La review

NERVOSA + DEAD SEASON + REAPTER
Le Midland - Lille (59)
22/08/17


Review rédigée par Rm.RCZ


Sans modestie aucune, comme French Metal est toujours fourré dans les bons coups, French Metal était partenaire de la tournée de NERVOSA, The World In Agony Tour. Pour ceux pour qui ce nom est encore (et avec regrets) inconnus ou peu expressif, NERVOSA est un all-female thrash metal band en provenance du Brésil. Alors est-ce qu’il est plus étrange pour un groupe de thrash d’être mené par trois femmes ou par trois Brésiliennes ? Aucune idée là-dessus et je vous laisse disserter sur le sujet. Toutefois, sans se perdre dans des explications à base de shemale ou de travestis, NERVOSA en a dans le coffre et dans le froc’ comme on dit par chez nous. NERVOSA c’est du thrash old school, bien bagarreur, rapide et nerveux. NERVOSA c’est également deux albums studios ("Victim Of Yourself" en 2014 et "Agony" en 2016) ainsi qu’un EP ("Time Of Death" en 2012). Pour le reste, NERVOSA c’est du headbang, du mosh et des patates dans la tronche (aussi bien métaphoriquement que réellement), surtout en live. Et pour le live, c’est la date lilloise à laquelle j’ai choisi de rendre honneur convenablement. D’autant plus que les trois de Sao Paulo était de passage avec les Italiens de REAPTER d’une part, mais surtout avec les fiertés nordistes de DEAD SEASON de l’autre. Ce qui laissait entrevoir la perspective d’une belle soirée.
Par une ellipse monumentale, c’est donc ce Mardi 22 Août au Midland lillois vers 20h que je me surpris à attendre de pieds fermes l’entrée en scène de DEAD SEASON, de REAPTER puis de NERVOSA. Comme le reste de la fosse finalement. D’ailleurs, sur cette dernière, un détail frappe d’emblée, celui de son éclectisme flagrant : jeunes, moins jeunes, vieux, moins vieux, belges, gens normaux, homme au chapeau de paille etc. Quoi qu’il en soit, c’est avec un poil de retard et sous les coups de 20h10 que la soirée commence et que DEAD SEASON entre en piste.



DEAD SEASON est ce groupe sur lequel j’ai déjà pu, plusieurs fois, pencher ma plume et aligner mes mots, mais surtout ce groupe bien d’ici qui se creuse une solide réputation en jouant à côté des valeurs sûres et émergentes de la scène internationale (Darkest Hour, Infected Rain etc. et aujourd’hui NERVOSA). En somme, un groupe prometteur dont les échos de son dernier album en date, "Prophecies", ont bien résonné et attiré, à juste titre, quelques spots sur le combo nordiste. Proposant un metal moderne et progressif voguant sur des rythmes envoutants entre violence et mélodie, DEAD SEASON est à l’exploration sonore ce qu’est Rocco Siffredi au porno, c’est-à-dire plusieurs centimètres bien tendus de plus. Plus finement et professionnellement, DEAD SEASON c’est quatre sorties studio (dont "Dusting The Rust" ou "Blackening The Shadows") et pas mal de claques, notamment portées par la voix de Julien Jacquemond qui, disons-le, est une sacrée paire de cordes vocales bien foutues. Mais arrêtons nous là pour la partie studio, puisque peu importe la description bien foutue pour le son sur album, aujourd’hui nous sommes ici pour le live.
Et pour rentrer dans la prestation scénique du soir, il faut d’embler remarquer une petite particularité au niveau du line-up. En même temps, difficile de passer à côté, puisque comme le nez au milieu de la tronche, DEAD SEASON a confié, pour l’occasion, le micro à un guest de choix. En effet, ce n’est donc autre qu’Arnhwald Rattenfänger de Deathcode Society qui se voit confier la lourde tâche de remplacer pour la soirée Julien Jacquemond, ce dernier ne pouvant assurer le concert. La seconde chose sur laquelle il est difficile de passer outre est l’attirail scénique d’Arnhwald, celui-ci arborant un bandeau aux yeux ensanglantés en guise de couvre-face. Alors nouvelle technique pour affronter son trac et la peur du public ou effet stylistique ? Peu importe, on croirait voir débarquer Bobby, White And Brownz (uniquement visuellement j’entends hein !). Plus sérieusement, et vanne sur la scène locale à part, Arnhwald Rattenfänger fait parfaitement le boulot et DEAD SEASON n’aurait pu trouver meilleur guest pour cette soirée. Le bougre assure et montre que, lui aussi, maîtrise une palette vocale assez étendue et diverse. D’ailleurs, comme pour parfaire le tout, la voix du guest sera rejointe par les backing vocals du guitaristes afin de parachever le son. Musicalement, DEAD SEASON délivre une prestation taillée pour une musique mêlant parfaitement violence et envolées mélodiques cleans et envoûtantes ("Prohibition Of God", "Guidestones"). L’instrumental est impeccable, soulignons notamment la mise à l’honneur de la basse qui fait plaisir et qui permet de profiter pleinement des délicates notes posées par Nicolas Sanson. Et comme nous ne sommes pas dans le monde des bisounours, que tout n’est pas tout beau tout rose et qu’il faut toujours trouver des défauts à tout, disons que comme léger bémol de cette prestation, nous esquisserons que, sur de rares occasions, le chant (clair surtout) se retrouvera surpassé par l’instrumental. Oui c’est juste pour faire l’emmerdeur faisant genre qu’il en connait un rayon que cette phrase existe...
Trêve d’air condescendant, avec des titres comme "The New Man", "Sexual Binging" voire "Ministry Of Truth", DEAD SEASON et son guest de choix ont réalisé une bien belle prestation, ont déclenché les premiers incessants "hey, hey, hey" (accompagné des poings et en hurlant bien sûr), les premiers devil horns et ont laissé éclater les premiers pogos (et avec eux mon acolyte photographe, paix à son âme...). Bref, aussi bien dans le dark ou le prog que dans le moderne et le technique, DEAD SEASON maîtrise son sujet et confirme tout le bien que pas mal de personnes (dont moi hein !) pensent d’eux. Bien plus qu’une excellente entrée en matière, la performance de DEAD SEASON n’a peut-être pas fait l’unanimité mais elle a clairement résumé ce que "talent" signifiait. Rien d’autre à ajouter !

Setlist : 1. "Endless War", 2. "Blood Links Alienation", 3. "Ministry Of Truth", 4. "The New Man", 5. "Prohibition Of God", 6. "Homogenetic", 7. "Sexual Binging", 8."Guidestones".



Ah si ! Tout compte fait, je rajouterai bien quelque chose ! Que quelques instants après la descente des planches de DEAD SEASON, les Italiens de REAPTER prennent déjà possession des lieux. Et le style qu’ils arborent m’esquisse un sourire, ça sent le thrash old school, les gusses se pavanent en spantex ou jean avec des chaînes et tout un attirail que Dee Snider et sa bande envieraient. Quoi qu’il en soit, REAPTER est prêt à esquisser les premières notes de son show, et quand ce fut chose faite, la vue n’a pas trompé l’oreille : nous avons le droit à un condensé thrash typé 80’s. Typé 80’s certes mais avec une pointe moderne non négligeable qui laisse respirer le son. Bref, le résultat est loin de se limiter à du thrash dans la tradition et tant mieux !
C’est donc sur "Repeat" que les Italiens entament leur set d’une quarantaine de minutes. Une quarantaine de minutes durant lesquelles REAPTER envoie un mélange entre modernité et traditionnel, entre riffs castagneurs et solos filants, mais surtout une quarantaine de minutes thrash à souhait. Même si la salle c’est quand même bien vidée pour écouter le quintette, les cinq ne semblent pas décourager et s’adonnent corps et âmes à leur art, à l’instar de la choucroute de l’un des guitaristes qui s’anime comme un chou-fleur frémissant. Le son de REAPTER est assez bon, même si par instants les guitares lancent des solos effrénés à peine audible. Pour la suite, le front-man de la formation, Claudio Arduini, ne manque pas de mimiques ni de gestes à base des cornes du diable ou de levées de poings spartiates, ce qui relève par moment presque du caricatural. REAPTER en live se veut assez communicatif et proche du public, incitant notamment ce dernier à se rapprocher car "les Italiens ne mordent pas" ou à transformer la salle en suées de heavy metal. Quoi qu’il en soit, même si les rangs sont clairsemés, REAPTER fera mouche avec quelques titres, notamment tirés de leur "thrashing songs" ("Self Destruction", "Life And Horror"). Un poil en dessous de la prestation précédente, le set envoyé par REAPTER n’est toutefois pas un mauvais moment pour la fosse et de nombreuses oreilles néophytes en REAPTER se plaisent à se laisser aller et à s’abandonner à ce metal made in Italie.
Et c’est là tout ce que nous demandions à ce gig : combler la foule et assurer le show en attendant la tête d’affiche du jour, NERVOSA ! Bref, pour certains tympans les Italiens ont parfaitement appliqué la maxime "veni, vidi, vici " de leur célèbre Jules. Jules ou pas, avec des titres comme "Time Lapse", "The Alchemist" ou encore "Useless", ce moment méritera sans doute un César pour avoir fait côtoyer l’efficace et le burlesque, la sobriété et le kitsch mais surtout pour avoir fait le taf. Ne reste donc plus qu’à attendre sagement NERVOSA pour le clou du spectacle et tout simplement envoyer quelques clous de plus dans ta face déjà bien amochée.

Setlist : 1. "Repeat", 2. "Tsunami", 3. "Time Lapse", 4. "Life And Horror", 5. "The Alchemist", 6. "Carnage", 7."Self Destruction", 8. "Tram Out", 9. "Useless".



C’est aux alentours de 23h que NERVOSA prend possession des planches du Midland pour un peu plus d’une heure dix de show. Si selon les croyances populaires, les Brésiliennes sont poilues comme des camionneurs, ici elles sont chevelues (évidemment !) et gueulent comme des bûcherons. Pour les oreilles pour qui ce nom reste encore vague, comme annoncé plus haut, pas de k-pop ni de jazz manouche au programme, NERVOSA distille un thrash metal vif, sale et agressif qui n’est pas sans rappeler les grandes heures de Venom ou de Krisiun. D’ailleurs, dans ses mimiques, Fernanda Lira esquisse facilement les traits d’un Cronos légèrement efféminé. Quoi qu’il en soit, c’est donc aux alentours de 23h que NERVOSA prend possession des planches du Midland pour un peu plus d’une heure dix de show. Aux alentours de 23h et après un faux départ frustrant qui méritera un magnifique "what the fuck is that shit !" de l’ingé son de la bande brésilienne. Mais bon, une fois réglé c’est bel et bien parti et "Hypocrisy" ouvre, comme à son habitude, le bal de thrash.
Dès les premières notes, NERVOSA se montre énervé et prêt à en découdre avec Lille, la setlist est elle aussi énervée puisqu’elle réunit une dizaine de titres tous plus thrash les uns que les autres ("Intolerance Means War", "Hostages", "Theory Of Conspiracy"). Scéniquement, les trois dames maîtrisent tous les codes inspirés par leurs congénères masculins, ça se plaît au headbanging, ça appelle au mosh et évidemment ça se plaît à imiter Satan, Belzébuth et n’importe quel démon. Et même si la musique est violente et les miss hargneuses, elles n’échapperont pas au sempiternel et beauf "à poil !" sorti des cordes vocales fragiles d’un pré-pubère en formation dont la vue de tant de testostérone dégagée par des femmes devait exciter. Mais bon, oublions ce jeune génie et tournons nous vers le reste de la fosse qui n’hésite pas à se lancer dans d’innombrables pogos, esquisses de circle-pits, slams et énormément de air guitar ou de air drum ("Surrounded By Serpents", "Masked Betrayer"). Ce n’est d’ailleurs pas les "How the fuck are you going tonight Lille? ", "Mosh !" ou autre "Hey, hey, hey !" qui refroidiront la sale. Au contraire, ils donneront même l’occasion à certains messieurs de danser allégrement à l’arrière du pit une pinte dans une main et un partenaire de buvette dans l’autre. Mais peu importe, concernant la setlist du soir, NERVOSA revisite équitablement et allégrement ses deux albums studio. Le premier album, "Victim Of Yourself", car "tant qu’il y aura des gens pour dire "NERVOSA ? Connais pas", elles l’useront jusqu’à l’os et avec des titres comme "Into Moshpit", "Death !" ou "Victim Of Yourself", c’est tant mieux ! Puis ensuite le second album, "Agony", car c’est le petit dernier et qu’il renferme lui aussi son lot de petites bombes ("Hypocrisy", "Guerra Santa", "Arrogance"). En somme, même si la setlist laissera à Luana Dametto le temps de s’offrir un solo de batterie, elle ne laissera aucun répit au pit qui ne pouvait espérer un show plus thrash et agressif que celui de ce soir.
Pour une touche de féminité toutefois, disons simplement que les ventilateurs donnent à la bassiste hurlante un effet décoiffé digne des plus grands spots L’Oréal. Blague misogyne et sexiste à part, NERVOSA en live ça décoiffe alors L’Oréal, Franck Provost ou Schwarzkopf, les tiffs et les nuques en ont pris un coup. Ce dernier show français de NERVOSA était tout simplement une démonstration de thrash et confirme une nouvelle fois que NERVOSA est une formation solide qui ne mérite que de percer davantage. Pas la peine d’un avare en compliments, NERVOSA connaît son sujet, et ce, même armé de paires de seins. Alors ne reste plus qu’à féliciter une nouvelle fois NERVOSA mais également DEAD SEASON et REAPTER qui ont également défendus dignement leurs couleurs. Et à remercier ma photographe tout terrain, Romane Nicolle, pour ses clichés et de ne pas s’être fait écraser ou piétiner en dépit de sa taille. Quoi qu’il en soit, aux prochains moshs les allumés !

Setlist : 1. "Hypocrisy", 2. "Arrogance", 3. "Surrounded By Serpents", 4. "Death !", 5. "Intolerance Means War", 6. "Failed System", 7. "Masked Betrayer", 8. "Hostages", 9. "Victim Of Yourself", 10. "Guerra Santa", 11. solo de batterie, 12. "Theory Of Conspiracy", 13. "Into Moshpit".