La review

MOURNFUL CONGREGATION + OPHIS
Le Backstage By The Mill - Paris
03/12/2018


Review rédigée par Matthieu


Il fait déjà presque nuit lorsque j’arrive au Backstage. C’est un temps parfait pour célébrer le retour de MOURNFUL CONGREGATION, en compagnie cette fois-ci d’OPHIS pour une soirée sous le signe de la mélancolie. Les spectateurs, même à l’ouverture des portes, peinent à arriver et nous ne sommes qu’une petite poignée à prendre place dans la salle.



C’est donc devant une dizaine de personnes seulement que les Allemands d’OPHIS prennent possession de la scène. Il fait frais dans la salle, et les riffs lourds et lents du groupe prennent de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure que les musiciens jouent. Au centre, Philipp Kruppa (chant / guitare) hurle en jouant, alignant quelques harmoniques mélodieuses sur la rythmique impitoyablement lancinante de Floris (guitare) et Olivier Kröplin (basse). Totalement invisible à nos yeux à cause de cet épais rideau de lumière, Steffen Brandes (batterie) nous assomme un peu plus à chaque frappe. "Thank you Paris, it's good to be back after all these years", lâche le chanteur. Bien qu’il introduise brièvement les titres, l’ambiance pesante que crée leur musique ne faiblit pas, et la reprise se fait en douceur. Si le rideau de lumière ne s’améliore pas, le son reste excellent, et chaque note est sublimée par l’engagement des musiciens, qui se laissent transcender par leur musique, et qui nous font rentrer en transe avec eux. "Thank you so much for coming on a monday night" murmure le chanteur, "We have a message to you, it is called "Convert To Nihilism"". Alors que la rythmique s’accélère, avec la promesse du groupe que c’était le seul morceau rapide, la suite reprend une lenteur éthérée qui règnera en maître sur la fosse jusqu’au dernier moment. Le peu de spectateurs présents applaudira le groupe.

Setlist : "Carne Noir", "The Mirthless", "Earth Expired", "Convert To Nihilism", "Dysmelian".



Le changement de plateau s’effectue dans le calme, et lorsque les Australiens de MOURNFUL CONGREGATION montent sur les planches, c’est une fosse désespérément vide qui les attend. Pourtant, avec trois guitaristes sur scène, le groupe ne va absolument pas se défiler et nous offre un show puissant dès que l’introduction s’éteint. Le public, silencieux, contemple l’oeuvre emplie de désespoir qui se déroule devant eux, pendant que les quatre musiciens, recouverts de lumières épaisses, headbanguent en jouant. Imposant, le chant de Damon Good (chant / guitare) ressort de cet excellent mix et envoûte les spectateurs. Imposant, c’est aussi le mot pour qualifier le son de la basse de Ben Newsome qui offre une profondeur absolue aux riffs du groupe, alors que la batterie de Tim Call est plus en retrait. Les trois guitaristes développent une flopée d’harmoniques qui semblent venir nous lacérer lentement de toute part. Enchaînant les titres, les musiciens nous enveloppent dans cette douce couverture de souffrance qui ne laissera personne indifférent, et c’est à chaque fois en brisant ce silence de mort que le morceau suivant démarre. Il n’a pas fallu longtemps au public parisien pour communier pleinement avec le groupe et sa mélancolie, et le show passe à la vitesse de l’éclair. Je suis sincèrement surpris lorsque le chanteur annonce "We have one more song for you tonight", et ce morceau joué en rappel nous arrache à tous de ce quotidien barbant qui est le nôtre pour nous faire planer en compagnie des musiciens une dernière fois, avant de quitter la scène sous des applaudissements mérités de bien trop peu de monde.

Setlist : Intro ("The Indwelling Ascent"), "Whispering Spiritscapes", "Weeping", "Suffer The Storms", "Mother-Water, The Great Sea Wept", "Suicide Choir".
Rappel : "The Epitome Of Gods And Men Alike".

Irréel. C’est le seul mot que j’ai trouvé pour qualifier cette soirée. Parfaitement entamée avec le doom / death d’OPHIS, le funeral doom de MOURNFUL CONGREGATION m’a littéralement happé et je ne me suis pas rendu compte du temps qui passait. Au moment où j’écris ces mots, je suis toujours subjugué par la puissance que les deux formations ont déployé, et j’espère avoir très vite l’occasion de renouveler l’expérience.