MARDUK + ARCHGOAT + VALKYRJA + ATTIC + STORTREGN
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
04/12/2018
Review rédigée par Matthieu
En sortant du bureau, je me rue vers la Machine du Moulin Rouge, car ce soir les flammes
de l’enfer vont se déchaîner sur Paris. En cause, la date unique de MARDUK, accompagnés
pour l’occasion d’ARCHGOAT, VALKYRJA, ATTIC et STORTREGN. Vu le nombre de groupes sur
l’affiche, c’est à 18h précises que les portes s’ouvrent.
Et à peine un quart d’heure après, les Suisses de STORTREGN montent sur scène devant une
fosse tristement vide. Ne reconnaissant pas le chanteur habituel, je m’interroge mais le
hurlement que la demoiselle qui le remplace poussera me convainc totalement. "Hey Paris,
we are Stortregn !" hurle-t-elle en shootant dans un gobelet posé sur scène alors que Johan
Smith et Duran K. Bathija (guitares) semblent déjà survoltés. Prenant appui sur le retour
devant elle, Alessia Mercado (chant) alterne entre growls caverneux et screams perçants
avec une facilité déconcertante, haranguant la foule au passage. Mais ses appels resteront
vains, et seuls une poignée de spectateurs lèveront leurs poings pour soutenir les suisses,
alors que le duo rythmique Samuel Jakubec (batterie) et Manuel Barrios (basse) nous
assure rapidité et efficacité avec un excellent mix. Côté lumières, il est parfois difficile de
comprendre tout ce qui se passe sous cet épais rideau, mais les membres savent
parfaitement ce qu’ils ont à faire, comme ce tapping coordonné sur l’introduction de "Lawless"
qui mettra tout le monde d’accord. Mais malgré ça, le public est timide, et même le "Paris,
move your ass you bastards of shit !" avant "The Forge" n’y changera rien. Cependant, tous
les spectateurs applaudiront l’excellente mais beaucoup trop courte performance.
Setlist : "Through The Dark Gates", "Shattered Universe", "Lawless", "The Forge", "Circular
Infinity", Nonexistence".
Changement de plateau, changement d’ambiance, car lorsque les lumières s’éteignent et
qu’ATTIC entre en scène, c’est presque comme une messe. Mais lorsque le concert démarre
enfin… le chant de Meister Cagliostro surprendra ceux qui n’étaient pas prévenus.
Impossible de ne pas faire le parallèle avec King Diamond ou Ghost tant les Allemands
collent à l’esthétique : maquillage, espace de jeu décoré avec les codes du blasphème (dont
un magnifique autel devant la batterie), voix aiguë, le tout sur un heavy metal old school.
Malgré la différence musicale entre eux et les autres groupes de la soirée, les musiciens se
donnent à fond : le chanteur se penche au plus près du public ou joue avec son pied de
micro, Katte , Rob (guitares) et Chris (basse) headbanguent en posant devant le public avec
une grimace, alors que J.P. (batterie) se retrouve effacé par les lumières ainsi que l’autel.
Arrivé un peu plus en nombre, le public parisien ne semble cependant pas emballé, mis à
part une minorité de connaisseurs. Bien que n’étant pas adepte du son des Allemands, je
leur reconnais une excellente prestance scénique et un très bon mix. "Hey, it’s the last one
Paris… It’s called "The Headless Horseman" !" lance le chanteur avant de clore le show avec
ce dernier morceau. Evidemment, les applaudissements sont de mise.
Setlist : "Ludicium Dei", "Sanctimonious", "Satan's Bride", "The Hound Of Heaven", "Born From Sin",
"The Headless Horseman".
La scène est dépouillée, et les membres de VALKYRJA montent pour terminer leurs derniers
réglages, allant même jusqu’à envoyer quelques secondes avant de repartir, nous laissant
avec un son planant. Leur entrée est sobre, et même si le public semble déjà plus attentif (et
encore plus nombreux), le black metal des Suédois nous déboule dessus à toute vitesse.
Les harmoniques de S.Wizen (chant / guitare) sont intéressantes, et les frappes de V.Parri
(batterie) intéressantes, mais quelque chose ne va pas. En effet, la basse de V.Purice est
totalement noyée dans le mix, et la guitare de B.Thelberg est inaudible. Heureusement, le
mix sera rétabli rapidement, et il sera possible d’apprécier pleinement le show de VALKYRJA
dès le deuxième morceau. L’ambiance malsaine se répand parmis les rangs du public, qui
contemple les musiciens sous cet infranchissable rideau de lumière. "Paris, you are dead"
lâche sobrement le chanteur dans un râle avant de se retourner. Le morceau suivant
démarre, et les membres sont de plus en plus impliqués dans leur rythmique qui devient de
plus en plus martiale et plaisante à entendre, qui motivera trois spectateurs à bouger
l’espace d’un instant. Quelques mélodies enchanteresses se glissent à travers les riffs
martiaux et malsains du groupe, qui quittera finalement la scène comme ils sont venus.
Un minuscule backdrop est déployé, et c’est au tour d’ARCHGOAT de prendre possession de
la scène. Le trio finlandais arrive également avec une sobriété impressionnante, et ce sont
rapidement des riffs malsains et imposants qui déclanchent presque instantanément des
mouvements de foule plus ou moins coordonnés. Lord Angelslayer (basse / chant) fixe
gravement la fosse en poussant un growl massif, alors que Ritual Butcherer (guitare) pose
un peu en jouant sans jamais cesser d’headbanguer. Invisible mais loin d’être inactif, Goat
Agressor (batterie) martyrise ses fûts pendant que ses compères se tiennent sur le devant
de la scène, impassibles. Enchaînant les titres en hurlant à peine le nom, le frontman tient
pourtant le public dans sa main, et des cris d’approbation se font entendre à chaque fois.
Posant parfois au milieu de la scène, le chanteur profite des samples pour reprendre son
souffle avant de revenir pour le titre suivant. De plus en plus violents, les morceaux
déchaînent la fosse, qui demande visiblement des morceaux, mais le groupe n’écoute pas et
continue son set sans s’arrêter jusqu’au dernier morceau. Bien qu’ayant un important temps
de jeu, le show passe en un éclair, et le guitariste offre rapidement quelques médiators à
l’issue du titre final puis suit ses camarades en coulisses.
Setlist : "Invocation/Intrantation", "Jesus Christ Father Of Lies", "Lord Of The Void", "Grand
Luciferian Theophany", "Black Messiah", "Goddess Of The Abyss Of Graves", "The Apocalyptic
Triumphator", "Goat And The Moon", "Messiah Of Pigs", "Rise Of The Black Moon", "Hammer Of
Satan".
Désormais totalement remplie, la fosse attend le point culminant de la violence. Après un
long temps de réorganisation de la scène, les lumières s’éteignent à nouveau. Les membres
montent sur scène un par un sous les acclamations, et immédiatement Mortuus (chant) se
pose en plein milieu. "Panzer! Division !" hurle-t-il avant de s’interrompre avec une mine
déçue. "Louder Paris ! Panzer Division Marduk !". Et la machine de guerre MARDUK est
lancée. Un véritable char d’assaut qui tire des riffs démentiels entre la guitare de Morgan, la
basse de Devo et les blasts furieux de Fredrik Widgis (batterie). Et instantanément, c’est le
chaos dans le pit. Parfois agenouillé en plein milieu de la scène, le chanteur hurle de toutes
ses forces sur le premier morceau du set, mais enchaîne directement avec "Baptism By Fire",
un deuxième titre à la puissance de feu extraordinaire. Marquant une petite pause, le
frontman introduit le morceau suivant, et la folie reprend comme si elle ne s’était jamais
arrêtée, avec une réponse très positive de l’ensemble des spectateurs sous une épaisse
fumée. "What a fucking pleasure to be back in Paris, France !" lance le frontman, permettant
à nouveau à l’assemblée de reprendre son souffle. Le groupe reprend avec un autre titre
pioché dans son impressionnante discographie.. Alors que les musiciens posent devant la
fosse, celle-ci se déchaîne et la communion se fait dans la violence, avec quelques mains
frappées ça et là. Conscient qu’il mène le public à la baguette, le groupe joue titre
après titre avec très peu d’interventions de la part du chanteur, mais toujours du charisme et
de la puissance brute. "Alright, this one is from the album "Frontschwein"" déclare sobrement
ce dernier avant d’entamer l’atmosphérique "The Blond Beast". Les musiciens ne semblent
pas fatigués et headbanguent devant nous, jusqu’à ce que Mortuus n’observe l’assemblée
d’un oeil vicieux. "Motherfuckers, we have one more !" hurle-t-il avant que "Wolves" ne fasse
remuer la fosse à nouveau, un slammeur se risquant même à une petite ballade aérienne
avant d’être lâché sans atteindre la scène. Le groupe quitte la scène, puis revient avec un
"Alright fuckers, last one !" qui annonce la démentielle "The Black…". C’est avec cet excellent
morceau que le groupe quitte définitivement les planches sous les applaudissements.
Setlist : "Panzer Division Marduk", "Baptism By Fire", "Werwolf", "Of Hell's Fire", "The Levelling
Dust", "Cloven Hoof", "Throne Of Rats", "Equestrian Bloodlust", "Burn My Coffin", "The Blond
Beast", "Into Utter Madness", "Wolves", "The Black…".
La soirée se termine, et chacun court après les derniers transports en commun pour
regagner ses pénates, non sans avoir pris au moins un t shirt de son groupe favori de la
soirée. Pour ma part, difficile de départager entre la mise en bouche extrêmement
savoureuse de STORTREGN devant un public clairement insensible à leur black mélodique, la
surprise old school d’ATTIC, la très bonne performance de VALKYRJA avec un son qui rend
hommage à leurs ambiances, le set massif d’ARCHGOAT et la déferlante de MARDUK. Mon
coeur ira au premier et au dernier groupe, mais aucun musicien n’a à rougir de sa
performance, et j’irais retenter l’expérience avec entrain dès que possible