La review

ORPHANED LAND & THE STIMMGEWALT CHOIR + MOLLLUST + EVEN FLOW
MJC Ô Totem - Rillieux-la-Pape (69)
06/10/2015


Review rédigée par Zemurion


En ce mardi soir pluvieux d'Octobre, je me rends à la lointaine MJC de Rillieux-la-Pape espérant pouvoir y trouver de quoi me réchauffer au soleil d'Orient. En effet, ce soir, les Israéliens d'ORPHANED LAND doivent prendre place dans cette belle salle pour nous livrer un concert acoustique. Cela dit, je ne sais pas trop à quoi m'attendre ; ce groupe de metal connu aussi bien pour ses balades orientales que pour ses morceaux plus énervés saura-t-il vraiment nous convaincre sans ses guitares électriques ? Vous l'apprendrez peut-être en lisant ces modestes lignes.

Lorsque j'arrive dans la salle, les Italiens de EVEN FLOW ont déjà entamé leur set. D'un point de vu visuel, le groupe semble avoir misé sur une formule sobre et intimiste. Les guitaristes et le bassiste sont tous trois assis en avant scène sur de grands tabourets avec le batteur au second plan. Pour ce qui est de la musique, le groupe nous livre un répertoire folk assez classique. Le chant est juste et bien placé mais semble assez ordinaire. La batterie, pas toujours dans le temps, n'apparaît pas très inspirée et colle mal avec cette formule acoustique. Les quelques courts soli de guitare que nous livre le chanteur n'apparaissent pas très virtuoses. Le seul élément vraiment intéressant semble être la basse... qu'on n'aura malheureusement beaucoup de mal à distinguer dans le mixage général. Le groupe parviendra tout de même à s'attirer la sympathie de la salle qui se remplit au fur et à mesure du concert, notamment en terminant sur un morceau plus metal dans lequel le batteur pourra faire entendre sa double pédale. Bref, si le groupe n'est pas désagréable à écouter en dégustant sa bière, il ne nous aura pas livré ce soir un concert mémorable et on espère avoir droit à quelque chose de plus original pour la suite.

Lorsque les MOLLLUST arrivent sur scène, ils amènent avec eux un tout autre univers. En effet, les grandes robes de style romantique / gothique des musiciennes contrastent avec la sobriété des costumes du groupe précédent. Pour ce show acoustique, le groupe - qui se revendique du genre opera metal - a congédié les guitares électriques et la batterie au profit de deux violons, d'un violoncelle, d'une guitare folk et d'un clavier. Après une courte introduction instrumentale, la pianiste et chanteuse s'avance en avant scène pour présenter le groupe et leur dernier album dans un français peu assuré mais très correct. Elle viendra ainsi entre chaque morceau, avec beaucoup de simplicité, introduire la chanson suivante venant capter l’intérêt de l'auditeur. En effet, les Allemands vont donner de leur personne pour conquérir le public, notamment à travers quelques morceaux très théâtraux durant lesquels la chanteuse s'animera au centre de la scène derrière son clavier tandis que le guitariste Frank lui donnera la réplique, allant même jusqu'à bondir au milieu du public dès la deuxième chanson dans laquelle il proclame en français être "le roi du monde". Mais le groupe saura aussi nous entraîner vers des univers plus calmes avec une version revisité avec douceur et solennité du célèbre "Prélude" de leur compatriote J-S.Bach ou avec l'émouvant hommage aux migrants de Lampedusa. Tout cela est servi par de très beaux arrangements musicaux et le magnifique chant lyrique de Janika auquel Frank viendra parfois ajouter un contrepoint masculin assez intéressant. Pour des amateurs de metal, MOLLLUST nous livre ici un spectacle peu habituel qui parviendra à conquérir le public comme en témoignera la belle ovation récoltée en fin de concert.

Alors que tout le monde attend les vedettes israéliennes, trois hommes et trois femmes font leur entrée sur le plateau et entonne un chant à six voix qu'on reconnaîtra être une reprise a cappella du titre de Rammstein "Engel". Il s'agit de l'ensemble berlinois STIMMGEWALT CHOIR qui accompagne la tête d'affiche sur cette tournée. Le sextuor interprétera ainsi un petit répertoire de chants polyphoniques durant lequel chaque chanteur sera, l'un après l'autre, mis en en avant. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a décidément de très belles voix à entendre ce soir à Rillieux-la-Pape ! Après une traditionnelle et communicative chanson à boire en hommage à la bière, les six choristes finissent par se retirer en fond de scène laissant la place aux musiciens d'ORPHANED LAND. Setlist : "Engel" (Rammstein cover), "Last Night Of The Kings" (Van Canto cover), "The Irish Ballad" (Tom Lehrer cover), "Beer, Beer, Beer (An Ode To Charlie Mopps)".



Le groupe entame alors le concert par deux morceaux très accrocheurs de son dernier album : "Simple Man" et l'éponyme "All Is One". Cette entrée en matière me laisse un peu sceptique quand à la pertinence de cette formule acoustique. En effet, on a l'impression que le groupe nous livre ici une copie conforme des versions "amplifiées" de ses morceaux, la puissance des guitares électriques en moins. Ce n'est qu'au troisième morceau - le très beau "The Evil Urge" issu de l'album "El Norra Alila" - que toute la pertinence de ce set acoustique se fait réellement sentir. Effectivement, après les deux premiers tubes (il faut bien répondre aux attentes du public), le groupe nous offre un choix de morceaux beaucoup mieux calibrés pour cette formule. Le groupe va en effet se faire plaisir à puiser dans son répertoire des morceaux qu'ils ont peu l'habitude de jouer en concert, ce qui comblera les fans de longue date. D'ailleurs, que ce soit sous forme acoustique ou amplifiée, le message porté par la musique d'ORPHANED LAND reste le même : un appel à la communion, à la paix et à la fraternité. Ce message, le chanteur Kobi Farhi le partagera aussi entre les chansons avec simplicité et émotion, notamment lorsqu'il introduira la chanson "Brother". Musicalement, le chant prend une belle dimension dans ce set acoustique appuyé par la présence discrète des six choristes. En fond de scène, le très expressif Matan Shmuely nous régalera par son jeu de batterie toute en finesse, nous montrant ainsi qu'on peut être à la fois métalleux et percussionniste subtil. En avant scène, le souriant Chen Balbus juché sur son tabouret nous montrera sa maîtrise de la guitare folk avec de très beaux soli tout en sobriété tandis que, de l'autre côté, Idan Amsalem alterne entre bouzouki et guitare folk qu'il manie lui aussi à la perfection. Enfin, un peu plus en retrait, le stoïque Uri Zelcha à la barbe majestueuse nous offrira de très belles lignes de basse. En parlant de basse, il n'y a cette fois-ci rien à redire quand à la qualité du son qui est tout bonnement excellent.



En milieu de concert, Kobi nous laissera de nouveau en compagnie du STIMMGEWALT CHOIR le temps d'une chanson avant de revenir avec une nouvelle tenue pour le reste du concert. Avant de se quitter, il nous conviera à transformer la MJC en "synagogue du heavy metal" en chantant tous en choeur sur le titre "Never Ending Way". Suite aux acclamations du public, le groupe reviendra rapidement sur scène pour nous offrir un traditionnel rappel. On aura alors droit à "The Beloved Cry", seule chanson d'amour du groupe écrite, selon Kobi, un soir d'ivresse quand ils étaient encore jeunes et dépressifs. Mais, selon les dires du chanteur, pour qu'une soirée soit réussie il faut qu'on puisse aussi bien pleurer que "danser sur la table ". La tristesse et la mélancolie laisseront alors place aux réjouissances avec le festif "Norra El Norra" suivi de l'outro "Ornaments Of Gold". Peut-être une façon de dire que, malgré le chaos qui nous environne, il ne faut pas oublier de garder l'espoir et la joie de vivre.

Setlist : "Simple Man", "All Is One", "The Evil Urge", "Let The Truth Be Known", "Olat Hatamid", "Brother", "Bereft The Abyss", "Building The Ark", "El Meod Na'ala", "Sapari", "Never Ending Way".
Rappel : "The Beloved's Cry", "Norra El Norra  (Entering The Ark)", "Ornaments Of Gold".

Finalement, malgré la prestation peu convaincante d'EVEN FLOW, cette soirée acoustique se sera avérée être une belle réussite qui nous aura permis de sortir des sentiers battus par les concerts de metal plus "classiques". Ça valait le coup de venir !