La review

NEVER SAY DIE! TOUR 2016
Whitechapel + Thy Art Is Murder + Carnifex + Obey The Brave + Fallujah + Make The Suffer + Polar
Le Trabendo - Paris
23/11/2016


Review rédigée par Sharknator


Impericon, c'est LA référence du merchandising en ligne de deathcore / hardcore. Non contents d’un Impericon Fest en tournée européenne tous les ans dans la période Avril-Mai, le site se fait également sponsoring principal d’un autre mini-festival : le Never Say Die!, et son panel de sept groupes du même genre, organisé par l’association Hope For The Day, consacrée à la prévention contre le suicide. Leur credo au sein de cet événement : la musique peut vous sauver la vie. Hope For The Day est en effet l’instigateur du projet Music Saved My Life, une série de vidéos de confidences de musiciens reconnus, auquel le Never Say Die! fait écho. L’association souhaite faire passer sa solution alternative de prévention contre le suicide outre-Atlantique, sur nos terres européennes, accompagnés de toute une flotte de musiciens bien sympathiques. Pour un résultat catchy à souhait.



Grand sourire aux lèvres débarquent les membres du premier groupe de la petite troupe, paradoxalement le plus détonnant de la mouvance deathcore que nous promet la suite de l’affiche, dans un set bien agité et à la présence scénique très appuyée, mais avec un son de micro légèrement noyé dans le reste de l’instrumentalisation. Les têtes remuent déjà beaucoup dans la fosse du Trabendo un peu mais pas trop investie par quelques premiers spectateurs en cette heure pas assez tardive qu’est 17h30. Mais POLAR doit vite finir, contraint par la demi-heure à peine de show qui lui a été allouée, et elle passe bien vite. Nonobstant pas en reste, le groupe nous donne rendez-vous en 2017 au Gibus Live, où il sera tête d’affiche cette fois !



On accueille ensuite les Australiens de MAKE THEM SUFFER, avec un nouveau bassiste et visiblement une remplaçante derrière le synthétiseur, dont la chevelure fuchsia nous montre ponctuellement un gracieux ballet rose au gré de ses quelques headbangings. Ce qui demeure à peu près le seul élément captivant de ce set, quasiment inécoutable noyé dans une régie son horrible, probablement due aux balances entre eux et POLAR. Batterie trop puissante, anomalies rythmiques et peu d’osmose entre les musiciens, clavier tantôt trop fort tantôt inaudible, à l’instar des chœurs. Concert passable en somme, emballé de plus dans une setlist des plus perfectibles (même pour cinq morceaux). MAKE THEM SUFFER aurait gagné de toute manière à n’avoir pas sorti "Old Souls", qui fait tâche en comparaison de "Neverbloom".



Parmi les groupes les plus émergents de la scène metal, FALLUJAH vient ce soir défendre "Dreamless", l’un des albums les plus appréciés du cru 2016, rien que ça. Et, nimbés d’une régie parfaite à tous les points de vue (net contraste avec MAKE THEM SUFFER), le groupe le plus technique du Never Say Die! nous gratifie d’un set atmosphérique, au son harmonieux et planant, au jeu de lumière d’une beauté interstellaire, enrobé dans la setlist la plus éclectique qu’il pouvait nous délivrer, mélangeant son deathcore technico-progressif à ses origines plus grindesques, dans un équilibre parfait entre la bestialité brute et la délicatesse subtile. Au fil des années, FALLUJAH ne cesse de s’améliorer, c’est sûr ; nous offriront-ils un jour un set parfait ?



OBEY THE BRAVE rassemble l’un des publics les plus fidèles et les plus chauffés à blanc de la soirée, ayant bien déployé sa verve et sa répartie tout au long du concert et des pauses entre les morceaux. Ce fut presque un dialogue entre la scène et le public, qui s’imposa le luxe de mettre une ambiance de circonstance dans le pit, tandis que les Canadiens prirent plaisir à étaler leur maîtrise de la langue de Molière au public parisien. Dans leur enchaînement de titres fédérateurs tout droit sortis de leurs deux albums pointent même deux nouveaux titres d’un nouvel album que les fans, sans nul doute, s’empresseront d’acquérir. Un bon coup de poing pour les blasés de la musique un peu trop technique et pas toujours trop catchy de FALLUJAH.



Messieurs les latinistes, êtes-vous assez doctes pour connaître le sens du mot "carnifex" dans la langue de Cicéron ? Non ? Ce nom annonce pourtant le calibre de la musique que nous délivreront ces Américains. Parmi les musiciens les plus marquants, un chanteur au style bien agressif et un guitariste à l’obésité morbide excitèrent le public avec une intensité notable ; baigné dans un jeu de lumières dégueulasse, mais de circonstance, il se déchaîna. Scott Lewis (le chanteur, et accessoirement frontman particulièrement charismatique) y contribua tout particulièrement, et c’est ainsi que CARNIFEX nous offrit une orgie de violence tant musicale que contextuelle, entre des headbangings effrénés et des circles pits à foison, du bon boulot pour le bourreau que le nom du groupe annonce. Un set surprenant, au regard de la qualité douteuse de leurs albums.



Probablement le groupe le plus attendu de la soirée, à égalité avec OBEY THE BRAVE, THY ART IS MURDER s’inscrivit dans la directe lignée de leurs confrères CARNIFEX, à l’aide d’un show non moins violent, baigné de lumières d’une pas très meilleure facture cela dit. Les riffs percutants et sombres équilibrent ce désavantage, et dotent ce concert d’une intensité toute autre que les Américains les ayant précédés ; une violence plus subtile, moins rentre-dedans, mais toujours assez brutale, offre finalement un soupçon de diversité à la programmation du Never Say Die!, apte à contrecarrer la vision uniforme que peuvent avoir les plus réfractaires au deathcore.



Paradoxalement, la tête d’affiche de la programmation n’est pas le groupe le plus attendu du Trabendo ce soir-là, et la salle s’est déjà vidée d’une partie de son public avant l’entrée en scène de WHITECHAPEL. On ne les attend pas particulièrement non plus suite à l’accueil très mitigé du dernier rejeton "Mark Of The Blade", et non pas à tort : WHITECHAPEL est un groupe aux airs robotiques. La régie fait son travail, d’accord, mais une adhésion seulement partielle de l’assemblée, des musiciens nonchalants, un chanteur au jeu scénique bien pauvre et aux interventions très rares, pas de spontanéité (on dirait bien trop que WHITECHAPEL ne fait que "réciter" machinalement une chorégraphie bien établie par un metteur en scène maquant particulièrement d’imagination)… WHITECHAPEL donne de plus en plus l’impression d’être un groupe ultra formaté et n’ayant pas mérité sa place dans la cour des grands. Ce qui est relativement dommage, rapport à la qualité de leurs premiers albums.