NAPALM DEATH + WIDESPREAD DISEASE
La Clef - Saint-Germain-en-Laye (78)
24/11/2018
Review rédigée par Matthieu
Après avoir quitté ma campagne francilienne pour… eh bien un autre bout de la campagne
francilienne, et avoir mis un temps monstrueux à trouver une place pour ma voiture, je
rejoins la Clef pour un concert qui s’annonce bien violent. Si les locaux de WIDESPREAD DISEASE ont la charge de chauffer la salle avec un deathcore saillant, ce sont les vétérans
de NAPALM DEATH qui finiront le travail dans une salle qui a tout d’une grande salle
parisienne !
Le public se masse sur les escaliers, et ce n’est que lorsque le sample introductif de
WIDESPREAD DISEASE retentit que les plus courageux ne descendent dans la fosse. Très
violent dès les premiers riffs, les Français commencent avec "Chaos", un titre de leur premier
album qui allie technicité et blasts ravageurs. Si Pierre et Sylvain (guitares) sont
malheureusement contraints à rester dans l’ombre, Rémy (chant), au centre de la scène, est
sujet de toutes les attentions. Alternant growls caverneux, screams perçants et même chant
clair hypnotique sur des passages plus calmes, le chanteur maîtrise son art en observant la
salle d’un oeil malsain. "Je me croirais dans une salle de cinéma, venez plus près !" ordonne
le frontman à une fosse qui reste encore timide. Le morceau suivant est lancé, et les frappes
millimétrées de Theo (batterie) accompagnent une rythmique imposante, soulignée par le
gros son de basse d’Antoine. Et ce n’est qu’au troisième titre que la fosse ne commencera
à bouger un peu, sous les ordres du frontman, qui harangue les spectateurs à grand coups
de "Je veux vous voir bouger ! Circle pit !". Le son est toujours excellent, et les lumières
renforcent les riffs lourds du groupe, qui font finalement un peu remuer les spectateurs. Un
wall of death est même lancé, alors qu’un spectateur, visiblement possédé, semble vivre
littéralement la musique en s’accrochant au pied du chanteur. Sur scène, c’est également le
chaos pendant les breaks, les musiciens headbanguant en rythme en aplatissant
littéralement la fosse sous leur son ravageur. Quelques samples accompagnent certains
passages, donnant une ambiance supplémentaire au jeu de scène des musiciens comme
sur "Unnatural Object" où le chanteur hurle à la fois de rage et de douleur. Les deux derniers
morceaux finissent de convaincre la foule de l’étendue leurs capacités.
Setlist : "Chaos", "Through Flames And Carnage", "Flight To The Great Unknow", "The Wrench",
"The End", "Unnatural Object", "The Walk", "#jointhecrew".
La scène est réaménagée de manière très neutre, et c’est sans artifices que NAPALM DEATH
débarque sur scène comme à leur habitude. Danny Herrera (batterie) s’installe
tranquillement à son poste pendant que John Cooke (guitare) et Shane Embury (basse)
branchent leurs instruments. Mark “Barney” Greenway (chant) arrive le dernier sur scène,
et l’homme commence directement à sautiller et courir en rond alors que le premier titre
démarre, et dès lors, c’est la folie.
Si vous avez déjà assisté à un concert de NAPALM DEATH,
vous savez de quoi je parle. Dans la fosse, les spectateurs deviennent fous et commencent
à mosher plus ou moins proprement, mais du côté des musiciens le headbang est de mise.
Aidant parfois au chant, John et Shane martyrisent leurs instruments à coups de riffs
rapides et maîtrisés. "Merci, thank you !" lance le chanteur, "You obviously know it but we are
Napalm Death, from Birmingham in England !". Plutôt proche du public, le frontman prend le
temps d’introduire quelques titres, comme par exemple "Smash A Single Digit" en nous
expliquant l’idéologie derrière leur album "Apex Predator - Easy Meat", dont il est issu. Et la
fosse repart à chaque fois que le groupe joue, que le titre soit ultra-rapide ou seulement
violent. "Napalm Death is around since a long time" explique Barney, "so here is an old
school song… "Scum" !" hurle-t-il, lançant alors le premier slammeur de la soirée. D’autres
vieux morceaux sont enchaînés, avec notamment les deux titres les plus courts de la
discographie du groupe, qui surprennent et amusent la fosse. "Now it’s time for a more
melodic song…" lance le chanteur avant de repartir dans son manège qui mélange rage,
puissance et folie. Ne s’arrêtant que pour boire un peu d’eau, Barney impressionne autant
par son chant hurlé impeccable et vif, que par l’énergie débordante dont il fait preuve.
Piochant dans leur impressionnante discographie, le groupe fera une première cover avant
de revenir sur un morceau présenté comme "a track that was written 28 years ago about
religious subjects called "Suffer The Children" !". Il est impressionnant de voir à quel point les
musiciens sont impliqués à la fois dans cette rythmique sale et qu’ils maîtrisent à la
perfection. Si les slammeurs se font plus nombreux, les choeurs hurlés par les musiciens
également, et ils renforcent la détermination des premiers rangs à headbanguer et à
mosher. Une deuxième reprise est faite, avec la fameuse "Nazi Punks Fuck Off" que tout le
monde attendait, mais le show touche à sa fin, parfaitement illustré par un dernier slammeur
qui semble avoir du mal à rester debout sur scène. "Sadly we must say au revoir... It's the
last song of the night ! Thank you for spending your night with us, it’s much appreciate !" nous
lance le chanteur avant de laisser la folie s’emparer de la salle entière une dernière fois sur
"Siege Of Power". Les Anglais s’avancent pour serrer quelques mains avant de repartir aussi
simplement qu’ils sont venus.
Setlist : "Multinational Corporations", "Instinct Of Survival", "When All Is Said And Done",
"Unchallenged Hate", "Smash A Single Digit", "The Wolf I Feed", "Practice What You Preach",
"Standardization", "Everyday Pox", "Scum", "Life?", "Control", "You Suffer", "Dead", "Narcoleptic",
"Victims Of A Bomb Raid" (Anti Cimex cover), "Suffer The Children", "Breed To Breathe",
"Silence Is Deafening", "Call That An Option?", "How The Years Condemn", "Nazi Punks Fuck
Off" (Dead Kennedys cover), "Siege Of Power".
Bien qu’habitué aux concerts, ainsi qu’à ceux de NAPALM DEATH (ma cinquième expérience
ce soir), j’ai rarement vu des shows aussi violents que ceux du groupe. Malheureusement, la
fosse n’était pas vraiment réceptive pour WIDESPREAD DISEASE, qui n’ont absolument pas
démérité avec un show court, mais intense et maîtrisé du début à la fin. Mais le public a
préféré la rage brute des pionniers du grindcore, qui ont confirmé qu’ils méritent toujours,
même après plus de trente années de carrière, leur place de leaders incontestés.