La review

METALLICA + WITHIN TEMPTATION + GOJIRA
Grand-Place - Arras (62)
14/08/2008


Review rédigée par FRancK et Cookie


Jeudi 14 Août, 17h environ, après une heure et demie d'avancée à petit pas dans une foule compacte, nous arrivons enfin sur la Grand Place d'Arras. C'est mon premier grand (très grand) concert de metal en plein-air. Dans le train qui m'a amenée jusqu'ici, et puis partout dans Arras, du cheveu long et des index et auriculaires tendus vers le ciel. "Welcome home (sanitarium)", je me sens parmi les miens. (Cookie)



Quelques minutes seulement d'attente, puis début des hostilités : c'est les quatre Français (mais internationalement connus) de GOJIRA qui montent sur scène. Huit mois que ça ne leur était pas arrivé, et qu'ils accumulaient toute cette énergie, qu'ils nous balancent en pleine tronche, là comme ça. Ca défouraille sévère. Voire trop. Au point que sur le premier titre dont ils nous gratifient, le violentissime "Lizard Skin" (de "Terra Incognita"), on s'est tous dit je pense qu'on allait perdre l'usage de nos oreilles dans la soirée. Mario (Duplantier, le batteur) a bouffé du lion. Et l'ingé-son met pas mal de temps à se rendre compte qu'il couvre un peu trop les autres instruments. Bref, le groupe enchaîne ensuite avec "Backbone" ("From Mars To Sirius"), et si Joe (Duplantier, le chanteur) n'a jamais caché son faible pour cette chanson, tout le plaisir est vraiment pour le public, qui poursuit son pogo de plus belle. Y'a du headbanging sur scène comme dans la fosse. S'en suivent des classiques, et notamment "Flying Whales" (je ne cesserai de le répéter, cette chanson est un bijou) , "Clone" et "Love", "Remembrance" ("The Link").



Très clairement, ils sont heureux d'être là, ils s'éclatent sur scène et montrent une complicité impressionnante. Joe se fend même d'un petit discours pour dire leur honneur d'assurer la première partie de METALLICA (les quatre musiciens clament depuis longtemps leur admiration pour les Four Horsemen). GOJIRA offre enfin au public deux nouveaux morceaux de son prochain album à paraître, "The Way Of All Flesh", en Octobre chez Listenable Records, à savoir "Vacuity" et "Toxic Garbage Island", qui n'augurent que du bon pour l'avenir. Le premier des deux titres, notamment, est bien rythmé mais lent et posé ; le second me laisse le souvenir de quelque chose de très mélodieux. Le concert se termine sur "Wisdom Comes" et l'incontournable "The Heaviest Matter Of The Universe", le public danse comme un dingue.



Deux petits bémols. Le premier est propre à GOJIRA en live d'après ce que j'en avais déjà vu : le set est vraiment brutal. Pour les amateurs de hardcore c'est parfait, mais les fans de voyages mystico-musicaux, ambiances planantes ou tribales et autres baleines volantes, qui font toute l'originalité du groupe au regard du death Français, ressortent toujours un peu déçus. Secondement, beaucoup de festivaliers n'ont pas pu assister à cette prestation méga-musclée, parce qu'encore dans la file d'attente, et les quatre métalleux ont joué devant une Grand Place à moitié vide ! (ça mérite un petit "bouh" à l'attention de l'organisation de Rock-en-France). Globalement, GOJIRA a été efficace et ne m'a vraiment pas déçue, et, ayant gagné un concours pour cela, j'ai eu l'immense honneur de pouvoir le leur dire en backstage, où j'ai rencontré (trop brièvement) quatre gars très simples, très humbles et surtout contents comme des gosses de monter sur la même scène que les pères du thrash metal. Voilà, on attend la sortie de l'album et la tournée en France avec impatience. (Cookie)



WITHIN TEMPTATION a dû succéder. Le son y était clairement mieux équilibré, et on a pu profiter du bon metal symphonique des Hollandais pendant une bonne heure. Quoique je n’ai rien (bien au contraire) contre ce groupe (dont j’ai tous les albums), il faut bien concéder qu’il ne fait pas vraiment dans un registre hardcore et que la vague soulevée par GOJIRA est pas mal retombée. La réaction du public n’a pas tardé, et au milieu des quelques fans qui se sont délectés de "The Howling" ou encore "The Heart Of Eveything" (pas des incontournables donc) et des jolis yeux de Sharon, quelques sifflements et insultes ont fusé. Pourtant, la magnifique brune et sa bande sont restés tout sourire et dynamiques et ont enchaîné gaiement un set accessible et assez pop, largement basé sur le dernier album. Clairement, le groupe ne joue pas dans la même cour que les deux autres programmés lors de cette fantastique soirée, surtout sur scène, où leur prestation ne vaut absolument pas le détour. La fin du set nous ramène à des heures plus glorieuses, avec "Angels" et surtout "Mother Earth", "Deceiver Of Fools", et un "Ice Queen" vibrant, qui nous rappelle que WITHIN TEMPTATION à ses débuts c’était quelque chose. Bref, l’ensemble n’a pas été désagréable, mais pas transcendant. (Cookie)



"Je peux mourir, j’ai vu METALLICA en live !", Voila ce que chacun d’entre nous pense aujourd’hui ! 25000. Nous sommes 25000 potes sur Grand-place à Arras, au dessus de laquelle les nuages sombres se retirent pour ne pas gâcher la fête. Il ne fait beau qu’à Arras en ce 14 Août. L’attente fut longue, mais agréable. Bon esprit, et détendue grâce, entre autres, au spectacle donné par des spectateurs à la fenêtre d’un appart donnant sur le site. La grande famille du metal est rassemblée, une foule d’enfants sages, ou presque, attendant de recevoir un beau, un grand cadeau : METALLICA ! Des enfants de 40 ans et plus. D’autres de 20, et même quelques uns de moins de 15 ans…bref : toutes générations confondues, prêts à vivre un grand moment, LE moment : Le retour des Four horsemen en France, et pour beaucoup la première rencontre avec METALLICA en live. Aux premières notes de "The Extasy Of Gold", générique choisi par le groupe pour annoncer le début des amicalités, la foule se met à vibrer, deux doigts tendus vers la scène. Ils arrivent, ils sont là, tout près, et à l’intro de "Creeping Death" la foule passe en mode rouleau compresseur, un raz de marée humaine dégommant tout sur son passage, poussant vers la scène… …si tu vas à Arras prochainement, sache que Grand-place n’est plus au même endroit, elle a reculé sous l’impulsion de la joie des fans, et n’en déplaise aux empêcheurs de headbanger en rond, ce n’était pas un mouvement de violence, mais une réaction de bonheur, de partage du même culte, une putain d’envie de dire merci à METALLICA d’être là, pour nous. Une envie de monter sur scène pour leur sauter au cou comme on le fait avec un frère parti depuis trop longtemps. Une fois l’équilibre retrouvé nous avons tous la même réaction : Sur la pointe des pieds, tentant de les voir… "Merde, pourquoi j’mesure pas deux mètres !"… et de s’étirer le bras au bout duquel l’appareil photo, bien difficile à tenir, mitraille la scène pour immortaliser l’instant magique. Unique.
James nous demande :
"Etes-vous prêts à faire beaucoup de bruit ce soir ?"
"Non seulement on va te faire un putain de bruit James, mais nous allons faire plus que ça ! Nous allons hurler à nous faire péter les cordes vocales, headbanger à nous démonter les cervicales…possible même que certains versent une larme de joie !"
Et le voyage dans le monde merveilleux de METALLICA se poursuit : "For Whom The Bell Tolls", "Ride The Lightning", "Welcome Home (Sanitarium)"… nous sommes certainement nombreux, surtout parmi les quarantenaires, à avoir une pensée pour Cliff pendant ces titres. Une pensée aussi pour Jason, mais Robert tient sa place, toute sa place ! Ce mec est un furieux, il dégage une puissance impressionnante et son jeu à la cinq cordes, d’un doigt parfois (ça ne te rappelle personne ?), est d’une précision chirurgicale, mais genre chirurgie à l’arme lourde ! Il ne faut pas oublier que Rob a fait ses armes avec Suicidal Tendencies !



On pourrait penser que James, Lars et Kirk sont rouillés, usés par l’âge et la vie pépère des rock stars (bien sûr…), mais ils en ont encore beaucoup à apprendre aux gamins de certains groupes qui se disent fils spirituels des Mets ! Lars pète la forme et il en faut pour cogner comme ça deux heures durant, comme peu de batteurs en sont capables. Il aime le tennis…imagine les roquettes que tu dois prendre en pleine gueule quand il sert ! Son matos n’est pas vraiment impressionnant, mais avec un tel talent Lars serait capable de jouer juste avec des boîtes de conserves en guise de futs ! Kirk, "LE" guitare héro pour nous tous, toujours le sourire aux lèvres, remerciant le public, a l’air d’un jeune guitariste presque étonné de déclencher autant de passion. Il est d’une générosité sans limite, autant par son comportement que par son jeu magnifique… "The Memory Remains", "No Remorse", "And Justice For All", trois titres à priori bien différents si on s’en tient aux considérations purement techniques, mais Kirk est égal à lui-même pour tous ces extraits d’albums qu’on pense de styles différents explorés par le groupe. Mais non, il n’y a qu’un son METALLICA, qu’un son Kirk Hammett, le sien, le nôtre, un seul, depuis le début. C’est un plaisir, dans le sens orgasmique du terme, que de l’écouter jouer ! James dose sa voix pour la préserver. Normal vu la durée de cette tournée, il en garde sous le pied pour être sûr d’assurer sa place de frontman, légende vivante, père fondateur, avec ses complices, du thrash metal. Un mec que nous aimerions tous avoir comme ami. D’ailleurs il l’est. Il nous parle, plaisante, jouant avec la caméra. Lars n’est pas en reste pour amuser la galerie en se pointant sur scène avec un appareil photo pour shooter le public ! Nous devons rectifier une chose dans ce review : Nous ne sommes pas 25000 potes, mais 25004 ! Les four horsemen sont là pour partager leur plaisir avec nous, pas seulement pour prendre la caisse en partant. S’ils le pouvaient ils descendraient sur les pavés de Grand-place, un pack de 25004 x 33cl de bière à la main ! S’ils ne le font pas c’est juste parce que ça n’existe pas un pack de 25004 x 33cl. Quelle connerie ! Ce n’est pas l’envie qui leur manque de venir parmi nous pour déconner, headbanger, boire un coup à la santé de leur metal inoxydable ! "Fade To Black" précède le monumental "Master Of Puppets". James, Lars, Kirk, Rob et nous tous chantons ensemble ce titre qui est aussi celui du meilleur album metal de tous les temps ! Le très speed "Wiplash", le magnifique "Nothing Else Matters", le puissant "Sad But True" suivent…puis toutes les lumières de la scène s’éteignent brutalement. Les crépitements d’une mitrailleuse, les effets pyrotechniques simulant une scène de guerre, les fusées éclairantes qui fendent le ciel de Arras comme des tirs de DCA mettent dans l’ambiance pesante de "One". "Enter Sandman", le mythique "Seek And Destroy", "Last Caress" et "So What".



Bien sûr METALLICA nous a offert un extrait de son prochain album, "Death Magnetic", attendu la bave aux lèvres par tous les fans, "Cyanide" écouté attentivement par le public laisse présager un album réussi…mais tout ce que fait METALLICA est réussi, comme le show de ce soir, un cadeau énorme pour le retour en France de ce groupe qui nous fait vibrer depuis si longtemps ! Après la fin du show ne fuit pas, il reste avec nous. Tous les quatre à distribuer des cadeaux aux veinards des premiers rangs. Des médiators, des baguettes…ou plus simplement des gestes, des sourires complices. Ils sont heureux d’êtres là, comme nous l’a James plus tôt : "Vous avez envie de rester ici ?  Moi aussi j’ai une putain d’envie de rester ici !". Les 25004 Horsemen se séparent, tristes de devoir le faire, mais aussi heureux d’avoir vécu ce moment unique. Parce que même en pleine tournée chaque concert est unique et celui que METALLICA nous a offert à Arras restera dans nos mémoires pour longtemps, comme tous les grands moments d’une vie. Merci James, lars, Kirk et Rob ! "Bang That Head That Doesn't Bang !". (FRancK)

Le mot de FRancK : Je suis très heureux d’avoir partagé ce moment avec mon fils Al, élevé au METALLICA, qui avait les yeux qui brillaient de plaisir ! Tu étais là aussi Cliff, je le sais….

Le mot de Cookie : METALLICA en live, comme dans un rêve… Le groupe nous a offert ce soir-là un magnifique concert, comme on fait plaisir à un ami à qui on tient (même si on vient pas le voir souvent), deux heures de son non-stop, du son puissant, du son mélodieux, une voix, celle de James, impeccablement maîtrisée, de la patate comme on ne pensait pas en voir chez ceux qu’on prenait à tort pour des papis fatigués, des morceaux monumentaux et un show (avec pyrotechnique et tout le bazar) plus que bluffant et inoubliable. Ca a été comme deux heures d’une grande prière, dont nous récitions les paroles, nous les 25.000 pèlerins, en face des quatre prophètes. Pas une fausse note.