PRIMORDIAL + MOONSORROW + DER WEG EINER FREIHEIT
Le Trabendo - Paris
14/04/18
Review rédigée par Matthieu
Après être resté bloqué dans mon lit toute la matinée à cause d’une douleur due au show de
la veille, je me rends tant bien que mal au Trabendo. Pourquoi telle folie me direz-vous ?
Tout bonnement parce que PRIMORDIAL va y donner ce soir un rituel, accompagné de
MOONSORROW, que je n’ai jamais réellement écouté, ainsi que de DER WEG EINER FREIHEIT,
un groupe qui m’avait subjugué l’an passé. Le concert affiche sold out, alors ne tardons pas
trop à entrer dans le pit photo…
Nous ne sommes que quatre photographes à être présents devant les crash barrières pour
l’entrée en scène de DER WEG EINER FREIHEIT après une "Sonate Au Clair De Lune" jouée sur
bande. Les musiciens entrent alors en scène. Si les lumières restent assez sombres, il est
aisé de distinguer Nico Ziska (basse) et Nicolas Rausch (guitare) chacun de leur côté,
mais Tobias Schuler (batterie) reste plongé dans l’obscurité. Derrière son pied de micro en
acier forgé du logo du dernier album, Nikita Kamprad (chant / guitare) headbangue déjà en
alignant ses parties lead avant de s’avancer au bord de la scène pour tendre sa guitare au
dessus de la foule. Les compositions très atmosphériques du groupe sont malheureusement
un peu effacées à cause de la basse et des cymbales qui, à cause de mauvais réglages,
sont trop proéminentes par rapport aux autres instruments. Sur quelques passages, je
retrouve le groupe qui m’avait tant séduit au Petit Bain, fin 2017, mais il est difficile de
ressentir la même intensité. Les musiciens se donnent beaucoup sur scène, en bougeant et
headbanguant, et le public apprécie silencieusement. Les titres s’enchaînent, et c’est un
Trabendo quasi complet qui n’ose bouger, se contentant de headbanguer au rythme du
blast beat, provoquant des lumières éblouissantes. Si le groupe est assez peu communicatif,
la pression se ressent aisément autour de la fosse, mais il me manque quelque chose. Cette
petite étincelle qui m’avait envoûté. Je n’arrive pas à me laisser pénétrer entièrement par la
musique, et si la voix de Nikita, qu’elle soit hurlée ou claire, est toujours aussi excellente, j’ai
du mal à rentrer pleinement dans le show. Après le dernier titre, le groupe remercie le public,
puis quitte la scène.
Setlist : "Einkehr", "Skepsis, Part I", "Zeichen", "Requiem", "Aufbruch".
Le changement de set s’effectue sur une bande son avec quelques voix dans une langue
que je n’identifie pas, me faisant penser à une sorte de documentaire de survie en milieu
hostile dans les contrées finnoises. Bon, c’est MOONSORROW. Les musiciens entrent
finalement en scène avec du faux sang sur le visage, et je reconnais quelques têtes
familières comme Janne Perttilä (guitare / chant) et Marko Tarvonen (batterie) que j’avais
vu avec Barren Earth. Markus Eurén se place derrière son clavier, Mitja Harvilahti
(guitare / chant) de son côté et enfin Ville Sorvali (basse / chant) au centre, et le groupe
entame son set.
Mis à part les lumières, qui pour moi ne correspondent pas du tout à
l’univers du quintette, leur musique, qui frôle à la fois le folk metal grâce aux claviers, le black
metal grâce au chant et à la rythmiques, ainsi que le heavy metal grâce au reste me passe
totalement au-dessus de la tête. Si certains éléments pourraient être intéressants s’ils
étaient isolés de la masse, le tout semble trop brouillon et chargé. Derrière nous, le public se
déchaîne, et je reconnais que le son de la basse (une ESP E-II BTL 5 que je reconnais
immédiatement) est excellent, lorsqu’il est audible. Car en effet, les problèmes de son
s’enchaînent. Peu importe où l’on soit dans la salle, les guitares et la basse auront tour à
tour des soucis de son. Heureusement pour MOONSORROW, le clavier parvient à faire son
travail sans trop d’accrocs. "Vous vous amusez ?" demande Ville, "On va ralentir un peu
alors !", et le groupe entame une “ballade” qui est un peu plus folk, mais qui m’ennuie
terriblement. Les musiciens ne sont presque plus éclairés, même lorsqu’ils entament des
solos, le son se gâte de plus en plus, mais le public semble toujours autant accrocher à la
musique des Finlandais. Je remarque cependant, grâce à une lumière bien positionnée, que
Marko chante en même temps que Ville, avec un micro casque… du coup, à qui est cette
voix que je ne parviens pas à apprécier ? Le concert se poursuit, avec des fans toujours plus
enjoués du show d’un groupe qu’ils adulent, ils frappent dans leurs mains, dansent à moitié,
headbanguent, tentent un petit pit… Ville prend alors la parole avant le dernier morceau :
"J'espère que vous passez un aussi bon moment avec nous que nous avec vous, on a le
temps pour encore un titre ! En fait on a 15 minutes, c'est un titre qui parle du fait que tout le
monde va mourir ! Vous êtes prêts à mourir ?", et le public en redemande. A la fin de leur
(très long) set, Ville s’assied sur la barrière pour jouer ses dernières notes. Un show qui a
ravi les fans mais qui ne m’a absolument pas convaincu, bien au contraire.
Setlist : "Pimeä", "Ruttolehto Incl. Päivättömän päivän kansa", "Suden Tunti", "Kivenkantaja", "Mimisbrunn", "Kuolleiden Maa".
Le changement de set est accompagné par une musique aux influences celtiques. Les
musiciens de PRIMORDIAL viennent un par un essayer leurs instruments. Les lumières
s’éteignent, et la fosse entière hurle de bonheur. PRIMORDIAL arrive.
Micheál O'Floinn
(guitare) s’installe de son côté de la scène, pendant que Ciáran MacUiliam (guitare) et Pól
MacAmlaigh (basse) se placent à l’opposé. Simon O'Laoghaire (batterie) se positionne
derrière ses fûts, et Alan Averill “Namtheanga” entre en furie depuis les coulisses. Le
chanteur est le seul maquillé, mais il est loin d’être le seul à être possédé. Le public réagit
parfaitement aux riffs atmosphériques que le groupe distille devant nous, mais sur scène
c’est le même constat : les musiciens headbanguent en jouant, Nemtheanga est comme
possédé par sa musique en nous hurlant les paroles avec une voix tellement expressive
qu’elle réveillerait une gargouille. Les lumières sont plutôt claires, bien que la fumée emplit
les lieux, rendant hommage à l’atmosphère voulue par le groupe. Si les musiciens ne font
qu’headbanguer, le frontman n’est pas avare en grimaces, signes occultes et autres
sollicitations. Il regarde souvent les premiers rangs avec des yeux injectés de sang, qui
témoignent de l’intensité du show. L’homme n’hésitera pas à poser un pied sur la crash
barrière tout en chantant, pour se mettre au plus près de la foule, qui contemple le show de
manière religieuse. Cependant, un spectateur ose troubler le calme qu’impose le groupe en
commençant à slammer, mais il sera bien vite arrêté par les premiers rangs. Nemtheanga
s’offre le luxe d’introduire chaque morceau en expliquant son histoire au public, et chacune
de ses phrases est bue par l’ensemble du Trabendo au grand complet, qui hurle à l’annonce
du titre. Le chanteur, dont le charisme est à la hauteur de sa voix exceptionnelle qui peut
transmettre tellement d’émotions à la fois, se plaît à poser avec un regard sadique, avec un
pied sur la barrière, ou en faisant participer le public. Un slammeur vient rapidement
inquiéter les premiers rangs, puis un deuxième, mais ils sont rapidement repoussés. Si
Nemtheanga prend la peine de serrer quelques mains au premier rang et de pointer du
doigt les personnes les plus lointaines, il ne perd absolument rien de son immense
charisme, et les musiciens semblent d’un coup plus investis. Mais mon dos m’oblige à
reculer, et à m’asseoir dans les marches du Trabendo pour continuer de profiter du son.
Visiblement, les slammeurs ne s’arrêtent pas, et si l’un d’eux termine assez mal sa course,
un autre parvient à grimper sur scène, mais celui-ci est gentiment reconduit par le chanteur,
qui n’hésite pas par la suite à jouer avec son pied de micro, que ce soit avec une jambe sur
les retours ou non.
Le concert suit son cours, avec quelques slams, quelques spectateurs
qui se poussent joyeusement, mais le véritable show se passe sur scène, et c’est avec joie
et dépit que le dernier titre est accueilli. Joie, car il est exceptionnel, mais dépit car une
heure et demie, c’est trop peu pour PRIMORDIAL. Le public accueille leurs dernières notes à
bras ouverts, et les acclame à gorge déployée pour le final.
Setlist : "Nail Their Tongues", "Gods to the Godless", "Exile Amongst the Ruins", "No Grave
Deep Enough", "To Hell or the Hangman", "As Rome Burns", "Stolen Years", "Traitors Gate", "Upon Our Spiritual Deathbed", "The Coffin Ships", "Empire Falls".
C’était une expérience. Si DER WEGE INER FREIHEIT m’a quand même un peu déçu,
MOONSORROW, dont je n'attendais rien, n’a rien apporté à la soirée selon moi. PRIMORDIAL, par
contre, a délivré une performance dantesque qui restera dans les annales. La proximité
avec le public permet d’élever l’intensité du concert, bien plus qu’en festival, où leurs concerts
sont déjà exceptionnels. Je rentre dès les derniers riffs finis, mais je me promets
intérieurement de revenir, et je l’espère en meilleure forme.