La review

OBSCURA + FALLUJAH + ALLEGAEON + FIRST FRAGMENT
Le Trabendo - Paris
09/02/2019


Review rédigée par Matthieu


Après deux concerts relativement différents cette semaine, j’enchaîne avec un troisième qui ne laissera pas les fans de technicité indifférents, puisqu’OBSCURA revient à Paris, avec cette fois FALLUJAH, ALLEGAEON et FIRST FRAGMENT dans le tourbus ! Tout ça au Trabendo. Que dire à part que l’on sait que l’on va prendre une claque monumentale et que même les meilleurs musiciens de l’assemblée seront mis à l’amende par les artistes. En attendant, la date n’est pas complète mais la file d’attente est conséquente.



C’est donc un petit moment après l’ouverture des portes que les Canadiens de FIRST FRAGMENT arrivent un par un sur la scène avec le sourire aux lèvres. Et c’est avec ce même sourire que Phil Tougas (guitare / choeurs), Nick Miller (guitare), Dominic “Forest” Lapointe (basse) débutent un riff d’introduction qui donne clairement le ton de la soirée : ça joue vite et TRÈS bien. Quelques accents jazzy se font sentir dans la composition alors que David AB (chant) débarque et commence à hurler. Malheureusement, le chant ne parviendra qu’aux oreilles des premiers rangs, et encore. Mais ce petit problème de son ne gâche en rien la violence des assauts répétés des musiciens, et surtout le blast furieux de Nicholas Wells (guitare), qui headbangue carrément derrière son kit quelle que soit la difficulté de la partie qu’il joue. Un vrai monstre. "Merci Paris" lâche sobrement le chanteur. Et le concert reprend avec un titre qui débute lentement, avec des musiciens qui n’hésitent pas à haranguer la fosse avant d’aligner un nombre effroyable de notes de manière très ordonnée, à défaut de pouvoir se mouvoir correctement sur la scène à cause de la batterie. "Dominic va vous montrer comment on fait de la basse au Québec !" nous annonce alors David, avant que le groupe entier ne débute un interlude qui mêle basse et guitare avec une virtuosité hors du commun, pendant que le public savoure cet instant incroyable. Le chant revient sur le morceau suivant, et quelques choeurs hurlés se font également entendre grâce à Phil, ce qui permet à la formation d’alterner growl et scream. Et malgré l’heure assez peu tardive, la fosse est réactive, certains allant même jusqu’à mosher un peu au rythme des blasts de la formation. "C’est déjà notre dernière chanson, merci d’être là !" lance le frontman. Et c’est dans une quasi obscurité constante que les guitaristes aligneront leurs derniers riffs sur une double partie lead, pour un "Paradoxal Subjugation" acclamé par une fosse qui se remplit encore et encore. Excellente découverte, et excellente entrée en matière.

Setlist : Intro, "Le Serment De Tsion", "Voracité (Apothéose, Part 1)", "Soif Brûlante", "Gula", "Paradoxal Subjugation".



On change rapidement l’espace de jeu, et c’est ALLEGAEON qui débarque avec la ferme intention de déblayer le Trabendo. Et c’est peu ou prou ce qui s’est passé dès les premières secondes du set des Américains. Car dès qu’"All Hail Science" démarre, Riley McShane (chant) s’élance sur scène en hurlant "Come on Paris !", ce que le public français prendra pour une invitation pure et simple au headbang, à laquelle l’intégralité de l’assemblée répondra présent. Mais aux côtés du charismatique chanteur se tiennent également Bradon Park (batterie), dont les blasts ravageurs feront mosher la foule, Greg Burgess et Michael Stancel (guitares), malheureusement un peu cachés par les lumières de la salle, et Brandon Michael (basse) qui lève son instrument vers l’assistance lorsque le débit de notes qu’il doit fournir le lui permet. Tous alignent les riffs sans sourciller, et Riley jongle avec sa bouteille d’eau lorsqu’il ne harangue pas la fosse. Il ira d’ailleurs directement sur la crash barrière pour motiver la foule. "Hey Paris, be this violent again !" ordonne-t-il pendant que les musiciens, motivés et concentrés, débitent des harmoniques à couper le souffle. Michael ira changer de guitare pour une huit cordes sans tête afin d’aligner les titres les plus lourds et violents du groupe, à l’image de "Gravimetric Time Dilatation", issu de mon album favori, pendant que le frontman s’adresse au public. "Can we have a little more circle pit ?" lance-t-il avant de recommencer à hurler. Et même si la technicité est clairement au rendez-vous dans les mélodies, elle n’affecte en rien la violence du titre entier et permet aux musiciens de captiver la foule. Les deux guitaristes se rejoignent alors que le morceau passe par des parties atmosphériques, et c’est finalement "1.618" qui viendra frapper de plein fouet la capitale. Et c’est devant des musiciens très mobiles que le public parisien montrera qu’il est pleinement éveillé en devenant plus violent qu’auparavant, alors que Riley est presque en train de danser lors des parties les plus techniques des morceaux. Le nouveau titre issu du prochain album de la formation est évidemment interprété, mais c’est sur le tout dernier titre de ce (trop court) set, qui démarre pourtant très lentement, que l’intensité sera au maximum. Le chanteur reviendra serrer des mains sur les crash barrières pendant que devant lui une fosse agitée est à l’oeuvre et un groupe surmotivé lui fournit une rythmique à briser des nuques. Que demander de mieux pour clore un set ?

Setlist : "All Hail Science", "Gray Matter Mechanics", "Apassionata Ex Machinea", "Gravimetric Time Dilation", "1.618", "Stellar Tidal Disruption", "Behold (God I Am)".



On change un peu de registre avec l’arrivée de FALLUJAH, et bizarrement le public s’éloigne de la fosse. Est-ce une action réfléchie ou un désintérêt ? Peu importe, car le groupe est déjà là et semble être prêt à briser des nuques. Scott Carstairs et Danny Tunker (guitares) se placent à l’opposé l’un de l’autre et commencent à aligner leurs riffs. Rob Morey, très motivé, pose un peu au centre de la scène, alors que toute l’attention est attirée par Antonio Palermo (chant), la nouvelle recrue des Américains. A l’arrière, c’est Andrew Baird (batterie), presque invisible, qui martèle ses fûts comme un beau diable afin de fournir au combo la puissance nécessaire pour des harmoniques atmosphériques qui contrastent avec la puissance qu’ils dégagent sur les parties plus axées deathcore. Et c’est d’ailleurs ces relents de deathcore progressif qui fascinent ou qui dérangent, car sur "Ultraviolet", le nouveau morceau, la moitié du public reste statique, remuant à peine la tête, et l’autre se déchaîne littéralement. "Oh Paris… thank you guys ! This song is from "Dreamless", I want to see a fucking pit !" hurle le chanteur en montant sur la crash barrière. "Oh fuck…" lâchera-t-il en voyant que ses ordres sont exécutés à la lettre par l’assemblée. Et ce constat le rendra fou, puisque le chanteur n’hésitera pas à s’agenouiller sur scène avant de bondir à nouveau sur la barrière et même de slammer pendant que les musiciens alignent une rythmique lourde au son futuriste très carrée, et enchaînent avec un deuxième titre, cette fois plus ancien. "Oh Paris, you guys are fucking dumb ! We got a new song for you !" hurle le frontman à la fosse, avant de nous offrir un titre inédit nommé "Last Light", et qui figurera à coup sûr sur le prochain album. Le titre plaît, et le chanteur harangue encore la fosse, qui réagit à chacun de ses appels. "Let me see your hands, I want to see you bang your fucking head !" marquera le début de la superbe "Scar Queen" qui, pourtant parfaite sur l’album, a du mal à accrocher la fosse en live. Pourtant, ce contraste entre violence et sons ambiants est très appréciable, mais les deux derniers morceaux permettront au combo de confirmer qu’ils maîtrisent leurs instruments et leur univers, et que le public parisien apprécie, puisque la fosse s’est à nouveau remplie et applaudit chaudement à la fois le chanteur qui arpente le pit photo pour hurler au plus près des premiers rangs, mais également le reste du groupe, qui headbangue sur scène.

Setlist : "Carved From Stone", "Ultraviolet", "Adrenaline", "Sapphire", "Abandon", "Last Light", "Scar Queen", "Amber Gaze", "The Void Alone".



La scène est à présent dégagée pour le show qu’OBSCURA s’apprête à donner devant une fosse qui cette fois se rassemble en masse pour l’occasion. Et ceux qui n’étaient pas présents ont encore une fois eu tort, car c’est un groupe souriant et simple qui se présente devant nous. Mais dès le coup d’envoi, la joie laisse place à la concentration, car les riffs des Allemands filent à toute allure. Au centre, Steffen Kummerer (guitare / chant) hurle en claquant une rythmique impeccable pendant que le son chaud de la basse fretless de Linus Klausenitzer enrobe les harmoniques tranchantes de Rafael Trujillo (guitare) d’un son doux et mélodieux. Et à l’arrière, Sebastian Lanser (batterie) arrose le tout d’une bonne dose de blast beat avec une fureur maîtrisée. Et on pourrait croire qu’avec un tel niveau de technicité, les Allemands seraient immobiles et les yeux rivés sur leurs instruments, mais il n’en est rien ! Au contraire, les musiciens sont survoltés ! Il changent de place, se rejoignent, tendent leurs instruments au dessus de la foule, qui ne cache pas sa joie de recevoir le groupe en headbanguant dès les premières notes.
"Thank you so much Paris !" hurle le chanteur avant de débuter instantanément le titre suivant. A nouveau, c’est une déferlante de notes qui nous explose en plein visage, avec une multitude de variations et ces leads envoûtants à la basse tout comme ces harmoniques sanglantes qui s’envolent peu à peu. Mais le chanteur n’est pas satisfait de donner une performance hors du commun depuis la scène, alors comme ses camarades, il viendra sur la crash barrière pour aligner ses harmoniques dévastatrices, pendant que ses camarades jouent à leurs places respectives. Si Rafael est contraint d’être un peu plus statique que les autres, Linus en profite pour se placer au plus près de la foule, afin de nous laisser observer son jeu extraordinaire devant un public au comble de l’excitation pour un solo de basse. "Paris, show me your hands !" ordonne le frontman, immédiatement suivi par la foule. Après une nouvelle démonstration de technicité qui est tout sauf automatique et sans âme, le groupe prend une petite pause. "Paris, this is the biggest show of the tour, so thank you !" hurle le chanteur avant de remercier les groupes qui les accompagnent. "Are you ready for one more ?". Et c’est bien évidemment un consentement qui émane de la foule, alors que les musiciens se préparent déjà à en découdre à nouveau. Tous se partagent les parties lead, alternant basse et guitare, sous une rythmique irréprochable. Le groupe ne montre aucune trace de fatigue, et prend également le temps de remercier le public. "Since the last 16 years, I played numerous times in Paris and I was welcomed" nous avoue Steffen, "Please applause yourself !". Et c’est "Incarnated", un des plus vieux titres du quartet allemand qui débute, pour le plus grand bonheur des fans de la première heure qui semblent la connaître par coeur. Les musiciens jouent toujours autant entre eux, se placent côte à côte pour haranguer la foule, et l’énergie entre la scène et la fosse semble infinie. "You want one more ? Fucking headbangers !" lâche le chanteur avant d’enchaîner à la vitesse de l’éclair. Mais le show avance, et les minutes sont comptées. Le combo headbangue sur scène, et les spectateurs n’en finissent plus de hurler et de se rentrer dedans.
"It’s the last one !" nous informe le frontman. "We play it every night, so bang your head ! "The Anticosmic Overload" !". Et l’effet “dernier titre” se met en place, car le public se déchaîne encore plus qu’à l’accoutumée, alors que les musiciens font preuve à la fois du même sérieux et du même entrain qu’au premier morceau, mais aussi et surtout de la même puissance et la même justesse que sur l’album. Les Allemands finissent par lever leurs instruments, et tout le monde sait que le show vient de se terminer. Mais Steffen nous remercie chaleureusement, et lance quelques médiators aux premiers rangs, alors que le groupe est applaudi par l’ensemble de la salle.

Setlist : "Emergent Evolution", "Ten Sepiroth", "Diluvium", "Akróasis", "Septuagint", solo de basse, "Mortification Of The Vulgar Sun", "Ode To The Sun", "Incarnated", "Perpetual Infinity", "An Epilogue to Infinity".
Rappel : "The Anticosmic Overload".

La soirée est terminée, il est temps de se rendre aux stands de merchandising pour quelques souvenirs, mais également de parler avec les musiciens qui s’y tiennent. Mais revenons rapidement sur la soirée… Si FIRST FRAGMENT m’ont impressionné par leur technicité, ALLEGAEON a confirmé la première impression que j’avais eue l’an dernier lors de leur passage à Paris : ce sont des monstres ! FALLUJAH n’a pas démérité, et leur nouvelle recrue est tout aussi prometteuse que son prédécesseur, et OBSCURA n’a pas volé la tête d’affiche, bien au contraire. Félicitations aux quatre formations pour nous avoir fait passer un moment inoubliable, et merci à Garmonbozia pour avoir amené ce plateau sur la capitale !