La review

MONONC' SERGE & ANONYMUS + THE HYPE
Tipi - Liège (Belgique)
14/04/2011


Review rédigée par Yael
Photos prises par Jihef Pichon


Le mercure gratifiait la Cité Ardente d'un royal 14 degrés ce soir-là, rendant mon manteau Hell Bunny des plus dérisoires ; la fête foraine avait pris ses quartiers en Outremeuse, mais c'était au Tipi qu'il fallait se rendre pour voir des animaux de cirque et baigner dans une véritable fournaise : MONONC' SERGE & ANONYMUS revenaient en Belgique pour la troisième fois en deux ans. C'est ma première sortie au Tipi, salle de spectacle pittoresque installée depuis 2007 dans l'incontournable quartier Roture, que les Liégeois affectionnent pour ses ruelles moyenâgeuses, ses restaurants ethniques et ses cours intérieures où il fait bon lézarder. Le public déboule en masse et à l'heure. À vue de nez, nous sommes peut-être 150 Apaches mais cela suffit pour bourrer le Tipi comme un calumet. Hélas, la bière est obligatoirement de la Primus, les consos sont loin d'être abordables, et on nous endort à coups de lounge avant le show ainsi qu'entre les groupes. Néanmoins, l'endroit est de toute beauté avec ses boiseries, son escalier qui serpente et sa scène cosy en quart de cercle.



Ce sont aux locaux de THE HYPE qu'il incombe d'essuyer les plâtres avec leur power punk garage mâtiné de passages plus métalliques qui donne envie de cramer du bitume US à bord d'une décapotable. Des formations chères à mon cœur telles que The Last Vegas ne seraient pas loin si les guitares n'avaient pas décidé d'adopter une attitude aussi keuponne que leur propriétaire, provoquant pas mal de faux-départs et entamant quelque peu l'enthousiasme de l'assistance. Mais les bougres ne se laissent pas démonter pour autant : les instruments récalcitrants sont impitoyablement envoyés au tapis et piétinés avec un savant mélange de sang-froid et d'autodérision. On dira ce qu'on voudra, l'attitude, ça ne fait certes pas tout, mais ça aide à ne pas suer des gouttes comme ça dans pareille situation épineuse. Et une fois que le show reprend son cours, leur son colle aux basques et on serait bien en peine de ne pas au moins taper du pied continuellement. Je préconiserais juste de peut-être ne pas trop laisser le bassiste chanter solo, car s'il soutient efficacement son chanteur qui jouit d'une chouette voix rocailleuse et nasillarde, je ne lui ai pas véritablement reconnu d'identité vocale à proprement parler. Mais si tous les premières parties qui s'autoproclamaient le groupe le plus foireux du coin sonnaient globalement aussi bien, on n'hésiterait jamais à arriver à l'heure à un concert.



Seconde couche de Massive Attack et autres, et c'est à MONONC' SERGE & ANONYMUS d'envoyer la sauce (barbecue). Tout le monde s'accorde à dire qu'au-delà de la déconnade, leur valeur musicale n'est plus à démontrer. Mais alors que je me demande quel genre de metal ils produisent au juste, c'est mon corps qui me donne la réponse : j'hésite entre danser et pogoter, je ferai les deux en même temps. Bien plus que ceux qui s'en réclament, ce sont MONONC' & ANONYMUS les champions du dance metal. Un show total, une fiesta de tous les excès pour ce que le Canada a produit de plus irrévérencieux à ce jour, et une set-list implacable qui enchaîne tous les hits qu'on avait envie d'entendre : "Sous-marin Brun", "Woodstock En Beauce", "Marijuana", "Le Rejet", "Chaque Salope Cherche Un Gros Cave Et Chaque Gros Cave Cherche Une Salope", "L'âge De Bière" et sa traditionnelle pêche à qui se montrera le plus abruti, "Un Clown Pour Grand-Papa" (moi qui ai la phobie des clowns, je suis servie ; celui qui les accompagne est particulièrement gratiné)... Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le spectacle était également dans la foule. Les ballons que MONONC nous balance dessus ne font pas long feu vu le haut degré de bracelets à piques dans la fosse, ça pogotte à un point tel qu'il prie l'orga de balayer les verres cassés qui jonchent la scène car on n'est pas loin du terrain miné. Et après avoir fièrement récupéré leur drapeau Québecois à feuille de canna des mains de 5 ou 6 fans hystériques, il nous lance : "Je crois que vous êtes encore plus sauvages que nous !" Mon coup de cœur personnel ira tout de même au ptit gars qui avait amené sa patate crue pour la manger pendant l'hymne "Les Patates" que nous réclamons à grands cris pour le rappel. Après un concert-fleuve où ils auront vraiment tout donné, les encostardés nous offrent un dernier délire avec une sexy dance sur "Sexy Back" de Justin Timberlake comme musique de fin. Que dire si ce n'est que cette performance mémorable a dépassé toutes mes attentes ? Et vive le Québec libre, bougre de marde !