MACHINE HEAD ne fera pas de concerts dans un futur proche pour préparer son prochain album, et après les deux derniers, on ne peut s'empêcher de se demander "que vont ils bien pouvoir faire cette fois-ci ?". Ils quittent la scène (pour de vrai) et le concert est déjà terminé. J'ai été ravi de voir que malgré des grosses tentions qui ont presque poussé le groupe à se séparer, ils sont de retour, et que Phil Demmell, qui a eu plusieurs malaises sur scène il y a quelques tournées, est à nouveau parmi nous, plus en forme que jamais. Bien que je n'ai personnellement pas vraiment apprécié la prestation des deux groupes d'ouverture BLEEDING THROUGH et HATEBREED, je dois leur tirer chapeau bas pour l'excellent travail qu'ils ont fait en chauffant la salle, sans quoi nous n'aurions pas su aussi bien apprécier le spectacle titanesque que nous ont offert les géants de MACHINE HEAD.