La review

OVERKILL + DESTRUCTION + FLOTSAM AND JETSAM
Le Trabendo - Paris
20/03/2019


Review rédigée par Candice


Quoi de mieux pour clore la saison hivernale des concerts parisiens que LA soirée thrash de l'année ? Ce sublime plateau a réussi à faire fondre les coeurs les plus solides, car en effet le Trabendo a annoncé complet le soir-même du concert.



FLOTSAM AND JETSAM lance les hostilités avec "Prisoner Of Time" issu de son dernier et très bon album. Trente ans plus tard, la puissance et la violence sont toujours présentes dans sa musique tout autant que sur scène. FLOTSAM AND JETSAM est éclatant d'énergie et de charisme, Eric A.K. au chant mène la barque avec grande maîtrise et un timbre puissant à vous en donner la chair de poule. Le groupe poursuit en tapant une fois de plus dans le mille quand retentissent les notes du riff de la mythique "Desecrator", clé de leur succès. Elle obtient immédiatement l’effet escompté, le pit s'échauffe sérieusement et on entend de toute part le refrain repris en choeur, les têtes battent le rythme. Cependant, pour moi ce sera "Iron Maiden" qui remportera tous les suffrages. La tonalité très aiguë et les mélodies techniques dans l’exécution semblent être un jeu d’enfant pour Eric qui met littéralement le feu à la scène. Il est magnifié par le jeu des musiciens au son impeccable et aussi dévastateur que la mer en pleine tempête. Leur set est hélas court mais intense et varié. Les morceaux "Demolition Man" et "Recover", notamment, mollassons sur album sont comme métamorphosés ; nous nous prenons une giroflée à cinq branches comme c’est rarement le cas ! Sans grande surprise nous terminons avec "No Place For Disgrace" qui est la consécration du show et allie tous les points forts du groupe. La folie règne dans les rangs, savamment menée par notre merveilleux leader qui nous fait atteindre le nirvana en tenant la note à un niveau et une durée que très honnêtement, je pensais à ce jour impossible de sa part. Quelle naïve je fais ! FLOTSAM AND JETSAM a absolument tout détruit ce soir. Nous pouvons souhaiter bon courage à DESTRUCTION pour prendre la relève après une performance aussi excellente !



Les Allemands n’auront cependant pas réellement à s’inquiéter au vu du nombre de personnes venues spécialement pour eux, que j’estime à une bonne moitié de la salle. DESTRUCTION a tout de même préparé le terrain en nous en mettant plein les oreilles dès le premier morceau, qui n’est autre que "Curse The Gods", pierre angulaire de la carrière du groupe. Le flegme apparent de Schmier décuple la brutalité que sa musique dégage. Le son saturé et incisif des guitares rend l’atmosphère générale sombre et malsaine, où se mêlent sueur et frénésie. La tension ne se relâche pas une seconde quand s’enchaînent le cradingue "Release From Agony" et "Mad Butcher" au riff reconnaissable entre mille et à la mélodie à la fois rentre-dedans et catchy. Cependant, DESTRUCTION ne se repose pas sur ses lauriers et sait parfaitement à qui s’adresser ce soir. Ainsi, la setlist est en grande partie composée de morceaux ultra old school ayant traversé le temps sans dommage aucun et en continuant de mettre tout le monde d’accord. J’ai nommé "Life Without Sense" qui déchaîne la foule, même si j’ai trouvé que le plus moderne "Nailed To The Cross" le précédant avait bien plus d’impact et de caractère. Nous pouvons supposer que jouer des années durant les mêmes titres ou presque à chaque concert ait lassé le groupe, or il semblerait qu’il n’en est rien. Schmier au chant et à la basse dégage une aura toujours aussi forte et accomplit le travail avec brio et les musiciens, sans trop en faire, paraissent s’éclater et profiter de la joie qu’ils procurent à leur public. Cette allégresse durera jusqu’à la dernière seconde quand déboulera le trio infernal "Total Desaster" / "Thrash Till Death" et l’ultime "Bestial Invasion". Morceaux tous trois ravageurs à leur manière, aux riffs saturés et suraigus, à la rythmique lourde comme une machine de guerre, ou encore à la voix d’outre-tombe et glaçante de Schmier. En somme, une performance efficace qui a conquis les spectateurs, bien que l’authenticité et la diversité du show de FLOTSAM AND JETSAM ait davantage gagné mon coeur.



Il est temps maintenant de faire place aux New-Yorkais marquant la scène thrash depuis plus de trois décennies, OVERKILL fait monter la pression avec l’intro de "Last Man Standing" de son dernier album, et vient l’interpréter dans une atmosphère qui redevient petit à petit sueur et relents de bière réchauffée.
Les titres old school ne sont tout de même jamais bien loin et la vague déferlante va rendre l’assistance folle, moi y compris. En effet, tout fan qui se respecte ne peut rester de marbre face à "Hello From The Gutter" au riff heavy / thrash où Bobby Blitz nous entraîne pour entonner le refrain terriblement fédérateur. Un morceau doux comme un agneau comparé à l’explosion provoquée par le 36 tonnes "Elimination" où Bobby peine à atteindre certaines extrémités vocales, mais qu’on ne se lasse pas d’entendre en live. "Deny The Cross" achève de nous en mettre plein la tête, la batterie se déchaîne en un tonnerre d’une violence au moins égalée par la rythmique des guitares et du chant repris par le public. OVERKILL, ou l’art de vous la retourner en moins de quinze minutes, à l’image de son confrère Exodus et de ses frères allemands de Kreator. Toujours aussi stupéfiant, et tellement bon ! Au-delà des incontournables, nous faisons un petit tour d’horizon avec des morceaux de différentes époques tels que "Necroshine" et son ambiance sinistre, suivie par "Under One" et "Bastard Nation" qui marquent cependant moins les esprits par leur caractère moins percutant sur scène. Pas d’inquiétude toutefois, cela sera l’unique moment légèrement en-dessous du niveau global. La folie va reprendre en crescendo avec la très efficace "Mean, Green, Killing Machine" qui nous mènera doucement vers la fin du set quand retentit la basse galopante de "Feel The Fire", un poil accélérée pour l’occasion et "Rotten To The Core" portée par son refrain typiquement thrash eighties.
Pas moins de trois rappels clôtureront ce concert, et on redemande ! A ma grande joie, "Ironbound" fait partie des heureux élus, il est d’autant plus incisif et grisant en live. Il sera suivi par l’immanquable "Fuck You", cover devenue l’hymne d’OVERKILL depuis plusieurs générations, où viendra subtilement s’intercaler la tout aussi punk "Welcome To The Garden State". La fusion entre les deux morceaux est ingénieuse et permet de les revisiter de manière originale et fun. Nous concluons sur un splendide "Fuck" dans tous les sens du terme, ce fut une soirée que nous ne sommes pas près d’oublier de sitôt !