La review

MISANTHROPE + NOHELLIA + HEONIA
La Chimère - Lille (59)
09/11/2008


Review rédigée par Ihsahn62


Une bien belle affiche ce soir proposé par les excellents Nordgazik, un public affluent et qui plus est dans un excellent établissement Lillois ! Malheureusement arrivé en cours de route, j’ai tout de même pu assister au ¾ du concert de HEONIA, groupe local que je ne connaissais pas.



Il y a du monde sur scène pour exécuter une musique aux croisements du heavy metal lyrique, du progressif avec de petites pointes gothiques. Le groupe affiche une attitude sympa et un peu de timidité sous-jacente qui lui confère un certain charme. Musicalement c’est plutôt bien en place, le chant lyrique n’est pas mauvais même si de petites fautes de justesse viennent parfois ternir la chose, mais rien de catastrophique loin de là, j’ai déjà assisté a des concerts de groupes plus établis ou la diva s’avéra nettement moins convaincante ! Bref une très agréable surprise même si je trouve parfois que les breaks sont parfois amenés de façons inégales selon les compos, ce qui me fait parfois sortir du truc mais bon encore une fois rien de bien grave là dedans. Par contre, on sent une véritable osmose unir ce groupe, des musiciens habités qui font plaisir à voir, sourires aux lèvres et complicité de tous les instants… Dommage que les guitares soient parfois sous mixées à mon goût à contrario du chant qui lui est parfois peut être un peu trop en avant. A l’instar d’Epica, on soulignera la présence d’un claviériste / chanteur avec de bonnes parties gutturales pour répondre à la voix lyrique, ce qui a pour effet de durcir la musique. On constate une application de tous les instants, et un petit coté progressif pas désagréable du tout car on ne tombe jamais dans la démesure technique trop démonstrative… Petit détail esthétique mais le groupe possède l’une des plus jolies bassistes qu’il m’ait été donné de voir sur scène, c’est d’ailleurs assez amusant d’entendre les remarques (correctes toutefois) du public et surtout de voir comme elle monopolise pas mal les regards de la gente masculine, et pour ne rien gâcher c’est qu’elle joue bien la belle, très bien même, nous offrant des passages en slap du plus bel effet, il en est de même pour ses collègues masculins qui exécutent leurs parties avec une belle aisance également, notamment le batteur… On ressent une musicalité naturelle et même si ce n’est pas foncièrement original, ce groupe possède de bons arguments et sait défendre sa cause, quand bien même je ne suis pas aficionados de ce style, j’ai été plutôt conquis, sans doute par leur attitude et la sympathie qu’ils dégagent, je me répète peut être mais on sent un groupe jeune, pétri de bonnes intentions, bref un groupe en devenir qui n’en doutons pas ne demande qu’à gagner en maturité pour pouvoir exprimer pleinement son potentiel…



NOHELLIA prend ensuite le relais, ce groupe dont je n’avais jamais entendu parler provient lui de la région de Nice et j’avoue qu’ils m’ont bien bluffés, une putain de bonne surprise ! Corpse paints de rigueur car ce qu’ils appellent "Orchestral Extreme Metal" est en fait une espèce d’hybride de black metal bien violent avec d’excellentes parties atmosphériques, sans oublier une certaine froideur dans les guitares… Bref à défaut de parcourir leur MySpace, imaginez Behemoth qui rencontrerait Dimmu Borgir ou Cradle Of Filth et vous aurez une petite idée de comment cela sonne… Dire que ce groupe habite la scène est un euphémisme, la "faute" en partie à un chanteur hyper charismatique nommé Valestra qui harangue les premiers rangs, même si ses musiciens ne sont pas en reste… Le public d’ailleurs ne s’y trompe pas et applaudit vivement la prestation de ce groupe venu du Sud pour goûter à la chaleur de l’accueil du Nord, fait que soulignera d’ailleurs le hurleur en chef, visiblement ravi d’être là et de l’accueil qui leur sera réservé. Un vrai groupe de scène assurément car ces mecs se donnent et maîtrisent leur sujet, des putains de blast-beats en pleine poire entre deux parties plus mid-tempo, un effet rouleau compresseur toutefois aéré par des parties orchestrales (comprenez de synthé tenu par un zicos en habit de prêtre !) parfois dissonantes du plus bel effet, celles-ci posant une petite ambiance théâtrale genre "cabaret bizarre", bref ce groupe m’a vraiment convaincu, une formation à surveiller de prés si elle continue d’œuvrer dans cette voie…



Dernière formation à jouer et pas des moindres, MISANTHROPE ! J’avoue que j’attendais cette date avec une impatience certaine, l’idée de voir ces ambassadeurs "cultes" de la scène extrême Française étant un vœu resté vain depuis des années… Quand on sait qu’en plus de soutenir la cause via son propre groupe, le chanteur en chef SAS de l’Argilière ou plus simplement Mr Philipe Courtois n’est nul autre que le boss du label historique (une fierté de notre hexagone de par ses choix artistiques), j’ai nommé Holy Records, cette rencontre "live" s’avérait des plus excitantes… Et je ne fus pas déçu, au contraire, l’expérience me donna raison… A peine le temps d’échanger devant le bar quelques paroles au sujet de ma chronique dans ces pages de leur dernier opus en date "Irrémédiable" et c’était déjà le moment tant attendu… Le public ne s’y trompa pas et accueillait en héros les défenseurs métalliques de Molière et maintenant de Baudelaire. C’est donc sous un tonnerre d’applaudissements que SAS nous invita à "un voyage dans une France du passé". Premier constat, le son est bon, et c’est important pour un groupe de cet acabit tant le niveau technique est élevé. Il aurait été en effet fort dommage de rater par exemple la traditionnelle leçon de basse assénée par un diabolique Jean-Jacques Moréac. Ce mec est tout simplement bluffant dans la maîtrise de son instrument ; vélocité, précision, technique, rien ne manque ! Mais une basse seule reste une basse, ce serait ne pas faire honneur à ces virtuoses de l’extrême qu’oublier le jeu des guitares, cette "putain" de batterie ou encore les parties de synthé de Mr Anthony Scemama. Seul petit bémol, le chant de SAS se retrouve parfois noyé dans les parties les plus chargées, et on passe quelque part au travers des textes pourtant fort inspirés de son auteur… Mais rien de dramatique qu’à cela ne tienne car à défaut de clarté, le chanteur fait preuve d’une énergie, d’une conviction, bref d’une fougue sans faille… La set-list est bien choisie, convaincante, le groupe ayant l’intelligence de nous servir des compositions provenant de toutes les périodes, jugez plutôt : "Les Empereurs Du Néant", "L’Ecume Des Chouans", "La Marche Des Cornus", "Bâtisseur De Cathédrales", "Misanthrope Necromancer" sans oublier la récente et géniale "Névrose", les fans apprécieront… Vraiment un grand moment de metal à vivre "live", une expérience de la scène qui se ressent, et je l’avoue je me suis surpris à trouver nos "Misanthropes" plus rock’n’roll que jamais ! On peut d’ailleurs être plus que surpris de trouver un groupe de cette trempe dans cet endroit, n’y voyez aucune critique à l’encontre de La Chimère, ce bar n’ayant plus rien à prouver en terme de qualité de programmation, non c’est juste que ce groupe réservait plutôt ses venues à des salles de la région Lilloise de capacité plus importante… Doit on y voir une dangereuse manifestation de la désertion des métalleux préférant siroter leurs bières devant un match de foot ? Peu importe, j’ai pour ma part trouvé ce show dément et plus que jamais les absents ont vraiment eu tort ! Une soirée excellente sur tous les points puisqu’elle m’a permis au passage de m’entretenir avec le staff Holy Records, Philippe Courtois donc mais aussi sa femme Séverine d’une adorable gentillesse, un Jean-Jacques Moréac possédé mais également des membres d’Ufych Sormeer, Hectic Patterns ou de Gronibard qui avaient fait le déplacement. Enfin en dernier lieu je tiens à saluer les membres des groupes NOHELLIA (en particulier le chanteur) ainsi que toute l’équipe de HEONIA (Chléo, Rudix, Marieke) pour leur sympathie et leur disponibilité sans oublier Marion Djotni et Delphine pour leurs photos de qualité... Entre groupes en devenir et gloires établies, il faisait vraiment bon être à "La Chimère" ce soir là !