La review

OST+FRONT + HERRSCHAFT + FREAK INJECTION
Le Gibus - Paris
06/10/17


Review rédigée par Sharknator


Il paraît que le 6 Octobre 2017 dans la capitale se déroule un concert bien hardcore, bien obscène, interdit aux moins de 18 ans… de quoi attirer le commun des mortels curieux et des gens tout de cuir vêtus avec une telle promesse, n’est-ce pas ? Surtout que la date est au bien connu Gibus live ! Il est donc temps de s’armer d’une bonne dose de tripes en acier et d’ouvrir son esprit aux Hellraisers de la scène metal pour pouvoir passer une bonne soirée ! En sortirons-nous indemnes ?



Pour se mettre dans le bain, FREAK INJECTION commence par nous plonger en pleine ambiance série B de film d’horreur des années 70/80, avec ses pierres tombales gonflables, ses poupées Barbie et ses ratons-laveurs. Tout transpire le kitsch dans ce show tout foufou, avec ses couleurs horriblement criardes, sa grandiloquence déjantée et son imagerie faussement mignonne. C’est bien beau tout ça, tout comme le guitariste déguisé en licorne ou la veste en cuir recouverte de clous de la chanteuse, mais derrière, que propose le groupe au niveau musical ? Un genre de bouillie industrielle sans transcendance, comme si la performance était censée cacher le vide. En fait le show ne se démarque que parce qu’il devient parfois un peu rigolo, quand la chanteuse insulte bien copieusement ses camarades, lèche un crucifix bien ostensiblement ou appelle de la fosse un genre d’esclave qu’elle va humilier dans la joie et la bonne humeur devant tout le monde. C’est bien peu, mais disons-nous que ça ne fait que préparer le terrain pour les deux gros morceaux qui suivront !



C’est donc au tour de HERRSCHAFT d’entrer sur scène, changement de look, non point dans la grandiloquence, mais dans la classe mesurée, avec le costume d’homme d’affaire véreux de MaX, le chanteur charismatique de la formation, qui se positionne souvent au-dessus des nuages de fumée crachés par un projecteur sur le front de la scène et change trois fois de tenue pour plus de diversité. Le faux sang coule à flots lorsqu’il se vêt en évêque (tout aussi véreux) et une fois en débardeur, il n’en bouge que mieux. Projection de fumée, de faux billets et d’images sur l’écran, belle guitare de Zoé, ambiance au beau fixe, HERRSCHAFT nous montre de nouveau toute l’étendue de son habileté scénique avant OST+FRONT, dont on meurt d’envie de soutenir la comparaison.



L’entrée se fait au compte-goutte, en commençant par une claviériste aux frusques bavaroises brandissant une pancarte sur laquelle figure la délicieuse inscription "Ich bin hier unfreiwillig" (traduisez "Je suis ici contre ma volonté"), suivie d’un guitariste à la taille particulièrement imposante, suivi de tout un cortège de personnages directement sortis d’un Mad Max, on va rire n’est-ce pas ? La réponse est malheureusement non. Le groupe est censé choquer et faire de la provoc (soirée interdite aux moins de 18 ans oblige), mais celle-ci ne sera jamais que bas de gamme, digne d’un groupe de punks de 17 ans en train de faire des blagues. Fessées bien prononcées, claviériste coiffée d’un sombrero exhibant ses parties génitales afin de dissiper les doutes sur son véritable sexe, quelques humiliations et grandes quantités de faux sang étalé sur le débardeur du chanteur, et c’est à peu près tout. Rigolo pour un fan de film d’horreur avec potes et pop-corn, ridicule pour un spectateur plus ou moins lambda, et à peine de quoi arracher une moue à la vieille paroissienne de service qui de toute façon n’aura jamais vent de l’existence de ce genre de concert. La promiscuité de la scène force chaque musicien à se camper inébranlablement sur sa position, donc aucune illusion de mouvement pour rehausser la sauce et donner d’autres possibilités de mise en scène, bien manquantes. En assistant à ce show on pense à Rammstein, en bien pour les optimistes, en mal pour les autres. Peu de promesses honorées pour un concept si ambitieux, somme toute…