La review

MORBID ANGEL + GOROD + AD PATRES
Le Trabendo - Paris
28/11/2014


Review rédigée par E.L.P


Aujourd'hui est un jour bien singulier, puisque ce ne sont pas moins de deux groupes hexagonaux qui sont présentés sur cette affiche mélangeant les styles dans ce curieux melting-pot de brutalité tantôt moderne, tantôt old school avec : AD PATRES, GOROD et les Américains de MORBID ANGEL alors en tournée pour les 20 ans de leur album "Covenant". Pour l’occasion, cette affiche 100% death s’est vue octroyer le droit de prendre possession des coulisses du Trabendo alors prévu pour être le théâtre de ces violentes démonstrations musicales aussi bien attendues par une poignée d'irréductibles puristes que par la nouvelle vague de ces amateurs d’extrêmes mélodies !



Premier quintette français à s’élancer scène, c’est aux Bordelais d’AD PATRES qu’incombera la tâche d’ouvrir une salle encore relativement clairsemée mais faisant malgré tout preuve de soutien envers de cette formation venue défendre ces sombres couleurs qui sont les siennes plus de 35 vigoureuses minutes durant. Mise à son aise par quelques grappes de spectateurs bien décidés à savourer l’évidente brutalité entre death et brutal du groupe, la formation parviendra à mettre en appétit le parterre toujours des plus enclins à se faire brutaliser à grands renforts de double pédales (signées Alsvid) et de voix gutturales parfois proches du grindcore (que le public devra à Axel Doussaud) soutenues par la saturation guitaristique que le duo "Canard" / Olivier Bousquet assènera avec toute la fulgurance possible à l’ensemble malheureusement grevé d’une partie de son emphase de par le manque de basse renvoyé en façade... Le groupe marquera finalement, au sortir de son set mettant fièrement en valeur certaines compositions de son premier album "Scorn Aesthetics", par son évidente envie de puissance, et ce malgré une difficile mise en place rythmique sur le premier quart d’heure de leur prestation, toute habillée de pénibles lumières que d’aucuns attribueront à un appétit prononcé des ingénieurs pour Stendhal et Jeanne Mas de par leurs variations sur la thématique du "Rouge et Noir"...

Setlist : "The Lock", "In Vivo", "Emphasize Nihility", "To The Fathers", "Circles Of Red", "Scorn Aesthetics", "Scars Of Compromise", "All That Remains".



Le temps d’une pinte sera ensuite laissé au public avant l’arrivée de la seconde vague, elle aussi bordelaise, composée des valeureux guerriers du groove que sont les GOROD, aisément sous-titrables par "la brutalité du terroir" ! Véritable lame de fond moderne de cette soirée, le groupe à la croissante reconnaissance sur la scène mondiale actuelle et fêtant alors la 10e année de son premier opus : "Neurotripsicks" (réédité pour l’occasion en version re-masterisée), c’est avant tout une formation solide et pleine de plaisir qu’il sera, comme toujours donné au public d’observer. Axant sa prestation sur l’invariable robustesse du jeu rythmique de "Barby" (Ben Claus, basse) mais également sur la constante et incroyable énergie de "Nutz" (Julien Deyres, chant), le quintette pourra également compter sur la toute nouvelle puissance apportée par Karol Diers. Le nouveau batteur récemment greffé à l’ensemble ne déméritera pas le moins du monde (malgré une frappe peut-être plus souple et moins martelante que son prédécesseur) à mesure que des compositions telles que "Harmony In Torture" ou plus sobrement le torrentiel "Here Die Your Gods" d’introduction viendront rallier un public enchanté mais malheureusement encore très immobile, à la cause des bordelais ne jouissant que de peu de temps pour dérouler toute l’expressivité et la richesse de leur univers (tristement réduit à sa plus simple expression, leur dernière pépite "A Perfect Absolution" ayant fait les frais de cette faute de temps en ouverture)... La deuxième moitié de la performance des talentueux Girondins trouvera finalement le souffle nécessaire à leur réel envol, des titres comme "State Of Secret", "Birds Of Sulfur" ouvrant majestueusement, au-delà d’un certain manque de guitares dans le rendu global, la voie au bouquet final : "Disavow Your God", tout en grooves et divers soufflets de technicité mis au service de leur brutalité entremêlant leurs influences jazz / death / brutal ! À noter que le combo ayant récemment pris la route des studios, ce dernier se fendra, malgré la taille réduite de son set, d’une nouvelle composition : "Celestial Nature", titre maladroitement mis en place mais à l’impressionnant potentiel affichant les nouvelles ambitions du groupe pour l’année 2015 que l’on ne peut que leur souhaiter riche en sauvagerie !...

Setlist : "Here Die Your Gods", "Diverted Logic", "Harmony In Torture", "Smoked Skulls", "The Path", "State Of Secret", "Birds Of Sulphur", "Celestial Nature", "Disavow Your God".



Voici maintenant venir le tour de l’un des rocs du genre : MORBID ANGEL, d’apparaître, quelques minutes plus tard, à la suite des frenchies n’ayant définitivement pas à rougir de leurs numéro de duetiste en guise d’ouverture pour les Américains attendus par leur plus fervents amateurs. Souffler une nouvelle bougie de son succès le plus majeur n’ayant, en soi, rien de paranormal, force sera de constater que le groupe mené par David Vincent (chant / basse) ne fera que confirmer son statut de leader "old school" du genre en proposant l’intégralité de "Covenant" le plus souvent avec une virulence vocale emphatique et maîtrisée par le frontman activant confortablement la palette de son organe. D’aucuns diront que de minimiser la prise de risque de la façon dont MORBID ANGEL semble l’avoir réalisé lors de cette tournée ne saurait être un réel gage de qualité ni d’effort artistique, d’autres en revanche argumenteront sur le bien-fondé de l'inébranlable attitude monolithique de ces "envahisseurs", les deux partisans ne manquant pas de constater que le groupe, à défaut d’être pleinement original ni même follement énergique, saura porter avec justesse ses titres jusqu’au coeur de leurs fans aujourd’hui amassés dans la fosse du Trabendo. Statiques mais vraisemblablement à leur aise sur ces planches, le groupe profitera d’un très agréable son (trop propre peut-être pour pleinement coller à la rugosité de l’ensemble) ainsi que d’un étonnamment lumineux jeu d’éclairage soulignant les diverses petites "enclaves" dans lesquelles semblent s’enfermer et évoluer chacun des musiciens entre les side-drops, déroulant jusqu’à leurs plus classiques "Vengeance Is Mine", "Where The Slime Live" ou encore "Immortal Rites"...

Setlist : Intro "Rapture", "Pain Divine", "World Of Shit (The Promised Land)", "Vengeance Is Mine", "The Lion's Den", "Blood On My Hands", "Angel Of Disease", "Sworn To The Black", "Nar Mattaru", "God of Emptiness", "Where The Slime Live", "Bil Ur-Sag", interlude, "Ageless, Still I Am", "Curse The Flesh", "Existo Vulgoré", "Immortal Rites", "Fall From Grace".

Une fin de soirée placée sous le signe du soufflé retombé, donc, que celle-ci, la performance de la tête d’affiche ayant difficilement su trouver une jeune partie du public venue soutenir le talentueux girondin duo d’ouverture, réelle "attraction" de ladite soirée de par la modernité, l’évidente technicité et la maturité de ses propos. Chapeau bas à ses formations qui, espérons-le, sauront parfaire le succès que de pareilles opportunités parviennent à leur offrir !...

Photos tirées de : www.elp-photo.fr