La review

MONSTROSITY + THE DEVIL + EXCEPT ONE
Le Glazart - Paris
25/05/2019


Review rédigée par Matthieu


Retour au Glazart en cette fin d’après midi du mois de Mai, qui vient de subir quelques gouttes de pluie. Ce soir, la déferlante américaine MONSTROSITY revient à Paris après des années d’absence, et ce sont THE DEVIL et les Parisiens d'EXCEPT ONE qui ont la lourde tâche de motiver un public parisien très… eh bien très absent puisque nous ne sommes que quatre à attendre l’ouverture des portes.



Et c’est malheureusement devant une fosse déplorablement vide que les cinq parisiens montent sur scène. Mais rapidement, EXCEPT ONE se lance à l’assaut du public avec un metal moderne qui alterne entre mélodies tranchantes et passages burnés. Au centre, et évidemment oubliée par absolument toutes les lumières (enfin le peu de lumières) de la salle, Estelle (chant) rugit, comme une sorcière possédée, soutenue par les cris de Tim (guitare / chant). Mais l’éclairage est tellement mauvais qu’il me faudra bien deux titres pour voir les traces de noir sur le visage des musiciens, ajoutant à leur jeu de scène post-apocalyptique et à leur rythmique lourde une petite touche plutôt sympathique à regarder. Headbanguant à la moindre occasion sur leur côté respectif, Junior (guitare) et Tim essayent désespérément de faire accrocher la foule, qui ne réagit toujours pas. "Nous c'est Except One" annonce Estelle. "Pour la prochaine on a besoin de votre aide ! On a un petit slogan, ça fait "Break The Wall" !". Et ce n’est qu’après un hurlement bestial de Crypp (basse) alors que le morceau commence, que quelques spectateurs réagiront. Et c’est à coup de breaks enchaînés par des ombres mouvantes, qui dansent et jouent entre elles que l’univers du groupe séduit timidement une partie des spectateurs, tout en devenant plus technique et chiadée.

Setlist : "Wake Up", "Why", "To The Heart", "Break The Wall", "Monster", "Until The World Burn", "Revenge".



On change totalement d’univers avec l’installation des écrans et projecteurs pour le set de THE DEVIL. Quatre hommes masqués entrent sur scène, prennent leurs instruments (dont deux guitares à sept cordes), et pour être honnête avec vous, je n’ai pas compris ce qui s’est passé pendant près de quarante minutes. Des vidéos projetées sur les écrans accompagnaient une rythmique parfois atmosphérique, parfois lourde, parfois ambiante, parfois dérangeante, accompagnée ou non de samples vocaux qui dénoncent, racontent, décrivent, tournent, s’arrêtent, repartent… Le public se contente de regarder à distance ce spectacle grandiose (pour ceux qui ne sont pas dehors), et c’est guidés par leur musique que les musiciens, comme guidés par des fils de marionnettiste invisibles, changent de place pour jouer. Fantômatiques, ils enchaînent les morceaux sans un mot, se contentant parfois de scruter la fosse derrière leurs masques au sourire effrayant, avant de reprendre leur rythmique bizarre, obscure mais surtout prenante. Au bout de quelques minutes, on remarque facilement que le bassiste semble être le meneur de la troupe, mais chacun a un rôle essentiel dans ce cabaret macabre, qui nous expose les pires catastrophes de l’humanité, que ce soit les meurtres ou la bombe atomique. Et c’est dans le même silence de mort que les quatre silhouettes descendent de scène, en nous laissant seuls dans le noir.



Troisième et dernier groupe, troisième et dernière ambiance avec le death metal old school de MONSTROSITY, qui verra une bonne poignée de spectateurs rentrer dans la fosse pour l’occasion. Je sais que le death metal est loin d’être le style le plus subtil, mais on peut dire que le public a bien suivi ce soir, en se fonçant dedans de manière plus ou moins ordonnée dès les premiers riffs des Floridiens. Si à la batterie Lee Harrison est très carré et réservé, Mark Hrubovcak (chant) ne se gêne pas pour headbanguer entre deux leads ou pour motiver une fosse qui semble très éméchée. Et pas besoin d’attendre plus d’un morceau pour comprendre que l’intégralité de la fosse est venue pour se prendre en pleine face les rythmiques torturées de Mark English, Matt Barnes (guitares) et Michael Poggione (basse), qui alignent ces riffs saccadés avec une facilité apparente tout en headbanguant. "Thank you Paris ! Good to be back !" lâche finalement le chanteur, alors que les musiciens tentent de régler un petit problème technique. Et c’est après quelques secondes d’attente, qui auront permis aux plus alcoolisés d’exprimer leur satisfaction de voir ces légendes revenir sur la capitale, que le show ne reprend, salué par un spectateur qui slamme joyeusement. Et c’est à partir de ce moment que la fosse se retrouvera divisée en deux : les plus calmes qui profitent pleinement de ce moment d’anthologie, et les plus motivés, qui essayent de rajeunir d’une poignées d’années en se rentrant dans le lard avec une cohérence négociable. Quoi qu’il en soit, la fosse remue, et le groupe enchaîne les titres, qu’ils soient récents ou moins, parfois ornés de quelques samples. Un solo de batterie viendra calmer le jeu, et c’est finalement après un final beaucoup plus technique que les musiciens quittent la scène, à la grande surprise des spectateurs qui réclament d’autres titres.

Setlist : "Cosmic Pandemia", "Kingdom Of Fire", "Radiated", "Firestorm", "Remnants Of Divination", "Abysmal Gods", "Definitive Inquisition", "Final Cremation", solo de batterie, "Destroying Divinity", "Angels Venom", "The Fall Of Eden", "Suffering To The Conquered", "Manic".

Coup dur pour Access Live qui semble s’être un peu éloigné de son public habituel avec ce plateau très différent, mais la soirée était positive pour ma part. J’ai enfin pu voir EXCEPT ONE qui ont cependant peiné à convaincre une assistance à des lieues de leur univers, mais également THE DEVIL qui m’a littéralement bluffé par leur prestation viscérale ! Et pour finir, MONSTROSITY a prouvé que leur longévité n’est absolument pas due au hasard avec un death metal pur jus qui a facilement accroché les fans. Il est encore tôt, et les derniers spectateurs terminent leurs verres avant de laisser place à un autre public, bien différent.