La review

OATHBREAKER + WIFE + LE GRAND MAL
Warm Audio - Décines (69)
30/11/16


Review rédigée par Zemurion
Photos prises par Franck


OATHBREAKER, vous connaissez ? C'est suisse et l'écoute de leur dernier album m'a récemment collé une méchante claque. Et comme la vie est bien faite, ils sont justement de passage au Warm Audio ce mois-ci. Vite, je demande mon accréditation - gentiment accordée par l'association Riot Show - et je prends la direction de Décines pour une soirée qui s'annonce musicalement riche et intense.



On commence la soirée sur les chapeaux de roue avec une autre formation helvète. Il s'agit de LE GRAND MAL qui accompagne aujourd'hui la tête d'affiche pour son passage en territoire lyonnais. Apparaissent sur scène un chanteur vêtu tel un gendre idéal (pantalon slim, chaussures vernies, chemise noir bien boutonnée et petit gel dans les cheveux), deux guitaristes et un bassiste en sweat-shirt et jeans, et une brute épaisse derrière la batterie en débardeur avec bonnet sur la tête. A voir ce mélange des styles, on ne sait pas encore à quelle sauce on va être mangé. Le groupe se met alors soudainement en action et démontre une énergie scénique débordante. Je pense notamment au guitariste à gauche de la scène qui renverse tout sur son passage tel un véritable danger public. Musicalement, le quintette se réclame du crusty / hardcore / punk. Ce que je peux dire, c'est qu'ils nous offrent un show complètement destroy avec des morceaux courts et variés aux sonorités tirant sérieusement vers le noise. Leur prestation s'achève rapidement devant une salle qui finit de se remplir au compte goutte. Il faut dire que la grève des transports aura malheureusement refroidi plus d'un spectateur ce soir.



On change maintenant complètement d'univers avec le projet electro ambiant du britannique James Kelly. Au centre de la scène, derrière ses machines, le performeur est éclairé en contre-jour par trois projecteurs à LED qu'il semble contrôler depuis sa console. Pendant trois quart d'heure, il nous délivre une musique électronique élégante et hypnotisante avec quelques passages très lumineux. Dans les premières minutes du concert, on a tout de même du mal à se laisser porter par les mélodies car le rythme est sans cesse maltraité et déconstruit. Mais, petit à petit, James Kelly laissera sa musique se fluidifier tandis qu'il prendra le micro pour nous bercer de sa douce voix robotique. De temps en temps, il s'amusera de nouveau à malmener le débit de ses morceaux en y intégrant d'abruptes coupures de son de façon répétée pour, au final, mieux laisser la musique redécoller derrière. Après quelques remerciements discrets, le musicien quittera sobrement la scène pour nous laisser en compagnie de la tête d'affiche.



Après un rapide changement de plateau, nous voilà enfin prêts pour le gros morceau de la soirée. Comme dans le nouvel album, le concert commence par un très beau chant a cappella de la frontwoman Caro Tanghe. Cachée durant tout le concert derrière sa masse de cheveux et enveloppée d'un long manteau noir duquel dépasse deux petit mains squelettiques, elle me fait penser à une sinistre banshee errant au milieu de la scène. Il émane de cet être une voix très maîtrisée qu'on pourra facilement rapprocher de celle de Bjork. Son chant lugubre sonne comme une plainte de désespoir auquel vient se mêler progressivement le son envoûtant et très travaillé des autres instruments. Et puis, soudain, tout se fracasse. Le chant se mue en un hurlement à vous glacer le sang tandis que le son des instruments, devenu ultra lourd et violent, vous secoue dans tous les sens. Pour résumer, je dirais que le groupe nous délivre une musique d'une noirceur abyssal entre post-hardcore, doom et black metal. Comme sur l'album, on alterne sans cesse entre longs passages calmes et lugubres d'une part, et déchaînements violents et intenses d'une autre part. Même si cette recette pourra paraître un peu redondante au bout d'un moment, le groupe nous offre tout de même un show d'une rare émotion. Malheureusement, la chanteuse souffrira de nombreux problèmes techniques durant la prestation qui n'arriveront pas à être résolus malgré deux changements de câblage. Ainsi, bien qu'on ne voit pas son visage, on sent à plusieurs reprises qu'elle a envie de bazarder son micro. Autre souci qui nuira au concert, une des enceinte du Warm Audio émettra un agaçant grésillement durant toute la durée du show. Un grésillement qui sera particulièrement gênant lors des périodes d'accalmie. Niveau setlist, le groupe se concentrera essentiellement sur les morceaux de son nouvel album. Seul le dernier titre de la soirée, le pachydermique "Glimpse Of The Unseen", ne sera pas issu de celui-ci.

Malgré les petits soucis techniques, OATHBREAKER aura tout de même réussi à combler la petite audience présente ce soir avec une musique d'une intensité rare. Comme il se doit, on remercie chaleureusement l'équipe de Riot Show et du Warm Audio pour cette soirée forte en émotions.