La review

NO ONE IS INNOCENT + TAGADA JONES + ULTRA VOMIT + LE REPARATEUR
Le Transbordeur - Villeurbanne (69)
29/04/17


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Jérémy Girard


Ce soir, Mediatone nous propose une belle et grosse affiche au Transbordeur en greffant le groupe de metal humoristique ULTRA VOMIT sur la dernière date de la tournée de TAGADA JONES et NO ONE IS INNOCENT. Une programmation cent pour cent française qui devrait ramener du monde !



On débute la soirée avec un duo punk rock appelé LE REPARATEUR. Thibault Ader à la guitare et au chant et Aksel Boursier à la batterie et aux chœurs perpétuent l'esprit keupon avec hardeur et irrévérence. A travers des textes en français bien assaisonnés, le groupe crache à la gueule de notre société moderne avec une ironie mordante qui tire vers un certain esprit nihiliste. L'énergie des deux musiciens fait clairement mouche auprès du public, notamment grâce à un son excellent qui nous permet de comprendre parfaitement les paroles tout en conservant l'impact de leur jeu très punchy. Une excellente découverte pour ma part qui ouvre la soirée sous les meilleurs hospices.



Avec la sortie de leur nouvel album la veille, on peut dire que le groupe phare du metal humoristique français était très attendu ce soir. D'ailleurs, nombreux étaient les spectateurs surpris de ne pas voir le groupe en tête d'affiche. Les nouveaux morceaux présentés dans "Panzer Surprise !" seront clairement mis à l'honneur par le groupe avec, en fond de scène, un écran aux couleurs de l'album sur lequel s'affichera les titres des différentes chansons en reprenant les typographies des différents groupes parodiés. D'ailleurs, avec ULTRA VOMIT, tout le monde en prend pour son grade ; des Québécois aux Japonais mais aussi les groupes bien de chez nous comme en témoigne le chanson "Calojira" qui reprend un texte de Calogero dans le style de Gojira ou même "Le Chien Géant" qui parodie les TAGADA JONES qui joueront après eux ce soir. Bref, ULTRA VOMIT se fout de la gueule de tout le monde, y compris de la leur, mais avec une impressionnante maîtrise des différents styles musicaux. D'ailleurs, comme pour le premier groupe, le son général est encore une fois vraiment très bon et met chaque morceau bien en valeur. Si on a le droit à beaucoup de nouveaux titres, les vieux classiques ne sont pas oubliés avec, entre autres, "Je Ne T'ai Jamait Autans Aimé", "Mountains Of Maths" (qui sera le seul morceau un peu raté ce soir), "Pauv' Connard" (précédé d'un numéro d'hypnose), "I Like To Vomit" et, pour terminer, "Je Collectionne Des Canards" qui achèvera de mettre le public en totale ébullition. Le groupe reviendra ensuite sur scène, habillé en longs manteaux de cuir noir, pour nous jouer leur déjà célèbre reprise de Rammstein, "Kammthaar", ainsi que deux autres derniers morceaux. Comme à son habitude, ULTRA VOMIT aura encore fait une grosse impression ce soir. Comme dirait l'autre : ce fut drôle, ce fut bon, ce fut drôlement bon !



On continue la soirée en compagnie des TAGADA JONES. Après les avoir découvert en festival il y a deux ans, j'ai hâte de revoir le groupe sur scène. Cependant, vu l'ambiance de folie qu'ont réussi à mettre le groupe d'avant, ils auront intérêt à assurer pour maintenir le niveau ! Avant que le concert ne commence, l'équipe de Médiatone se rassemble sur scène pour remercier le public et les groupes présents ce soir. Ce sera l'occasion pour eux de rappeler le gros événement prévu le 8 Juin au même endroit avec une dizaine de groupes dont Mass Hysteria, Babylone Circus et Psykup.
Après cet interlude, les TAGADA JONES entrent en scène sur une bande son apocalyptique qui mélange les discours de différents politiciens véreux. On découvre l'immense fond de scène reprenant l'illustration de leur dernier album "La Peste Et Le Cholera" qui représente deux personnages souriants en costard portant, l'un un masque de diable, l'autre un masque de cochon. Ces deux figures de cauchemar nous évoqueront sans trop de difficultés nos deux candidats au second tour de la présidentielle. D'entrée de jeu, TAGADA JONES va mettre le feu aux poudres avec le morceau "Envers Et Contre Tous" qui nous explose à la gueule telle une bombe. Le son est excellent, les musiciens transmettent leur hargne comme jamais et le public devient vite complètement taré. Dans la salle l'ambiance est énorme, les spectateurs pogotent dans tous les sens en gueulant les refrains engagés du groupe. A une semaine du deuxième tour durant lequel on nous proposera de choisir entre la vaseline vendue par la presse ou la sodomie à l'ancienne, ce concert offre un excellent exutoire à notre dégoût et à notre frustration. Cependant, l'expression de cette rage commune contre le capitalisme et l'extrême droite donnent parfois à ce concert une dimension sectaire avec laquelle je ne suis pas vraiment très à l'aise. Certes, en tant que gauchiste, ça me fait plaisir de voir que les valeurs qui me sont chères sont partagées par tant de monde et avec autant d'enthousiasme, mais, dans cette détestation collective de toute autre idée politique, il y a un aspect sectaire qui manque un peu de nuance et de distance critique. Mais assez d'analyse politique, revenons un peu à la musique. Durant plus d'une heure, le groupe nous délivre un punk / metal ultra efficace et d'une rare intensité. Le martellement en règle de la caisse claire, les riffs incisifs des guitares et de la basse ainsi que le chant éraillé de Niko, soutenu par les chœurs de ses acolytes, ne nous laissent aucun répit. Chaque musicien se donne à fond et déborde d'énergie. Ce n'est pas un groupe, c'est une machine de guerre que nous voyons sur scène !
Après avoir joué leurs deux morceaux qui parlent des récents attentats islamistes, le groupe termine par un "Mort Aux Cons" anti Front National, durant lequel ils seront rejoints sur scène par les musiciens de NO ONE IS INNOCENT et par l'équipe de Mediatone. Avec un bassiste qui terminera au milieu du public, les TAGADA JONES nous auront offert ce soir un concert d'une rare intensité duquel on sortira complètement lessivés. Et pourtant, la soirée n'est pas encore terminée !



Ce seront les Parisiens de NO ONE IS INNOCENT qui auront la lourde tâche de terminer la soirée. Pour ma part, je n'ai encore jamais eu l'occasion de voir le groupe en concert mais on me dit dans la salle qu'il faut encore s'attendre à du très lourd.
Pour se présenter en montant sur scène, le frontman Kemar ira droit à l'essentiel : "Bonsoir, on s'appelle No One Is Innocent et on fait du rock'n'roll !". Le groupe enchaînera dans la foulée sur le morceau "Djihad Propaganda" extrait de leur dernier album. Encore une fois, le son est énorme mais on remarque aussi le superbe jeu de lumière qui nous offre un immense écran de fumée rouge sur lequel les silhouettes des musiciens se dessinent en ombres chinoises. Les projecteurs de face viendront régulièrement déchirer cet écran de fumée pour nous montrer les visages des artistes et dévoiler le superbe visuel de fond de scène qui reprend l'illustration du dernier album avec un garçon torse nu qui hurle en mettant ses mains en haut-parleur. Bref, c'est très pro et très classe ! On ne m'avait pas trompé, les No One vont continuer à mettre le feu ce soir au Transbordeur. Piochant essentiellement dans les morceaux de son dernier album, le groupe alternera entre rock alternatif à la Noir Désir et hardcore groovy à la Rage Against The Machine, dont ils nous offriront d'ailleurs une reprise assez inattendue. Le groupe se donne à fond et occupe magnifiquement l'espace scénique. Niveau paroles, on reste clairement dans l'esprit contestataire des TAGADA JONES mais dans une écriture plus imagée dans laquelle l'anglais et l'espagnol s'invitent régulièrement pour donner aux textes du groupe une dimension plus universaliste. On aura d'ailleurs droit au morceau "Chile" qui parle de la résistance chilienne face à la dictature de Pinochet. Tout comme avec TAGADA JONES, nous aurons aussi droit ce soir à des morceaux contre le Front National et contre les attentats terroristes avec, notamment, le morceau "Charlie" sur lequel le public sera invité à venir envahir la scène.

Au final, Mediatone a su piocher dans le meilleur de la scène française en nous permettant d'assister à quatre excellentes prestations dans la même soirée. Le public ne s'y est pas trompé et n'aura pas boudé son plaisir en mettant une ambiance énorme dans la salle. Merci aux organisateurs, aux techniciens et aux groupes pour ce concert d’anthologie. Des soirées comme celle-là, on aimerait en vivre plus souvent !

Photos tirées de : www.facebook.com/jeremygirardphotography