La review

PERIPHERY + TESSERACT + SYQEM
Le Nouveau Casino - Paris
01/05/2013


Review rédigée par Byclown


Historiquement, le 1er Mai est la fête du travail, où tout le monde ou presque est censé glander allègrement à la maison en attenant que la journée se passe et en reniflant du muguet. Tout le monde ou presque… Ce soir est un soir très spécial pour les amateurs de guitares à plus de 6 cordes et ce ne sont pas les fiers Américains de PERIPHERY qui feront cas de notre "fête du travail" comme prétexte pour se la couler douce sur la scène du Nouveau Casino, devant un parterre de fans sold out ! Bon karma pour eux donc depuis leur première partie exclusive de Between The Buried And Me à la Maroquinerie devant un public venu pour eux, et surtout juste retour des choses pour ceux qui ont signé il y a plus d’un an la première partie de Dream Theater au Zénith de Paris. Afin de les accompagner dans leur lourde besogne, les 6 rigolos ont su s’entourer de beau linge avec TESSERACT et leur nouveau chanteur et SYQEM, quartet de djent allemand. Première constatation de ma part, accolé à la bordure de scène avec une foule agitée derrière moi, on est bien à un concert de djent car il n’y a pas d’amplis. Tout se fait via des racks, la plupart remplis du fameux Axe Fx de chez Fractal Audio qui commence à s’attaquer à de plus en plus de groupes de styles différents. L’avenir nous dira s’il faut s’attendre à dire au revoir à nos chers amplis à lampe ou pas. Qu’importe, le gain de place ce soir n’est pas négligeable sur cette scène ultra encombrée de 3 batteries, de nombre de flight cases, de PC et de samplers (on se croirait à une finale de CounterStrike).



Arrivée polie mais sans plus pour les 4 garçons de SYQEM, sur scène comme dans la foule. La place, extrêmement réduite sur la scène, aura raison du jeu scénique du quatuor allemand. La demi-heure de jeu ressemblera plus à un concert de jazz qu’a un concert de metal, avec un chanteur / guitariste coincé derrière son micro et son sampler, un bassiste au charisme juste inexistant (en même temps, avec deux guitares 8 cordes y a-t-il besoin d’un bassiste… mais nous y reviendrons…), un batteur à la frappe super lourde et puissante qui lui aussi, du fait de son instrument, ne pourra pas se permettre de folies (la batterie est sur le côté de la scène, à quelques centimètres à peine du public). Seul le guitariste rythmique saura headbanguer sa petite tête chevelue afin de nous envie d’en faire de même. Un peu light donc sur ce point. Le son, voilà bien un truc important dans un concert de djent, et voilà bien un beau point noir pour SYQEM qui aura, du début à la fin du set, des basses vraiment trop présentes, et ce, que je sois devant la scène ou a côté de la console de son. Autant ces basses seront être très utiles dans les parties "solos" de tapping à 4 doigts du duo de guitaristes, autant, sur les parties rythmiques elles seront superflues et mal gérées. Côté technique pas grand-chose à dire car ce combo est depuis un bon moment, à l’image des deux autres groupes qui l’accompagnent d’ailleurs, reconnu pour sa maestria. Sur la demi-heure de jeu ultra technique, seule une petite note en trop en fin de morceau aura pu me faire dire que le set n’a pas été "parfait", mais là, je fais du mauvais esprit…



20 minutes de pause, pas moins, voire même plus d’ailleurs, pour remballer le matos de SYQEM et laisser place nette pour TESSERACT. Clairement la scène commence a ressembler à quelque chose, débarrassée des "frigos" et de la batterie des Allemands. C’est donc un TESSERACT 2.0 qui débarque sur scène sous les vivas d’une foule, pas insensible à l’univers singulier de ce sympathique combo. Le deal est clair ce soir : présenter le nouveau chanteur du combo Ashe O’Hara, gentil blondinet grassouillet à la voix d’ange, venu remplacer Elliot Coleman qui n’aura pas fait long feu (comme un peu tous les chanteurs de ce groupe, souhaitons donc longue vie à Ashe !) et présenter des titres du dernier album "Altered Mind" à la couleur bien différente du précédent. Au bout de seulement deux chansons, des petits détails viennent me titiller le fond de l’oreille : le premier étant l’usage sur-abusif d’effets et d’arrangements vocaux supplémentaires pour venir supporter la voix d’Ashe (certes, je pense qu’ils ont cherché à coller au plus près à l’ambiance de l’album, mais cette énorme réverb à en faire pâlir Sebastian Bach n’est franchement pas la bienvenue et jette un peu le discrédit sur la belle voix de cette nouvelle recrue), le second étant l’absence de cuivres. Les interventions de saxo et autres cuivres sont assez fréquentes sur les morceaux, or là, le choix a été fait de zapper clairement cette option, en ne mettant même pas de samples du dit instrument. Bref, je pense qu’il faut prendre le show pour ce qu’il est, à savoir une belle leçon de professionnalisme ! Au niveau du son, on passe un cran au-dessus, avec un rendu irréprochable, placé à côté de la console de son. Scéniquement, là encore rien à dire ! Même pour Ashe qui pourrait paraître pour mollasson, le mouvement est là, le sourire aussi, et que dire du bassiste ultra discret avant le show et qui se lâche totalement pendant le set, enchaînant les headbangs du début à la fin. Non, vraiment, mis à part la surenchère des voix, ce set aura été magique et aura introduit pour nos oreilles et nos yeux français un nouveau frontman avec brio.



Changement de plateau et tension qui monte encore d’un cran pour le public qui sait à quelle sauce il va être mangé par les 6 rois du djent venus tout droit du pays de l’Oncle Sam. Le ton est donné avant même la première note avec l’arrivée par intermittence des musiciens venus régler eux-mêmes leurs instruments une dernière fois. Chaque arrivée est saluée par des cris, chaque membre est appelé par son prénom. Je saisi l’occasion pour prendre la température des musiciens au dernier moment, les ayant croisés deux heures auparavant à l’étage, dans un état pitoyable de fatigue dû au Jetlag. Tout le monde semble prêt à en découdre et à faire la fête mis a part Jake Bowens, montrant clairement des signes de fatigue, je comprends par-là que ce soir il va faire le job et rien de plus. L’avenir me donnera raison…
Entrée (la vraie ce coup-ci) des musiciens sur un sample bien connu et départ sur "Ragnarok", titre issu du second album "This Time It’s Personnal". Le public étant exclusivement composé de fans (dont moi, je le confesse) connaît chaque parole de la chanson, chaque arrangement et la joie n’attend pas pour atteindre son paroxysme même si ce morceau, bien qu’excellent, est loin d’être parmi les plus connus du groupe. Enchaînement avec "Scarlet", le titre phare de ce second opus, et cadeau d’entrée dans le groupe de Mark Holcomb, qui avait initialement écrit ce morceau pour son ancien projet Haunted Shores. La mayonnaise prend tout de suite sur ce titre ultra catchy, repris par tout le monde dans la foule, nous faisant jumper à nous en casser les chevilles. A peine fini, Spencer nous demande si on désire entendre quelques morceaux un peu plus anciens. La blague ! Bien sûr qu’on veut, qu’on en demande et qu’on en redemande tant l’énergie est bonne. C’est parti donc pour "Jetpack Was Yet", un des titres les plus connus du premier album. Là encore, pas trop le temps de souffler et on continue le voyage avec "Luck As A Constant", tiré du denrier album et morceau suivant "Scarlet" dans le running order de l’opus. Ce morceau à deux phases (une première moitié de chanson plutôt axée scream et une seconde partie plutôt axée chant clair et solos), devenu culte sur le net notamment grâce à toutes les vidéos des fans tentant de reprendre les solos de fin, ravit tous les musiciens de la salle et prouve (comme si c’est nécessaire) une fois de plus que PERIPHERY est un combo qui ne propose rien de moins que l’excellence. La suite des hostilités est logique et propose le doublé gagnant "Facepalm Mute" et "Make Total Destroy", tous deux issus de "This Time It’s Personnal" avant d’enchainer vers "Icarus Lives !", le méga hit du groupe.



Avant de continuer plus en avant sur la setlist qui se termine rapidement, je tiens tout de même à faire un petit point sur le jeu de scène, véritable fer de lance du groupe. Comme je l’ai écrit et comme je l’avais pressenti en tout début de journée, Jake ne donne absolument pas de sa personne sur ce show. Totalement jetlagué, il se contente de jouer ses parties et basta, se concentrant sur les samples et sur sa bouteille de Jack Daniels. Dommage mais enfin bon, le groupe comporte 5 autres musiciens qui eux sont là pour tout donner, faire leur show à l’américaine malgré la fatigue logique qui les ronge depuis leur arrivée en Europe. Le show est un enchîinement de petites conneries de la part des musiciens, plus frères que seulement collègues. Par exemple, à quelques centimètres de mes yeux, je vois Misha multiplier les conneries, comme prendre le téléphone portable d’un jeune fan n’arrêtant pas de le filmer, pour se filmer lui-même en train de faire des grimaces en gros plan. Quelques instants plus tard, c’est ce même Misha qui revient à la charge pour aller taquiner son ami Mark Holcomb, échangeant leurs mains sur leurs manches respectif, sabotant allègrement la rythmique de la chanson dans un grand éclat de rire des deux guitaristes. Mark lui aussi, dans un style plus discret, n’est pas en reste pour nous faire rire. Dans son coin de scène, tranquillement, il s’assoit en bordure de scène sur une enceinte de retour et demande qu’on lui fasse du vent car il crève de chaud. Dernier exemple (parmi des dizaines d’autres, mais il faut bien choisir, de peur de faire un article de 8 pages sur les gaffes du groupe), le décrochage de micro de Spencer vers la fin du show. Celui continue à chanter alors que le micro est débranché à sa base. Une fois le souci identifié, il essaye sans succès de le ré-emboîter, en échouant systématiquement, ce qui déclenche sa propre hilarité, communicative, et son incrédulité matérialisée par ses grimaces.

Bref, revenons-en à nos moutons avec le pseudo départ du groupe qui, 5 minutes à peine après revient sur scène pour nous interpréter "Killing In The Name"  de Rage Against The Machine. Ce morceau, bien que totalement hors sujet du style du groupe, reste un titre incontournable de la culture metal et fait évidemment son effet dans la foule. Spencer en profite, à juste titre, pour faire chanter le pit sur le refrain du hit. Pour conclure l’épisode, le groupe se lance dans "Racecar", morceau fleuve du premier album. Choix contestable me semble-t-il car ce titre, moins connu que les autres, au lieu de déclencher "l’hystérie du dernier morceau", a tendance à endormir tout le monde. Une fois sa partie chant bouclée, Mister Sotelo se casse comme un voleur et laisse ses 5 copains se débrouiller durant une bonne minute pour conclure ce concert. Bizarre et un peu injuste à mon sens qu’il ne soit pas revenu à la fin du titre pour saluer son public comme ont pu le faire ses potes.

En conclusion, ce concert a été épique au niveau de l’ambiance et de l’énergie, une véritable leçon de technique de la part des trois groupes, malgré les quelques faiblesses de Spencer Sotelo qui nous avait habitués à bien mieux, notamment lors du concert avec Between The Buried And Me (bizarre qu’il "cale" sur certaines parties pourtant facile en chant clair alors qu’il gère avec brio des parties ultra techniques, enfin bon…). Nul doute qu’au prochain passage du boysband avec des premières parties de qualité, la salle soit de taille plus conséquente si le promoteur ne se fait pas pipi dessus.

Setlist  : "Ragnarok", "Scarlet""Jetpack Was Yet", "Luck As A Constant""Have A Blast""Facepalm Mute", "Make Total Destroy", "Icarus Lives !" , "Killing In The Name" (RATM cover), "Racecar".

Photos tirées de : www.byclown.com