La review

PERSEFONE + ODDLAND + DEFECTO
Le Petit Bain - Paris
31/03/18


Review rédigée par Matthieu


Par le temps grisonnant du dernier jour du mois de Mars, nous nous hâtons au Petit Bain. Le fameux bateau accueille ce soir PERSEFONE, ODDLAND et DEFECTO. Si c’est la tête d’affiche qui m’a convaincu de venir, je ne connais absolument pas les premières parties. Espérons que la surprise soit bonne !



Ayant quelques affaires urgentes à régler, j’entre pile après la montée sur scène de DEFECTO, dans une salle malheureusement presque vide. A vue d’oeil, il n’y a même pas cent personnes dans le bateau, mais les Danois ne se démontent pas et envoient des riffs prog plutôt lourds et bien construits. Si vous me suivez depuis quelques temps déjà, vous connaissez mon aversion pour le metal progressif, mais le chant clair de Nicklas Sonne (chant / guitare) est assez convaincant. De leur côté, Thomas Bartholin (basse) et Frederik Duus Møller (guitare) soutiennent une rythmique motivante, mais qui part parfois en de longs solos, chose qui a tendance à laisser le public très statique. Derrière ses fûts, Henrik Been (batterie) frappe consciencieusement ses toms, aidé par les samples d’ambiance. Les musiciens jouent entre eux, le chanteur tente quelques blagues ("Paris vous êtes la ? Oh, ça crie puis plus rien, haha…", "Allez, prenez quelques médiators ! Mais approchez vous bordel !"), la bonne humeur les accompagne ! Côté compositions, on reste sur des riffs réfléchis, des harmoniques qui durent puis qui partent en solos, laissant le guitariste qui l’exécute en avant, ainsi que quelques rares screams qui surprennent de la part des musiciens. Sur le dernier titre, les musiciens montent sur les strapontins qui sont placés sur le devant de la scène, et un peu de fumée sort du sol, de manière très théâtrale. Pas tout à fait convaincu par DEFECTO, mais je pense qu’ils ont de l’avenir !



Après une petite bière bien méritée, et un changement de plateau plutôt rapide, les Finlandais d'ODDLAND prennent possession de la scène. Malheureusement pour eux, la fosse n’est pas vraiment plus remplie que pour le groupe précédent. Leurs riffs nous percutent de plein fouet, et leurs rythmiques extrêmement lourdes contrastent avec des passages atmosphériques planants. Au niveau du chant, Sakari Ojanen (guitare / chant) a des airs de Tom Englund (Evergrey), tandis que Joni Palmorth (basse) emprunte un peu de son jeu de scène à Flea (Red Hot Chili Peppers). Les quatre musiciens sont excellents, et Jussi Poikonen (guitare) ne semble pas avoir besoin de voir quoi que ce soit, puisque ses nombreux headbangs placent en permanence son imposante chevelure devant son visage, mais il aligne ses harmoniques dissonantes avec une précision impressionnante. Si les compositions durent souvent grâce au triple chant et aux solos repris en duo, Ville Viitanen (batterie) nous gratifie d’un jeu très technique qui colle à merveille au son du groupe. Pourtant un peu en retrait par rapport à ses camarades, Joni alterne entre tapping, slap et jeu au doigt d’une perfection sans pareil sur une basse à cinq cordes fretless qui donne un son d’une pureté magistrale. Les autres musiciens garnissent leurs parties lead de beaucoup de tapping, et le public entre peu à peu dans l’univers complexe qui s’étale devant nous. Sur la fin, les musiciens grattent leurs cordes au niveau de la tête de leur instrument, et le son qui en ressort est à la fois planant mais effrayant, avant d’enchaîner avec une autre de leurs compositions. Une très belle découverte !

Setlist : "Above And Beyond", "Esotericism", "Eyes", "Skylines", "Sewers", "In Endless Endeavours", "Ire", "Will".



Viennent maintenant les maîtres de la soirée. Les techniciens avancent le clavier, et quelques minutes plus tard à peine, les lumières s’éteignent avec l’arrivée du sample introductif. Les musiciens entrent en scène et se tiennent devant nous, observant la fosse qui s’est d’un seul coup repeuplée. Les Andorrans débutent alors leur premier titre, et c’est déjà la folie en plein milieu du pit. Quelques spectateurs sont visiblement venus pour en découdre, et les riffs saccadés sont une parfaite bande-son pour eux.
Carlos Lozano Quintanilla "Rüdiger" et Filipe Baldaia (guitares) sortent des harmoniques incroyables, sous la rythmique puissante délivrée par Toni Mestre Coy "Fragment Of Silence" (basse) et Sergi Verdeguer (batterie), pendant que Miguel Espinosa "Iawr" (clavier / chant) tente d’adoucir le tout avec ses nappes de clavier. Soudain, Marc Martins Pia (chant) arrive et commence à hurler. Son charisme attire tous les regards, et l’homme n’hésite pas à se plier en deux, voir à s'allonger à moitié sur le strapontin pour hurler au plus près du public. Le son est excellent, mais la batterie semble avoir un souci, vu qu’un technicien s’affaire sur l’instrument, mais à part sa présence, les spectateurs ne remarquent absolument rien. Malheureusement, Miguel Espinosa reste dans l’ombre derrière son clavier, même lorsque son chant clair vient faire planer spectateurs et membres du groupe. Marc tente de nous parler un peu en français, langue qu’il maîtrise plutôt bien, puis saisit un drapeau de l’Andorre tendu par l’un des spectateurs, et joue un peu avec, avant d’aider les premiers slammeurs à se réceptionner correctement sur scène. Les lumières sont également excellentes, mettant en valeur quiconque s’avance sur le devant de la scène, et le public se calme parfois lors des parties atmopshériques qui nous épargnent de stroboscopes. Avant de débuter "Living Waves", Marc nous informe que ce titre fait partie de ses préférés, et que Paul Masvidal (Cynic, ex-Death) chante dessus. Il n’en faut pas moins pour réanimer une fosse entière qui ne remplit cependant même pas la moitié du bateau. Le chanteur n’hésite pas à motiver la foule pendant et entre les morceaux, jouant parfois avec le public ou avec ses musiciens. Le spectateur au drapeau viendra d’ailleurs le récupérer sur scène avec un slam, alors que les musiciens partent dans de longs solos en binôme, avec une utilisation de nombre de pédales pour un son toujours plus riche. Soudain, la violence augmente d’un cran et le circle pit s’agrandit pendant que le chanteur retire son t shirt au vu de la chaleur du moment. Toujours très complices, les musiciens haranguent la fosse et jouent entre eux lors de grandes parties instrumentales qui durent, mais la qualité est au rendez-vous, alors que Marc se laisse tomber dans la foule pour un petit slam avant de revenir sur scène. Juste avant le dernier titre, il tentera de remercier le public, l’organisation et les autres groupes en français, mais il termine finalement en anglais en récupérant un drapeau français avec le logo du groupe, qu’il installe tant bien que mal sur la batterie. C’est un final grandiose, avec des poignées de mains par dizaines auquel nous assistons, et les sourires sont sur toutes les lèvres.

Setlist : Aathma: Part I. Universal Oneness", "No Faced Mindless", "Spiritual Migration", "Living Waves", Cosmic Walkers", "In Lak'Ech", "Stillness Is Timeless", "An Infinitesimal Spark", "One Of Many…", "Prison Skin", "Flying Sea Dragons", "Mind As Universe", "Aathma: Part II. Spiritual Bliss", "Aathma: Part III. One With The Light", "Aathma: Part IV. ...Many Of One" (sur bande).

Si la soirée a commencé en demi-teinte avec un DEFECTO un peu trop longuet, ODDLAND m’a réconcilié avec le metal progressif, et PERSEFONE m’a achevé avec des mélodies magistrales. Malheureusement, on déplorera l’absence de titres issus de leurs premiers albums, mais je ne désespère pas de revoir le groupe une prochaine fois !