La review

OVERKILL + SANCTUARY + METHEDRAS + SUBORNED
Les Trinitaires - Metz (57)
18/03/2015


Review rédigée par Man Of Shadows
Photos prises par Katy P.


C'est un petit évènement ce soir à Metz, car les vétérans américains d'OVERKILL y dépose leurs flight cases. Très rare en France, et encore plus en province, le gang du New Jersey y donne le dernier concert de sa tournée européenne 2015. Ils sont accompagnés des fraîchement reformés SANCTUARY, pour ce qui constitue sûrement (affirmation infondée car nous n'avons pu le vérifier) leur premier concert français. L'intérêt y est donc double et les aficionados de metal US se sont rués pour cette occasion unique, affichant même complet depuis plusieurs semaines. C'est dans la sympathique chapelle des Trinitaires que les thrasheurs lorrains (et nos voisins luxembourgeois et allemands) se réunissent pour messe qui s'annonce sanglante.



L'honneur d'ouvrir les hostilités revient aux thrashers suisses de SUBORNED. Inconnu au bataillon, les Helvètes ne devraient pas le rester longtemps. Le groupe, qui vient tout juste de sortir en autoproduction son premier album "rom Space", possède un certain charme, personnalisé en sa chanteuse Lucie. Tous les regards convergent vers la jeune femme blonde qui sort de puissants growls à la Sabina Classen entrecoupés de pics suraigus rappelant David DiSanto de Vektor. Se donnant du mal pour faire réagir et participer le public, déjà bien fourni pour l'heure, elle est étonnée de voir si peu de réaction du public messin, amorphe et froid, il faut bien l'avouer. A force de se démener, la frontwoman obtient quelques bonnes manifestations d'enthousiasme du public. Preuve que la persévérance paye. Derrière elle, les trois musiciens délivrent un thrash old school fracassant et radical, "From Space" et "Hazardous Substance" en sont deux belles démonstrations. "Bitch", très bon titre mid-tempo, donne du relief au set, court (à peine 30 minutes), mais excellent. Le batteur est absolument royal derrière son kit, son jeu est complexe mais reste hyper carré et précis. Le (très jeune) guitariste est lui aussi impeccable, dégoupillant des riffs de malade. Il régale les gratteux présents avec ses solis chiadées, mélodiques et techniquement remarquables (sa technique de sweeping est juste parfaite). La découverte de ce soir, indubitablement.



On enchaîne très vite avec les Ritals de METHEDRAS. Groupe thrash / death affichant quasiment 20 ans d'existence, METHEDRAS livre un set carré. Le nouveau chanteur Tito, à la barbe et aux cheveux longs impressionnants, fait trembler les murs des Trinitaires avec sa grosse voix d'outre-tombe. Les musiciens affublés de blouses et de masques d'infirmiers tachés de sang sont visiblement dans un délire à la Benighted. Même si n'ayant rien avoir avec ses derniers, le style de METHEDRAS est très efficace en live à défaut d'être passionnant. Plus brute et heavy que le groupe précédent, la musique du quartet se veut aussi plus linéaire, en grande partie du au chant de Tito, grave et profond, puissant mais manquant de dynamisme. Mais le public répond favorablement aux longs morceaux death / thrash, parfois mid-tempo, mâtinés de groove et déclencheront les premiers pogos de la soirée à l'écoute de leur prestation. Sympathique.



Le premier gros morceau de la soirée arrive. SANCTUARY, comprenant notamment les ex-Nevermore Warrel Dane et Jim Sheppard, débute fort avec le titre "Arise And Purify", single du dernier album "The Year The Sun Died", sorti en Octobre dernier. Le son n'est pas parfait, mais tendra à s'améliorer sensiblement durant le set. De gros pains surviennent au début du concert, faisant horriblement cracher les enceintes mais cela ne durera pas. Excellents guitaristes, Lenny Rutledge et Nick Cordle, membre live de luxe (aux mains monstrueusement rapides), nous en mettent plein les yeux et les oreilles, les soli véloces, mélodiques et passionnants tombent sur nous comme une pluie torrentielle ("Frozen"). Warrel Dane est très en voix ce soir. Ses lignes de chant, empreintes de théâtralité, sont toujours justes et puissantes. On sent qu'il ne se contente pas de chanter ses paroles, il les interprète également. Le concert est logiquement axé sur le petit dernier (5 chansons sur les 11 du set). Plus groovy et modernes, plus progressifs dans l'esprit (l'épique "The Year the Sun Die", très beau moment aux parties leads marquantes), ces morceaux démontent tout sur leur passage. L'interprétation y est sans faille. Mais SANCTUARY n'en n'oublie pas moins quelques classiques, dans une veine power / heavy metal old school, issus de ces deux premiers albums, dont "The Mirror Black", "Die For My Sins" et "Battle Angels". Côté négatif, on regrettera la trop grande nonchalance (voir le je-m'en-foutisme) de Warrel Dane, visiblement très peu impliqué et ne daignant même pas le cacher. Ses interventions entre les morceaux laissent transparaître dédain et suffisance ("De toute façon, vous ne comprenez pas ce que je dis car je parle anglais beaucoup trop vite pour vous..."). Un comportement irrespectueux envers les fans français présents ce soir qui voient sûrement le groupe pour la première fois. Pris de plusieurs quintes de toux entre certains titres, le blond vocaliste est sûrement malade, ce qui peut expliquer certaines choses. On lui laissera donc le bénéfice du doute. On pourrait reprocher aussi le côté "figuratif" de Sheppard et Rutledge, qui ne dégagent aucune passion (celui qui semble le plus s'amuser est Cordle, musicien intérimaire...). Encore une chose : la prochaine fois, il faudra dire à Dane, lorsqu'il hurle, de placer le micro devant la bouche et non devant le nez, s'il on veut capter la moitié des paroles et apprécier son chant. Ceci étant dit, on a assisté à un très bon concert, musicalement irréprochable. Un show d'une heure dont on n'a pas vu passer les minutes.

Setlist : "Arise And Purify", "Let The Serpent Follow Me", "Seasons Of Destruction", "Die For My Sins", "Battle Angels", "The Mirror Black", "Frozen", "Question Existence Fading", "The Year The Sun Died", "Future Tense", "Taste Revenge".



Le soundcheck s'éternise, l'attente se fait un poil longuette, mais ne refroidiT heureusement pas les métalleux présents ce soir, bien chauds après la très bonne prestation de SANCTUARY. Dès que les lumières s'éteignent et que résonne l'introduction du dernier album, "White Devil Armory", le public crie sa joie. On s'en prend déjà plein les yeux avec des lumières aveuglantes parfaitement synchronisées avec la musique (on saluera d'ailleurs l'énorme travail accompli par l'ingé-light tout au long du gig ; impressionnant, le light-show dans une si petite salle est d'autant plus spectaculaire (c'est production américaine vous me direz)).
Le gang du New Jersey attaque avec "Armorist", où toute la force de frappe du combo, l'accroche et l'efficacité y sont parfaitement condensées. Le groupe, Bobby "Bltiz" Ellsworth en tête, à la pêche. Le chanteur est en grande forme et nous montre quel fantastique leader il est : à fond dans le show, bougeant tout le temps, s'esquivant en coulisses pendant chaque partie instrumentale puis sautant sur son pied de micro, mimant avec une gestuelle toute personnelle ses paroles, fédérant le public, ce mec a un charisme d'enfer et sait comment mener un show. De bonne humeur, communicatif, il semble toujours aussi passionné après 35 ans de carrière. Vocalement, c'est à un véritable tour de force auquel on assiste, hurlant comme un damné, se déchirant la gorge avec des percées suraiguës. Même si sa voix a vieilli, à 55 ans, il impose notre respect.
Le son est trop fort pour ce concert, et n'est pas parfait. La batterie surplombée de Ron Lipnicki (on ne le voit presque pas) couvre une bonne partie du reste. Mais cela ne nous empêche pas de passer un un fantastique moment. "Hammerhead" fait déjà rugir les fans de plaisir, accueillant les Ricains avec une putain d'énergie que le groupe renvoie directement dans nos tronches tel un boomerang. Bobby enlève déjà sa veste et dessere même sa ceinture devant le premier rang ! "Electric Rattlesnake" est un des grands moments de la soirée. Dave Linsk, scéniquement discret, brille sur ce morceau. Le guitariste à la longue barbiche, tout sourire, sort des solos de malade, sur ce titre, mais aussi sur les autres morceaux. Ce type a huit doigts, c'est pas possible ! On s'étonne de ne pas entendre plus d'extraits (seulement deux chansons) de "White Devil Armory" sorti il y a moins d'un an. Le groupe a décidé, sur cette tournée, de privilégier ses classiques des années 80, ce qui n'est pas pour déplaire aux fans des Américains. Ces derniers nous balancent pour le coup trois compos issues de leurs années de gloire, "Powersurge", "In Union We Stand" (prétexte à une longue participation du public), et "Rotten To The Core". Les fans sont ravis et nos cervicales aussi. "Bring Me The Night", au riff tournoyant, fait aussi un carton. DD (plutot décontracté sur scène) et Derek (remuant et exortant les "french motherfuckers" à se donner) assurent brillamment les choeurs virils, donnant du peps à la prestation déjà survitaminée du combo. Le plus rare, "End Of The Line", avec son refrain mémorable (l'une des grandes forces du groupe) est la petite surprise du soir. "Necroshine" (sur lequel les repères de touche de la basse custom de DD Verni s'illuminent), morceau groovy / dark metal est tout simplement dévastateur et le jeu de lumière sur ce titre est grandiose. L'enchaînement de ce titre avec le sombre et prophétique "Horrorscope" est parfaitement logique, instaurant une ambiance pesante, et ainsi dynamisant le show.
Il fait une chaleur étouffante dans la chapelle, dépourvue de système d'aération. Bobby en fait les frais également : "Si on survit à cette soirée, on survivra à l'Enfer, vous voyez ce que je veux dire ?". "Feel The Fire", comme ils le disaient en 1985, et c'est le cas ce soir. En parlant des années 80, OVERKILL enchaîne avec deux grands classiques de son répertoire, "Hello From The Gutter" et "Overkill", deux petites sucreries speed / thrash comme on n'en fait plus et qui font toujours autant de ravages dans les pits 30 ans plus tard. Après "Ironbound", nouveau standard du groupe (long titre à tiroirs et au break central rappelant "Master Of Puppets" dans la construction, et au soli ciselés), OVERKILL prend congé.
Le groupe revient quelques minutes après pour des rappels tonitruants. "Bitter Pill", extrait du dernier opus studio, écrabouille les spectateurs avec ses rythmiques simples mais tranchantes, sa lead de guitare entêtante, ses incessants roulements de toms et ses chœurs massifs. "Eliminate" porte très bien son nom et ne fait aucun quartier, achevant les quelques survivants dans la fosse. Enfin l'hymne punk "Fuck You" vide les dernières traces d'énergie et use les poumons des fans jusqu'au bout, Bobby poussant sa voix et celle des fans jusque dans leurs derniers retranchements. OVERKILL a réduit à néant les Trinitaires durant ces 1h20 de show énorme. On se donne rendez-vous en Mai pour un autre géant du thrash US, à savoir Testament.

Setlist : "XDM" (Intro), "Armorist", "Hammerhead", "Electric Rattlesnake", "Powersurge", "In Union We Stand", "Rotten To The Core", "Bring Me The Night", "End Of The Line", "Necroshine", "Horrorscope", "Hello From The Gutter", "Overkill", "Ironbound".
Rappel : "Bitter Pill", "Eliminate", "Fuck You (The Subhumans cover)".

PS : un grand merci à Petebull pour l'accréditation ainsi qu'à Damage Done pour tout le taf accompli et le très beau coup de filet réalisé pour OVERKILL. Le travail, le professionnalisme et la passion de cette association œuvrant pour réhabiliter le metal en Moselle mérite notre plus grand respect, et notre soutien. Merci à vous.

Photos tirées de : www.facebook.com/katpphotographie