La review

OBITUARY + EXMORTUS + EXOCRINE
Le Trabendo - Paris
14/03/18


Review rédigée par Candice


S’il y a bien un groupe que vous pouvez être certain de voir au moins une fois dans votre vie, c’est OBITUARY. En effet, le groupe est un habitué des terres françaises, et passe en moyenne deux à trois fois par an. Il n’y a donc pas d’effet de surprise quand nous voyons leur nom sur une affiche, cependant cela fait toujours autant plaisir. Il faut dire que le groupe est une vraie bête de scène, et n’a jamais ou très rarement déçu son public. C’est avec un line-up assez différent que de coutume que celui-ci joue ce soir au Trabendo. Suite à leur passage remarqué en première partie de Havok au Petit Bain en Avril 2017, nous avons l’honneur d’accueillir de nouveau les thrashers d'EXMORTUS, ainsi que les Bordelais d'EXOCRINE et leur death progressif / technique. Que du beau monde pour cette soirée qui s’annonce prometteuse !



La salle commence doucement à se remplir quand EXOCRINE monte sur scène, dommage pour les retardataires car ils loupent une entrée en matière vraiment sympathique ! EXOCRINE nous délivre du death 2.0, très moderne et également très progressif dans sa construction et son atmosphère générale. On est très loin du death metal crasseux et fonce-dans-le-tas d'OBITUARY, mais le groupe nous expose son point de vue très différent avec beaucoup de subtilité et de maîtrise. Sans être non plus subjugués par leur musique, on se laisse prendre au jeu et on se surprend à headbanguer sur quelques morceaux bien ficelés. Les fans d'Obscura (avec qui ils partageront l’affiche lors d’une tournée japonaise cette année), Beyond Creation ou encore Gorod y trouveront leur compte ! La cadence effrénée calculée au millième de seconde près de la batterie, orchestrée par Michaël Martin, forme un tout harmonieux avec les accords complexes des guitares au son froid comme de l’acier. Et c’est pourtant sans aucun complexe ni difficulté que les deux guitaristes Sylvain Octor-Perez et Nicolas La Rosa nous balancent leurs riffs, l’air on ne peut plus détendu. C’est tout sourire que EXOCRINE enchaîne ses titres, content de voir que le public répond bien à son appel. Un groupe que tous les amateurs du genre devraient suivre de près !



EXOCRINE est parvenu à bien chauffer le pit, c’est avec une excitation grandissante que l’on attend la suite. Et pourtant, le pari est risqué avec un groupe tel qu'EXMORTUS pour le public de ce soir ; ça passe ou ça casse ! En effet, les Américains, fans de thrash traditionnel tout en idolâtrant Ynwgie Malmsteen (Jadran "Conan" Gonzalez au chant et à la guitare arbore fièrement un tee shirt à son effigie) et le néo-classique, genre musical assez décrié, se heurtera peut-être à une population peu sensible à cela. Et pourtant, dès les premiers morceaux on se rend compte assez vite que la musique d'EXMORTUS passe comme une lettre à la Poste, et c’est tant mieux ! Des titres heavy / thrash teintés de death tels que "Death To Tyrants" ou encore "Foe Hammer" font sensation. Le groupe n’a pas peur de mélanger les styles pour rendre sa musique métissée et unique. Nous pouvons entendre ce soir tantôt des riffs techniques, néo-classiques, death, tantôt un jeu de batterie thrash, des solos heavy mélodiques frisant le shred néo-classique de Malmsteen, le tout couronné par le chant caverneux de Conan. EXMORTUS a gagné le cœur de tous ou presque, l’ambiance est au beau fixe. "Make Haste" et la reprise de "Moonlight Sonata" de Beethoven sont les points forts néo-classiques de ce soir, la maîtrise du groupe sur le sujet est épatante. Les deux guitaristes se prêtent même à une petite battle de guitar hero ; et que je joue avec la guitare de l’autre, par dessus la tête, avec la langue… On l’aura compris, nous n’avons pas affaire à des débutants ! Les influences sont certes évidentes, sans toutefois que leurs compositions ne deviennent de pâles copies des œuvres du passé. Il en va de même pour les autres morceaux interprétés, EXMORTUS est une bouffée d’air frais dans cette ère où certaines genres sont encore très segmentés, tout comme les mentalités tout aussi strictes. Néanmoins, EXMORTUS quitte la scène en vainqueur, et est généreusement remercié par le public. Une réussite !



Mais laissons désormais place aux légendes du death metal américain, j’ai nommé OBITUARY. Ils font à nouveau salle comble en ce Mercredi 14 Mars, il est impressionnant de constater la fidélité et l’amour dévoué de leur fanbase, de plus en plus éclectique et diversifiée. Le groupe est attendu comme le messie, c’est sous une forte acclamation que les membres font leur entrée et entament "Redneck Stomp" qui finira par faire venir le gourou John Tardy. Presque trente ans que celui-ci nous fait vibrer et pourtant son charisme est intact, Tardy est l’un des meilleurs frontmen de la scène death que la Terre ait porté. Car, que l’on aime ou pas le style assez particulier d'OBITUARY, nous sommes irrésistiblement attirés par leur jeu et leur présence sur scène. Bref, parlons musique ! "Redneck Stomp" nous avait mis dans le bain en douceur, et maintenant "Sentence Day" passe aux choses sérieuses. Du bon gros death tiré de leur dernier album sobrement intitulé "Obituary", et même s’il conserve la lourdeur caractéristique du groupe, il fait preuve d’une certaine modernité dans les riffs et le tempo. Un morceau salué par la foule, comment aurait-il pu en être autrement ? OBITUARY n’épargnera pas cet album, et pas moins de cinq morceaux seront interprétés dont l’excellent "A Lesson In Vengeance" au groove imparable, ou encore l’effréné "Brave" qui vous décroche les cervicales comme il faut. Des morceaux aussi terribles sur album que sur scène, OBITUARY est une valeur sûre ! Cependant, que serait ce concert sans quelques classiques ? Impossible de passer à côté des deux mastodontes du death "Slowly We Rot" et "Cause Of Death", qui nous rendent toujours aussi fous et incontrôlables après toutes ces années. Imperturbable (voire presque de glace face à cette ardeur), le groupe nous balance les bombes "Chopped In Half", "Turned Inside Out", "Find The Arise" dont l’ambiance et le solo me donnent toujours autant la chair de poule, le cradingue "‘Til Death"… La pression ne prend jamais le temps de redescendre ! Le cultissime "Slowly We Rot" sera sans grande surprise gardé pour la fin, et viendra conclure ce concert qui aura été en tout point une claque dans la gueule que l’on a l’habitude de se prendre avec OBITUARY, mais que l’on redemande toujours.